
Ce problème d’isolement est un des plus graves auxquels nous faisons face. Vous savez, sans moyen de transport fiable, la vie ici devient insoutenable. La pirogue, par exemple, est essentielle. C’est elle qui nous relie au reste du monde. Mais elle ne fait des rotations que très rarement, parfois une fois par semaine. Et en plus, elle est vieillissante. Elle a plus de 15 ans et son moteur est hors service depuis quelques semaines. C'est une véritable catastrophe pour les villageois, car nous vivons de la pêche et de l’agriculture, et sans cette pirogue, c’est impossible de transporter nos produits vers le marché.
Cela doit avoir des conséquences dramatiques pour la population, n’est-ce pas ?
Oui, effectivement. Lorsqu’une pirogue tombe en panne, comme c'est le cas actuellement, il n’y a plus aucune solution. Cette pirogue, déjà vétuste, était réparée de manière artisanale par les habitants, mais cela ne fonctionne plus. Les villageois sont obligés de se débrouiller, de récupérer des planches ici et là pour essayer de la réparer. Mais ça ne tient plus. Alors, nous avons pris la décision de la garer définitivement. Et malheureusement, avec la situation actuelle, il n’y a aucun moyen de trouver une nouvelle pirogue, car la rentabilité n'est pas suffisante pour en acheter une nouvelle.
Quelle serait la solution à ce problème de transport ?
La solution, c’est évidemment d’avoir une pirogue en bon état, mais cela nécessite des ressources qu’aucune personne ici n’a. Le village est trop petit pour générer des revenus suffisants pour une telle dépense. L’État, ou une organisation quelconque, doit prendre conscience de cette situation. Je ne suis qu’un simple enseignant et je n’ai pas les moyens de résoudre ce problème seul. Les autorités locales sont au courant, mais aucune solution n’a été mise en place. Cela fait cinq ans que la situation se dégrade. Avant, la pirogue avait été réfectionnée, mais aujourd’hui, plus rien.
Comment avez-vous tenté de sensibiliser les autorités locales à cette problématique ?
J’ai alerté plusieurs fois les autorités locales. Mais malheureusement, la réaction a été inexistante. J'ai touché des responsables, mais rien n’a été fait. Je pense que l'inaction vient du fait qu'ils ne peuvent tout simplement rien faire, ou alors ils ne perçoivent pas l’urgence de la situation. Ce n’est que lorsqu’une femme est décédée en accouchant, avec son enfant, qu'ils ont commencé à prêter attention, mais même là, l’aide n’a pas été à la hauteur.
En plus de ce problème de transport, l’île souffre également d'un manque d'infrastructures sanitaires. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, c’est un autre problème majeur. Il n’y a pas d’infrastructures sanitaires adéquates ici. Lorsque quelqu’un est malade, il faut l’évacuer en urgence, soit vers Elinkine, soit vers Ziguinchor ou Niomoune. À Niomoune, il y a seulement un poste de santé. C'est clairement insuffisant pour les besoins de la population. Le manque de moyens pour soigner les gens est un véritable drame.
Quelles sont les priorités pour améliorer les conditions de vie des habitants de votre île ?
Les habitants n’aspirent qu’à une chose : que l’État prenne des mesures concrètes. Ils ne demandent pas la lune, juste de pouvoir vivre dignement. Le seul projet que l’administration ait réalisé ici, c’est un puits… mais il ne fonctionne même pas. C’était au temps du président Abdou Diouf. C’est dire à quel point l’administration semble absente ici.
Avez-vous l’impression que l’administration néglige cette zone ?
C’est évident. D’ailleurs, pour des choses simples, comme l’enrôlement des citoyens pour les nouvelles cartes d'identité, certains agents de l’État ont refusé de venir. Il a fallu que je sollicite l’intervention du sous-préfet pour que les choses bougent. Et lors de la crise du Covid, c'était la même chose. Les habitants ont dû se déplacer pour recevoir leurs vivres, alors qu’ils étaient déjà confinés sur l’île. À chaque fois, c’est la même histoire. Les autorités nous laissent dans l’oubli, et nous avons ce sentiment que personne ne nous entend.
