Son visage juvénile est devenu un symbole. En septembre 2022, l’étudiante de 22 ans Mahsa Amini est arrêtée par la police pour port du voile incorrect. Elle meurt trois jours après dans des conditions troubles. Une partie de la population estime qu’elle a été victime de violences policières et l’annonce de son décès allume le feu d’une contestation sans précédent en Iran.
Des manifestations enflamment d’abord le Kurdistan iranien, d'où est originaire la jeune femme, avant de se propager rapidement dans tout le pays. Sous l’impulsion des jeunes et des femmes, la colère se déchaîne à la fois dans les rues des grandes villes et dans les régions plus isolées. Très vite, les manifestants ne ciblent plus seulement le port obligatoire du voile mais demandent la fin du régime, au rythme de slogans comme « Femme, vie, liberté », de la chanson « Barayé » de Shervin Hajipour, et d’une grande diversité d’actions.
Sous la pression d’une mobilisation qui s’éternise, le régime vacille mais ne plie pas. La répression est impitoyable. Des centaines de personnes sont tuées par les forces de l’ordre, des dizaines de milliers d’autres arrêtées ou contraintes à l’exil. Les ONG font état de tortures généralisées, de viols de détenus, de menaces et de harcèlements permanents. L’appareil sécuritaire maintient une pression constante et le pouvoir judiciaire multiplie les condamnations et les exécutions.
Culture de la désobéissance
Les autorités étouffent progressivement le mouvement, qui manque de leadership, de programme et de méthode. Les manifestations finissent par s’essouffler au printemps 2023, mais « quelque chose a changé dans la société », analyse Jonathan Piron, spécialiste de l'Iran à l'Institut Etopia, basé en Belgique. « Une dynamique sociale, culturelle qui imprègne la population. » Certes, le mouvement a échoué à faire tomber le régime comme il le souhaitait, mais son impact est bien réel et « toujours présent », estime le chercheur.
« Au-delà de sa victoire ou non, de son ascension et de sa chute, ce mouvement a provoqué une révolution », confirme l’historien Touraj Atabaki, professeur émérite à l’université de Leiden, aux Pays-Bas. Une révolution « anticléricale » et « culturelle » qui a « donné le pouvoir au peuple et à une nouvelle génération » et qui a mis en lumière « la diversité, la complexité et la solidarité de la société iranienne ». Une société qui a « expérimenté une nouvelle culture : la culture de la désobéissance et de la non-violence face à l’incroyable brutalité du régime », avance ce spécialiste des mouvements sociaux.
Une culture « toujours à l’œuvre » aujourd’hui, qui se manifeste par des graffitis contestataires sur les murs, des messages de mécontentement sur les réseaux sociaux et surtout par des actes de désobéissance civile dans la vie de tous les jours. À Téhéran mais aussi dans d’autres villes du Kurdistan, d'Ispahan ou du nord comme du sud, notamment au Balouchistan, les femmes descendent dans la rue sans hijab, se filment et publient les vidéos sur internet alors qu’elles encourent des risques énormes.
Des manifestations enflamment d’abord le Kurdistan iranien, d'où est originaire la jeune femme, avant de se propager rapidement dans tout le pays. Sous l’impulsion des jeunes et des femmes, la colère se déchaîne à la fois dans les rues des grandes villes et dans les régions plus isolées. Très vite, les manifestants ne ciblent plus seulement le port obligatoire du voile mais demandent la fin du régime, au rythme de slogans comme « Femme, vie, liberté », de la chanson « Barayé » de Shervin Hajipour, et d’une grande diversité d’actions.
Sous la pression d’une mobilisation qui s’éternise, le régime vacille mais ne plie pas. La répression est impitoyable. Des centaines de personnes sont tuées par les forces de l’ordre, des dizaines de milliers d’autres arrêtées ou contraintes à l’exil. Les ONG font état de tortures généralisées, de viols de détenus, de menaces et de harcèlements permanents. L’appareil sécuritaire maintient une pression constante et le pouvoir judiciaire multiplie les condamnations et les exécutions.
Culture de la désobéissance
Les autorités étouffent progressivement le mouvement, qui manque de leadership, de programme et de méthode. Les manifestations finissent par s’essouffler au printemps 2023, mais « quelque chose a changé dans la société », analyse Jonathan Piron, spécialiste de l'Iran à l'Institut Etopia, basé en Belgique. « Une dynamique sociale, culturelle qui imprègne la population. » Certes, le mouvement a échoué à faire tomber le régime comme il le souhaitait, mais son impact est bien réel et « toujours présent », estime le chercheur.
