Comment expliquer le dialogue de sourds entre le pouvoir et les partisans du président déchu Pedro Castillo ? Pour Roman Perdomo, du centre de recherches internationales de Sciences Po, la classe politique est déconnectée du pays.
« Même au-delà du cas de Dina Boluarte, je pense qu’on peut parler de déconnexion de la classe politique et elle n’est pas nouvelle au Pérou, explique Roman Perdomo, au micro de Mickaël Ponge. La crise politique que traverse le pays depuis six ans est catalysée par des hommes et des femmes politiques de mauvaise qualité, qui parviennent plus facilement à se mettre d’accord sur des intérêts personnels que sur un projet pour le pays. Et le dialogue social aussi est rendu difficile par une culture politique qui criminalise les formes d’opposition et de dissidences, depuis les années de conflit armé en 1980 ; mais aussi par un contexte de racisme, de classisme structurels de la société péruvienne qui contribuent à ce que les revendications de l’autre ne soient pas considérées comme légitime, ce qui génère une réponse par la violence. »
Le gouvernement est pour l'instant en dissonance avec les revendications des manifestants, mais sa position peut changer, selon Roman Perdomo. « Il peut encore toujours changer de cap. Par exemple, en reconnaissant les manifestations comme légitimes, et surtout en donnant des garanties qu’il s’agit d’un gouvernement de transition et qu’il va y avoir des élections de façon imminente. Et bien sûr, que des comptes soient rendus pour les cinquante morts depuis un mois. »
Les manifestations contre la présidente Dina Boluarte se poursuivaient vendredi soir à Lima comme dans le reste du Pérou, au lendemain d'un grand rassemblement, jeudi, dans la capitale. À Lima, où plus de 10 000 policiers ont été déployés, trois personnes ont été blessées, rapporte notre correspondante, Juliette Chaignon.
Wilber était déjà dans la rue jeudi et défile à nouveau dans le centre-ville de la capitale. « La présidente n’a pas l’air de vouloir trouver une solution au problème. Combien de morts lui faudra-t-il de plus pour nous écouter ? »
Habitant de Lima, d’origine aymara, Wilber a rejoint les manifestants venus du sud, du centre et du nord du pays: «on vient protester et soutenir nos frères venus de leurs villages»
Des affrontements violents, ressemblant à des scènes de bataille, se sont aussi déroulés à Arequipa, deuxième ville du pays. L'aéroport de Cuzco, capitale touristique du pays, a rouvert ses portes à la mi-journée hier, mais le train vers le célèbre site du Machu Picchu est toujours suspendu. Au moins 300 touristes étrangers et locaux sont bloqués dans la zone.
« Le peuple veut une nouvelle Constitution »
« Cela fait plus de deux cents ans que les peuples du pays ont été oubliés. La pauvreté a augmenté, il n’y a pas d’hôpitaux, il n’y a pas d’écoles, il n’y a pas de routes. Voilà pourquoi les gens descendent dans la rue. Ils se rendent dans la capitale pour faire entendre leur voix, parce que Lima est une ville conservatrice, c’est une ville indifférente, où se concentre tout le pouvoir économique. Mais le peuple, aujourd’hui, ne réclame pas de l’eau, des égouts, des écoles ou des hôpitaux. C'est une lutte politique. Le peuple descend dans les rues pour réclamer la démission de Mme Boluarte, pour que de nouvelles élections soient convoquées. Et aussi pour qu’une nouvelle Constitution soit mise en place, pour refonder la République et récupérer toutes nos ressources naturelles. Parce que le Pérou est un pays riche où il y a de l’or, de l’argent, du cuivre, du gaz, du lithium. Et pourtant, tout est envoyé à l’étranger, sans être taxé. Ils détruisent même la nature et l’environnement, et en plus, ils continuent de s’approprier les propriétés des paysans », expliquait sur notre antenne Geronimo Lopez Sevillano, le secrétaire général de la CGTP, au micro de Justine Fontaine.