Quelle est la situation de l’approvisionnement en eau sur ces îles ?
L’approvisionnement en eau est un autre problème récurrent. Les îles ne disposent pas d’un accès fiable à l’eau potable. À Niomoune, par exemple, il suffit de creuser à peine 2 mètres pour tomber sur de l'eau salée. Les habitants n’ont donc d’autre choix que de collecter l’eau de pluie, mais c’est loin d’être suffisant. L’État a bien lancé un projet pour fournir de l’eau, mais les robinets ne servent à rien. Parfois, l’eau est là, parfois non. Cela ne résout pas le problème de manière durable. Et pour être honnête, je ne vois personne venir résoudre ce problème.
À votre avis, pourquoi l’État semble-t-il négliger ces îles ?
Il y a un manque de volonté politique, mais aussi une forme d’injustice géographique. Ces îles sont vues comme marginales, et les autorités se concentrent sur des zones plus peuplées. Pourtant, ici, il y a des ressources naturelles importantes. Le poisson, par exemple, que les villageois exploitent, mais c’est l’extérieur qui en bénéficie. Nous n’avons même pas de pirogues pour transporter nos produits et en tirer profit. Les gens vivent avec un énorme sentiment de frustration. Ils se disent peut-être qu’en changeant de gouvernement, les choses vont s’améliorer. Mais, honnêtement, je ne sens pas de réelle aide venir de l'État. Les projets qui ont été lancés sont restés sans suite. Par exemple, en 2005-2006, un projet d’électrification a été lancé, mais les batteries des panneaux solaires sont défectueuses depuis longtemps. Rien n’a été fait pour les remplacer.
Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités ou à la société en général ?
Je voudrais juste dire que, malgré notre isolement, nous sommes des citoyens à part entière. Nous avons les mêmes droits que les habitants des villes, et nous demandons simplement à être écoutés. Aujourd’hui, nous lançons un cri de cœur, mais je me sens souvent impuissant. Ma voix est faible, mais je continue de la faire entendre, car je crois qu’il y a des gens qui peuvent nous aider. Ces insulaires méritent une vie digne, avec des infrastructures de base, de l'eau potable, des moyens de transport et des services de santé. Ce n’est pas trop demander.
Cela doit avoir des conséquences dramatiques pour la population, n’est-ce pas ?
Oui, effectivement. Lorsqu’une pirogue tombe en panne, comme c'est le cas actuellement, il n’y a plus aucune solution. Cette pirogue, déjà vétuste, était réparée de manière artisanale par les habitants, mais cela ne fonctionne plus. Les villageois sont obligés de se débrouiller, de récupérer des planches ici et là pour essayer de la réparer. Mais ça ne tient plus. Alors, nous avons pris la décision de la garer définitivement. Et malheureusement, avec la situation actuelle, il n’y a aucun moyen de trouver une nouvelle pirogue, car la rentabilité n'est pas suffisante pour en acheter une nouvelle.
Quelle serait la solution à ce problème de transport ?
La solution, c’est évidemment d’avoir une pirogue en bon état, mais cela nécessite des ressources qu’aucune personne ici n’a. Le village est trop petit pour générer des revenus suffisants pour une telle dépense. L’État, ou une organisation quelconque, doit prendre conscience de cette situation. Je ne suis qu’un simple enseignant et je n’ai pas les moyens de résoudre ce problème seul. Les autorités locales sont au courant, mais aucune solution n’a été mise en place. Cela fait cinq ans que la situation se dégrade. Avant, la pirogue avait été réfectionnée, mais aujourd’hui, plus rien.
Comment avez-vous tenté de sensibiliser les autorités locales à cette problématique ?
J’ai alerté plusieurs fois les autorités locales. Mais malheureusement, la réaction a été inexistante. J'ai touché des responsables, mais rien n’a été fait. Je pense que l'inaction vient du fait qu'ils ne peuvent tout simplement rien faire, ou alors ils ne perçoivent pas l’urgence de la situation. Ce n’est que lorsqu’une femme est décédée en accouchant, avec son enfant, qu'ils ont commencé à prêter attention, mais même là, l’aide n’a pas été à la hauteur.
