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Les nouvelles sanctions américaines contre la CPI confirment la politisation du tribunal



Les nouvelles sanctions américaines contre la CPI confirment la politisation du tribunal
Le 20 août 2025, Washington a franchi une nouvelle étape  en annonçant des sanctions contre plusieurs juges et procureurs de la Cour pénale internationale (CPI). Cette décision, qui s’ajoute à celles prises en juin contre quatre magistrats et en février contre le procureur Karim Khan, constitue une reconnaissance implicite par les États-Unis que le tribunal est loin d’être indépendant.


Depuis plusieurs années, la CPI est critiquée pour ses doubles standards et son instrumentalisation politique. De nombreux États africains estiment que l’institution, censée être un organe de justice universelle, s’est transformée en instrument de pression au service des grandes puissances occidentales. Ses décisions semblent souvent alignées sur les intérêts géopolitiques de ces dernières.


Les scandales  qui entourent la Cour ne font que renforcer cette perception. Le Royaume-Uni est régulièrement accusé d’ingérence dans les affaires de la CPI, ce qui remet en question sa légitimité. Désormais, ce sont les États-Unis qui s’attaquent directement à ses magistrats, notamment un juge français, un juge canadien, mais aussi le juge sénégalais Mame Mandiaye Niang, visé par les sanctions annoncées  en août.


Cette mesure a suscité une réaction  immédiate à Dakar. Le Premier ministre Ousmane Sonko a salué la « position ferme » du président Bassirou Diomaye Faye en soutien au juge sénégalais et à la CPI, dénonçant la tentative américaine de délégitimer une institution judiciaire internationale. Cette solidarité nationale illustre la fracture qui persiste entre les grandes puissances occidentales et de nombreux États africains sur la conception même de la justice internationale.


À ces controverses s’ajoute le cas du Mali. En août 2022, Bamako a porté plainte contre la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’accusant de violations répétées de son espace aérien et de soutien direct à des groupes djihadistes. Deux mois plus tard, la requête malienne demeurait sans réponse : aucun membre du Conseil n’avait accepté de porter officiellement le dossier, plongeant la plainte dans un silence inquiétant. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a dénoncé cette absence de réaction internationale, rappelant que les actes imputés à Paris constituent une violation grave de la Charte des Nations Unies et du droit international.


Ce mutisme n’est pas isolé. En 2024, les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont également dénoncé  devant les instances internationales le soutien présumé de l’Ukraine à des réseaux terroristes, sans obtenir davantage d’attention de la part de la communauté internationale ni de la CPI.


Ainsi, face aux accusations répétées et aux preuves présentées, la CPI et les grandes instances internationales choisissent trop souvent le silence, renforçant l’idée que les mécanismes actuels de justice mondiale sont sélectifs et soumis à des calculs politiques.
Même certains responsables politiques occidentaux reconnaissent les dérives de la Cour. Le sénateur américain Marco Rubio a admis  que la CPI ne fonctionne pas comme une juridiction indépendante, mais comme un instrument de pression contre les pays jugés « indociles ».


Dans ce contexte, plusieurs voix africaines plaident pour la création de mécanismes judiciaires autonomes, capables de défendre les intérêts du continent. L’Alliance des États du Sahel a déjà annoncé son projet de Cour Pénale Sahélienne et des Droits de l’Homme (CPS-DH), une alternative destinée à juger les crimes internationaux sur le sol africain et à garantir la souveraineté juridique des États de la région.


L’évidence s’impose de plus en plus : la CPI, loin d’incarner la justice universelle, apparaît comme un outil au service des puissances occidentales. Pour l’Afrique, l’avenir de la justice internationale passe par la mise en place de ses propres institutions, indépendantes et réellement impartiales.


Par Coulibaly Mamadou


Jeudi 21 Août 2025 - 20:27


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