« Au-delà de sa victoire ou non, de son ascension et de sa chute, ce mouvement a provoqué une révolution », confirme l’historien Touraj Atabaki, professeur émérite à l’université de Leiden, aux Pays-Bas. Une révolution « anticléricale » et « culturelle » qui a « donné le pouvoir au peuple et à une nouvelle génération » et qui a mis en lumière « la diversité, la complexité et la solidarité de la société iranienne ». Une société qui a « expérimenté une nouvelle culture : la culture de la désobéissance et de la non-violence face à l’incroyable brutalité du régime », avance ce spécialiste des mouvements sociaux.
Une culture « toujours à l’œuvre » aujourd’hui, qui se manifeste par des graffitis contestataires sur les murs, des messages de mécontentement sur les réseaux sociaux et surtout par des actes de désobéissance civile dans la vie de tous les jours. À Téhéran mais aussi dans d’autres villes du Kurdistan, d'Ispahan ou du nord comme du sud, notamment au Balouchistan, les femmes descendent dans la rue sans hijab, se filment et publient les vidéos sur internet alors qu’elles encourent des risques énormes.
Culture de la désobéissance
Les autorités étouffent progressivement le mouvement, qui manque de leadership, de programme et de méthode. Les manifestations finissent par s’essouffler au printemps 2023, mais « quelque chose a changé dans la société », analyse Jonathan Piron, spécialiste de l'Iran à l'Institut Etopia, basé en Belgique. « Une dynamique sociale, culturelle qui imprègne la population. » Certes, le mouvement a échoué à faire tomber le régime comme il le souhaitait, mais son impact est bien réel et « toujours présent », estime le chercheur.
« Au-delà de sa victoire ou non, de son ascension et de sa chute, ce mouvement a provoqué une révolution », confirme l’historien Touraj Atabaki, professeur émérite à l’université de Leiden, aux Pays-Bas. Une révolution « anticléricale » et « culturelle » qui a « donné le pouvoir au peuple et à une nouvelle génération » et qui a mis en lumière « la diversité, la complexité et la solidarité de la société iranienne ». Une société qui a « expérimenté une nouvelle culture : la culture de la désobéissance et de la non-violence face à l’incroyable brutalité du régime », avance ce spécialiste des mouvements sociaux.
Une culture « toujours à l’œuvre » aujourd’hui, qui se manifeste par des graffitis contestataires sur les murs, des messages de mécontentement sur les réseaux sociaux et surtout par des actes de désobéissance civile dans la vie de tous les jours. À Téhéran mais aussi dans d’autres villes du Kurdistan, d'Ispahan ou du nord comme du sud, notamment au Balouchistan, les femmes descendent dans la rue sans hijab, se filment et publient les vidéos sur internet alors qu’elles encourent des risques énormes.
Les autorités étouffent progressivement le mouvement, qui manque de leadership, de programme et de méthode. Les manifestations finissent par s’essouffler au printemps 2023, mais « quelque chose a changé dans la société », analyse Jonathan Piron, spécialiste de l'Iran à l'Institut Etopia, basé en Belgique. « Une dynamique sociale, culturelle qui imprègne la population. » Certes, le mouvement a échoué à faire tomber le régime comme il le souhaitait, mais son impact est bien réel et « toujours présent », estime le chercheur.
« Au-delà de sa victoire ou non, de son ascension et de sa chute, ce mouvement a provoqué une révolution », confirme l’historien Touraj Atabaki, professeur émérite à l’université de Leiden, aux Pays-Bas. Une révolution « anticléricale » et « culturelle » qui a « donné le pouvoir au peuple et à une nouvelle génération » et qui a mis en lumière « la diversité, la complexité et la solidarité de la société iranienne ». Une société qui a « expérimenté une nouvelle culture : la culture de la désobéissance et de la non-violence face à l’incroyable brutalité du régime », avance ce spécialiste des mouvements sociaux.
Une culture « toujours à l’œuvre » aujourd’hui, qui se manifeste par des graffitis contestataires sur les murs, des messages de mécontentement sur les réseaux sociaux et surtout par des actes de désobéissance civile dans la vie de tous les jours. À Téhéran mais aussi dans d’autres villes du Kurdistan, d'Ispahan ou du nord comme du sud, notamment au Balouchistan, les femmes descendent dans la rue sans hijab, se filment et publient les vidéos sur internet alors qu’elles encourent des risques énormes.
