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L'exception comorienne dans les transferts d'argent pendant la crise du coronavirus

Alors que la Banque mondiale prévoit une baisse de 23 % des transferts d’argent vers l’Afrique, les Comores semblent tirer leur épingle du jeu de belle manière. Mais ce bon départ pourrait n’être qu’un leurre.



L'exception comorienne dans les transferts d'argent pendant la crise du coronavirus
Selon la Banque centrale comorienne, les transferts d'argent de la diaspora se sont élevés à 74 millions d'euros sur les cinq premiers mois de l'année, contre 56 millions d'euros l'an dernier. Une hausse d'un tiers en pleine période de pandémie, que le gouverneur de la Banque centrale attribue à la « solidarité traditionnelle » des Comoriens.
 
À quelques kilomètres de Moroni, Mohamed supervise la construction d’une maison pour sa famille qui vit en France. Selon lui, la forte affluence dans les agences les a rendues dysfonctionnelles.
 
« Avant, je recevais l’argent de la main à la main par un voyageur. Mais là avec la crise du coronavirus, ils ont été obligés de m’en transférer chaque semaine. Ils ont subi la crise eux aussi, mais se sont serré la ceinture pour continuer d’envoyer pour que les travaux se poursuivent », explique Mohamed, avant d’ajouter : « Pendant le mois de ramadan, c’est devenu compliqué : tu pouvais mettre une semaine ou deux pour retirer les fonds parce que les agences n’avaient pas assez d’argent. Trop de monde pas assez de liquidités dans les caisses. »
 
« Au cœur de la crise, on a vraiment reçu de l’argent »
 
La Fondation Air Darassa, qui aide les plus démunis tout au long de l’année grâce à des dons de la diaspora, a eu fort à faire durant cette crise de Covid-19. Et il a aussi fallu ruser pour accéder aux guichets, confirme Halilou Ben Ahmed, l’un de ses membres.
 
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« On reçoit tout par transferts. Mais là pendant ce coronavirus, il fallait y aller à 7h du matin pour espérer en sortir à 14h ou avoir un ami qui prenne un ticket pour toi. Nos transferts pendant le coronavirus ont augmenté. Au cœur de la crise, on a vraiment reçu de l’argent. On a pu aller dans les villes et villages aider les gens, surtout en priorité ceux qui n’arrivaient pas à se nourrir au quotidien. On leur a livré du riz ou donné de l’argent », soutient Halilou Ben Ahmed.
 
Argent recyclé et réinjecté
 
Si les Comores semblent faire exception en Afrique, Attoumane Boina Issa, économiste national au Programme des Nations unies pour le développement, nuance cette augmentation des envois.
 
« Si les transferts formels ont augmenté, c’est que c’était pratiquement la seule voie qui existait pour pouvoir faire des transferts », dit Attoumane Boina Issa. « Une deuxième chose c’est que les fonds qui sont arrivés l’année passée ont été, par exemple, mis sous le matelas. Comme ceux qui envoient les fonds ont aussi été touchés, ils ont dit par solidarité avec leur famille, “prenez une part de l’argent qui devait nous servir pour le mariage de cette année qui n’aura sûrement pas lieu cette année”. Donc c’est de l’argent qui n’est pas arrivé cette année et qui a été réinjecté dans le circuit en faisant l’objet de change dans le système financier. »
 
Selon lui, malgré l’augmentation constatée en cette période de crise sanitaire, si le rythme des transferts reste le même, à la fin de l’année, les Comoriens auront reçu près de 7 millions d’euros de moins que l’an dernier.

RFI

Vendredi 10 Juillet 2020 - 08:32


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