En plus de ce problème de transport, l’île souffre également d'un manque d'infrastructures sanitaires. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, c’est un autre problème majeur. Il n’y a pas d’infrastructures sanitaires adéquates ici. Lorsque quelqu’un est malade, il faut l’évacuer en urgence, soit vers Elinkine, soit vers Ziguinchor ou Niomoune. À Niomoune, il y a seulement un poste de santé. C'est clairement insuffisant pour les besoins de la population. Le manque de moyens pour soigner les gens est un véritable drame.
Quelles sont les priorités pour améliorer les conditions de vie des habitants de votre île ?
Les habitants n’aspirent qu’à une chose : que l’État prenne des mesures concrètes. Ils ne demandent pas la lune, juste de pouvoir vivre dignement. Le seul projet que l’administration ait réalisé ici, c’est un puits… mais il ne fonctionne même pas. C’était au temps du président Abdou Diouf. C’est dire à quel point l’administration semble absente ici.
Avez-vous l’impression que l’administration néglige cette zone ?
C’est évident. D’ailleurs, pour des choses simples, comme l’enrôlement des citoyens pour les nouvelles cartes d'identité, certains agents de l’État ont refusé de venir. Il a fallu que je sollicite l’intervention du sous-préfet pour que les choses bougent. Et lors de la crise du Covid, c'était la même chose. Les habitants ont dû se déplacer pour recevoir leurs vivres, alors qu’ils étaient déjà confinés sur l’île. À chaque fois, c’est la même histoire. Les autorités nous laissent dans l’oubli, et nous avons ce sentiment que personne ne nous entend.
Quelle est la situation de l’approvisionnement en eau sur ces îles ?
L’approvisionnement en eau est un autre problème récurrent. Les îles ne disposent pas d’un accès fiable à l’eau potable. À Niomoune, par exemple, il suffit de creuser à peine 2 mètres pour tomber sur de l'eau salée. Les habitants n’ont donc d’autre choix que de collecter l’eau de pluie, mais c’est loin d’être suffisant. L’État a bien lancé un projet pour fournir de l’eau, mais les robinets ne servent à rien. Parfois, l’eau est là, parfois non. Cela ne résout pas le problème de manière durable. Et pour être honnête, je ne vois personne venir résoudre ce problème.
À votre avis, pourquoi l’État semble-t-il négliger ces îles ?
Il y a un manque de volonté politique, mais aussi une forme d’injustice géographique. Ces îles sont vues comme marginales, et les autorités se concentrent sur des zones plus peuplées. Pourtant, ici, il y a des ressources naturelles importantes. Le poisson, par exemple, que les villageois exploitent, mais c’est l’extérieur qui en bénéficie. Nous n’avons même pas de pirogues pour transporter nos produits et en tirer profit. Les gens vivent avec un énorme sentiment de frustration. Ils se disent peut-être qu’en changeant de gouvernement, les choses vont s’améliorer. Mais, honnêtement, je ne sens pas de réelle aide venir de l'État. Les projets qui ont été lancés sont restés sans suite. Par exemple, en 2005-2006, un projet d’électrification a été lancé, mais les batteries des panneaux solaires sont défectueuses depuis longtemps. Rien n’a été fait pour les remplacer.
Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités ou à la société en général ?
Je voudrais juste dire que, malgré notre isolement, nous sommes des citoyens à part entière. Nous avons les mêmes droits que les habitants des villes, et nous demandons simplement à être écoutés. Aujourd’hui, nous lançons un cri de cœur, mais je me sens souvent impuissant. Ma voix est faible, mais je continue de la faire entendre, car je crois qu’il y a des gens qui peuvent nous aider. Ces insulaires méritent une vie digne, avec des infrastructures de base, de l'eau potable, des moyens de transport et des services de santé. Ce n’est pas trop demander.
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