Dans un documentaire diffusé sur Arte, l’actrice Golshifteh Farahani estime que « le peuple a encore peur, mais la rage est plus forte, et elle a changé de forme. Avant, les gens sortaient dans la rue pour l’exprimer. Aujourd’hui, ils portent le combat en eux. C’est quelque chose de viscéral, et ça se traduit par la désobéissance civile. Ils humilient le pouvoir ». Autant de pieds de nez aux autorités et de preuves que la contestation continue sous d’autres formes.
« Révolution des consciences »
Deux ans après, « il n’y a plus de rassemblements dans la rue, mais l’esprit de mobilisation perdure et se réinvente », analyse le chercheur Jonathan Piron, qui voit dans ce mouvement « une forme de révolution culturelle, un nouvel état d’esprit qui existe sous la contrainte, mais qui existe » et qui a sans doute amorcé plusieurs changements, notamment « dans le regard des hommes sur les femmes, sur les questions d’égalité ou dans la fracture avec le régime ».
Pour Azadeh Thiriez-Arjangi, chercheuse-enseignante et vice-présidente du conseil scientifique du Fonds Ricœur, il s’agit d’une « révolution des consciences » qui a provoqué « une libération de la parole », une forme de « maturité dans l’opposition » et « l'expression d’un patriotisme iranien » en rupture complète avec le pouvoir. « Les manifestants disaient : "La République islamique n’est pas l’Iran, nous sommes l’Iran", le régime étant vu comme un envahisseur. »
L’enseignante estime aussi que les manifestations ont marqué « la fin de la naïveté pour toute la diaspora », poussant ses membres à être plus vigilants vis-à-vis de l’influence du régime iranien à l’étranger. Et elles ont engendré « plein de porte-parole et défenseurs du mouvement partout dans le monde ». Or, la diaspora a « joué un rôle important dans ce mouvement, par son soutien, par son émotion et sa radicalité », souligne le professeur Touraj Atabaki, de l’université de Leiden. Des mobilisations d’envergure se sont tenues un peu partout dans le monde pendant des mois, une première « dans l’histoire de la diaspora à l’échelle mondiale ».
« Révolution des consciences »
Deux ans après, « il n’y a plus de rassemblements dans la rue, mais l’esprit de mobilisation perdure et se réinvente », analyse le chercheur Jonathan Piron, qui voit dans ce mouvement « une forme de révolution culturelle, un nouvel état d’esprit qui existe sous la contrainte, mais qui existe » et qui a sans doute amorcé plusieurs changements, notamment « dans le regard des hommes sur les femmes, sur les questions d’égalité ou dans la fracture avec le régime ».
Pour Azadeh Thiriez-Arjangi, chercheuse-enseignante et vice-présidente du conseil scientifique du Fonds Ricœur, il s’agit d’une « révolution des consciences » qui a provoqué « une libération de la parole », une forme de « maturité dans l’opposition » et « l'expression d’un patriotisme iranien » en rupture complète avec le pouvoir. « Les manifestants disaient : "La République islamique n’est pas l’Iran, nous sommes l’Iran", le régime étant vu comme un envahisseur. »
L’enseignante estime aussi que les manifestations ont marqué « la fin de la naïveté pour toute la diaspora », poussant ses membres à être plus vigilants vis-à-vis de l’influence du régime iranien à l’étranger. Et elles ont engendré « plein de porte-parole et défenseurs du mouvement partout dans le monde ». Or, la diaspora a « joué un rôle important dans ce mouvement, par son soutien, par son émotion et sa radicalité », souligne le professeur Touraj Atabaki, de l’université de Leiden. Des mobilisations d’envergure se sont tenues un peu partout dans le monde pendant des mois, une première « dans l’histoire de la diaspora à l’échelle mondiale ».
Pour ces raisons, le mouvement « Femme, vie, liberté » constitue un « tournant » dans l’histoire moderne de l’Iran, selon les observateurs. Ne serait-ce que par ses revendications : « C'est la première fois qu'à l'intérieur du pays, les Iraniens réclamaient ouvertement et massivement la fin de la République islamique, insultant même le guide suprême, rappelle la philosophe Azadeh Thiriez-Arjangi. Ils n’avaient jamais osé exprimer leur haine et leur désarroi de manière si claire. » Une radicalité sans précédent à laquelle le pouvoir doit désormais faire face malgré lui.
