Ce passage, tiré du livre du français Jean Claude Marut, «Le Conflit de
Casamance : Ce que disent les armes », à la page 87, publié aux
Editions Kathala, 2010, en dit long sur l’un des traits de caractère du
désormais regretté le Pr Ansoumana Abba Bodian décédé le 22 avril
dernier à Ziguinchor et inhumé à Kaparan, son village natal.
ll faisait partie de ces hommes dont le séjour sur terre a beaucoup
apporté à l'humanité. Un homme de liberté et épris de justice, un esprit
libre dont l'approche des questions était toujours d'une profondeur
étonnante. Pour cet homme, tout ou presque pouvait s'expliquer. Et en
bon pédagogue, il trouvait toujours les mots justes pour appréhender les
phénomènes les plus complexes. C’était un homme multidimensionnel. Il
était d’une générosité débordante, aussi bien pour les choses matérielles
qu’immatérielles. Il donnait sans compter, au point même de se priver et
parfois de priver sa famille. Ses connaissances, il aimait les partager,
sans même se soucier ce que l’autre en fera. C’était quelqu’un qui
pouvait ouvrir parfois son jardin secret, parce qu’il ne se posait pas trop
de questions sur l’autre, parce qu’il pensait que tout le monde avait un
bon cœur comme lui. Son attachement à la famille qu’il considérait
comme un bien sacré, ne passait pas inaperçu. Il aimait ses enfants et
s’était mis à leur service. Un jour, au cours de nos discussions, alors que
nous étions sur le chemin de Diabir, il me sort cette phrase au sujet de la
famille : «Mané, la famille est un don de Dieu. Nul n’a le droit de poser
des actes de nature à la diviser. Celui qui travaille à diviser la famille
court à sa propre perte ».
Le Pr Bodian accordait beaucoup d’importance à l’instruction, à
l’acquisition des connaissances. Et la pédagogie était son fort. En
excellent communicateur, il avait surtout le sens de l’écoute. Son secret :
pour convaincre, il faut renvoyer à l’autre sa propre image. Il a toujours
respecté l’interlocuteur, quel que soit son âge, son rang social. Parce
qu’il a compris que même de la bouche d’un fou pouvait sortir la vérité, à
plus forte raison…
Le Pr Bodian était très attaché à sa terre natale, la Casamance pour
laquelle il s’était tant sacrifié, parfois, sans le vouloir, sacrifié sa famille.
Son engagement au sein du Mfdc originel, historique, s’expliquait par
son attachement aux idéaux de justice, de liberté et de paix. L’homme ne
pouvait faire du mal à une mouche, même s’il avait horreur de l’injustice.
Pour ça, il était prêt à se battre, quitte à laisser sa vie. C’était le
défenseur des faibles. Le témoignage de l’auteur français Jean Claude
Marut, dès les premières lignes de cet hommage, en est la preuve la
plus tangible.
Le Pr Ansoumana Abba Bodian prenait toujours la vie du bon côté. Il
n’accordait aucune importance au plaisir futile, même s’il savait se faire
plaisir sans ostentation. En cela, il était épicurien, adepte de
l’épicurisme, cette doctrine philosophique qui professe que pour éviter la
souffrance, il faut se garder des sources de plaisir qui ne sont ni
naturelles ni nécessaires. Cette doctrine ne prône nullement la
recherche effrénée du plaisir. Elle est plutôt axée sur la recherche d’un
bonheur et d’une sagesse dont le but est la tranquillité de l’âme
(ataraxie)
Le Pr Ansoumana Abba Bodian était méticuleux. Il avait horreur du
désordre. Cela était perceptible dans son raisonnement. C’était comme
si ses idées étant rangées dans des tiroirs prêtes à éclairer les zones
d’ombre du réel.
Le Pr Ansoumana Abba Bodian a tiré sa révérence le 22 avril dernier à
Ziguinchor et inhumé le 23 avril à Kaparan, sur la terre de ses ancêtres.
J’ai personnellement perdu un père, un ami, un confident. Qu’Allah vous
accueille à sa droite, en vous ouvrant grandement les portes de son
paradis céleste.
Je présente mes condoléances à son épouse et à ses enfants, Moussa,
Mamy, Yacine et Rougui. NAA, il y a de quoi être fier de Papa !
Bacary Domingo MANE
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