De nouvelles délégations doivent arriver ces prochains jours. Dans la capitale, les manifestants assurent qu’ils protesteront jusqu’à la démission de la présidente Dina Boluarte.
« Même au-delà du cas de Dina Boluarte, je pense qu’on peut parler de déconnexion de la classe politique et elle n’est pas nouvelle au Pérou, explique Roman Perdomo, au micro de Mickaël Ponge. La crise politique que traverse le pays depuis six ans est catalysée par des hommes et des femmes politiques de mauvaise qualité, qui parviennent plus facilement à se mettre d’accord sur des intérêts personnels que sur un projet pour le pays. Et le dialogue social aussi est rendu difficile par une culture politique qui criminalise les formes d’opposition et de dissidences, depuis les années de conflit armé en 1980 ; mais aussi par un contexte de racisme, de classisme structurels de la société péruvienne qui contribuent à ce que les revendications de l’autre ne soient pas considérées comme légitime, ce qui génère une réponse par la violence. »
Le gouvernement est pour l'instant en dissonance avec les revendications des manifestants, mais sa position peut changer, selon Roman Perdomo. « Il peut encore toujours changer de cap. Par exemple, en reconnaissant les manifestations comme légitimes, et surtout en donnant des garanties qu’il s’agit d’un gouvernement de transition et qu’il va y avoir des élections de façon imminente. Et bien sûr, que des comptes soient rendus pour les cinquante morts depuis un mois. »
Les manifestations contre la présidente Dina Boluarte se poursuivaient vendredi soir à Lima comme dans le reste du Pérou, au lendemain d'un grand rassemblement, jeudi, dans la capitale. À Lima, où plus de 10 000 policiers ont été déployés, trois personnes ont été blessées, rapporte notre correspondante, Juliette Chaignon.
Wilber était déjà dans la rue jeudi et défile à nouveau dans le centre-ville de la capitale. « La présidente n’a pas l’air de vouloir trouver une solution au problème. Combien de morts lui faudra-t-il de plus pour nous écouter ? »
Habitant de Lima, d’origine aymara, Wilber a rejoint les manifestants venus du sud, du centre et du nord du pays: «on vient protester et soutenir nos frères venus de leurs villages»
Des affrontements violents, ressemblant à des scènes de bataille, se sont aussi déroulés à Arequipa, deuxième ville du pays. L'aéroport de Cuzco, capitale touristique du pays, a rouvert ses portes à la mi-journée hier, mais le train vers le célèbre site du Machu Picchu est toujours suspendu. Au moins 300 touristes étrangers et locaux sont bloqués dans la zone.
« Le peuple veut une nouvelle Constitution »
« Cela fait plus de deux cents ans que les peuples du pays ont été oubliés. La pauvreté a augmenté, il n’y a pas d’hôpitaux, il n’y a pas d’écoles, il n’y a pas de routes. Voilà pourquoi les gens descendent dans la rue. Ils se rendent dans la capitale pour faire entendre leur voix, parce que Lima est une ville conservatrice, c’est une ville indifférente, où se concentre tout le pouvoir économique. Mais le peuple, aujourd’hui, ne réclame pas de l’eau, des égouts, des écoles ou des hôpitaux. C'est une lutte politique. Le peuple descend dans les rues pour réclamer la démission de Mme Boluarte, pour que de nouvelles élections soient convoquées. Et aussi pour qu’une nouvelle Constitution soit mise en place, pour refonder la République et récupérer toutes nos ressources naturelles. Parce que le Pérou est un pays riche où il y a de l’or, de l’argent, du cuivre, du gaz, du lithium. Et pourtant, tout est envoyé à l’étranger, sans être taxé. Ils détruisent même la nature et l’environnement, et en plus, ils continuent de s’approprier les propriétés des paysans », expliquait sur notre antenne Geronimo Lopez Sevillano, le secrétaire général de la CGTP, au micro de Justine Fontaine.
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