Certes, le nouveau président – considéré comme un « réformateur » – a promis de desserrer un peu l’étau, mais ces promesses sont-elles sérieuses, et « le guide suprême et les Gardiens de la Révolution le laisseront-ils faire ? », s’interroge Jonathan Piron, de l’Institut Etopia. Et quand bien même, « les jeunes n’attendent plus rien du régime, ils ne pensent pas que le système puisse se transformer ». Comme en témoigne le taux d’abstention à l’élection présidentielle de juillet dernier.
Le paysage politique laisse peu de choix. Il n’y a « aucune structure politique qui représente de véritable alternative au régime, avec une base militante qui occupe le terrain et un programme clair », analyse le chercheur de l’Institut Etopia. Ce dont a manqué le mouvement, qui n'avait pas non plus de « vision et de charte », estime l’historien Touraj Atabaki. « Où aller, que faire ? Vous voulez la liberté, d'accord. Vous voulez un changement de régime, d'accord. Mais comment et avec quoi allez-vous le remplacer ? », questionne le chercheur, qui pointe aussi le retard avec lequel l’opposition a pris la mesure de ce qu'il se passait.
Processus révolutionnaire
Face à la répression, un champ politique sinistré et un contexte économique difficile, les perspectives semblent bien sombres. Si la chute du régime réclamée par les manifestants n’est sans doute pas pour demain, le mouvement « Femme, vie, liberté » a néanmoins amorcé un changement profond qui s’inscrit dans la longueur. Cela « a changé le cours de l’histoire et va donner beaucoup à réfléchir aux jeunes générations, ça fait partie d’un long processus révolutionnaire », souligne la vice-présidente du conseil scientifique du Fonds Ricœur, Azadeh Thiriez-Arjangi.
Le mouvement « est entré dans un long tunnel », résume l’historien Touraj Atabaki. « Il marche toujours avec un certain degré de passivité dans ce long, très long tunnel. Nous ne savons pas ce qui va se passer au bout de ce tunnel, mais le mouvement ne s'est pas éteint. Il se détourne de la rue pour se tourner vers la désobéissance sociale ou politique. » Et ce spécialiste des mouvements sociaux insiste : « L'Iran de l'après-Mahsa n'est pas l'Iran de l'avant-Mahsa. »
Certes, le nouveau président – considéré comme un « réformateur » – a promis de desserrer un peu l’étau, mais ces promesses sont-elles sérieuses, et « le guide suprême et les Gardiens de la Révolution le laisseront-ils faire ? », s’interroge Jonathan Piron, de l’Institut Etopia. Et quand bien même, « les jeunes n’attendent plus rien du régime, ils ne pensent pas que le système puisse se transformer ». Comme en témoigne le taux d’abstention à l’élection présidentielle de juillet dernier.
Le paysage politique laisse peu de choix. Il n’y a « aucune structure politique qui représente de véritable alternative au régime, avec une base militante qui occupe le terrain et un programme clair », analyse le chercheur de l’Institut Etopia. Ce dont a manqué le mouvement, qui n'avait pas non plus de « vision et de charte », estime l’historien Touraj Atabaki. « Où aller, que faire ? Vous voulez la liberté, d'accord. Vous voulez un changement de régime, d'accord. Mais comment et avec quoi allez-vous le remplacer ? », questionne le chercheur, qui pointe aussi le retard avec lequel l’opposition a pris la mesure de ce qu'il se passait.
Processus révolutionnaire
Face à la répression, un champ politique sinistré et un contexte économique difficile, les perspectives semblent bien sombres. Si la chute du régime réclamée par les manifestants n’est sans doute pas pour demain, le mouvement « Femme, vie, liberté » a néanmoins amorcé un changement profond qui s’inscrit dans la longueur. Cela « a changé le cours de l’histoire et va donner beaucoup à réfléchir aux jeunes générations, ça fait partie d’un long processus révolutionnaire », souligne la vice-présidente du conseil scientifique du Fonds Ricœur, Azadeh Thiriez-Arjangi.
Le mouvement « est entré dans un long tunnel », résume l’historien Touraj Atabaki. « Il marche toujours avec un certain degré de passivité dans ce long, très long tunnel. Nous ne savons pas ce qui va se passer au bout de ce tunnel, mais le mouvement ne s'est pas éteint. Il se détourne de la rue pour se tourner vers la désobéissance sociale ou politique. » Et ce spécialiste des mouvements sociaux insiste : « L'Iran de l'après-Mahsa n'est pas l'Iran de l'avant-Mahsa. »
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