Pascal Maitre, bonjour. Certains vous surnomment « Pascal l’Africain », qu’est-ce que vous en pensez ?
Je ne suis pas africain et je ne prétends pas l'être. Je connais bien l’Afrique, mais cette année, je suis allé trois fois en Afghanistan (une habitude de longue date, NDLR). Je pense que c’est un surnom qu’on me donne parce qu’on a vu beaucoup de mes travaux. Je suis français, chacun sa place, quoi.
Je n’aimerais pas rester trop longtemps dans un pays, j'aime bien la diversité. Cette année, j’ai commencé au Mexique pour la Fondation Yves Rocher sur les migrations de papillons. J'ai aussi refait une histoire à Madagascar sur les baobabs. Ça m’amuse beaucoup d’avoir des sujets variés et de travailler avec des magazines différents.
Comment décririez-vous votre travail photographique en général, et votre exposition à Perpignan, intitulée « Sahel en danger – Une bombe à retardement » ?
Je fais ce qu’on appelle du grand magazine, plutôt de la géopolitique. J’ai commencé ma carrière dans le groupe Jeune Afrique, d’où ma connaissance et disons mon attachement pour ce continent. J’ai la chance d’avoir des gens qui m’ont donné le temps, ce qui a l’avantage de vous éviter de faire des raccourcis.
Quand vous prenez une histoire complexe, on voit bien qu’il y a différents tiroirs. Et pour les aborder tous, il faut du temps. Il faut faire les contacts pour chaque pièce du puzzle, chacune est différente. Si vous n’avez pas le temps, vous allez faire quelque chose de caricatural.
J’expose cette année à Visa un travail sur le Sahel, et qui pour moi est important. C’est une région que je connais depuis peut-être une trentaine d’années, et que je vois tout doucement glisser et se désagréger. J’ai convaincu le National Geographic de faire un travail assez profond sur cette zone.
Pourriez-vous revenir sur la genèse de ce projet ?
En 2002, j’avais réalisé un grand travail sur toute la partie saharienne du Sahel. Et à cette occasion, je m’étais rendu à Taoudeni, une mine de sel, ancien bagne, dans l’extrême nord du Mali, à 750 km au-dessus de Tombouctou.
J’avais été très inquiété, parce qu’en quittant Tombouctou jusqu’à cette mine, il n’y avait plus aucun État malien ; plus de poste de police, plus de poste d’armée. J’étais passé en Algérie, et il n’y avait pas de poste frontalier côté malien. C'est un « no man’s land » de 1 000 kilomètres sur 1 000 kilomètres.
En 2006, je suis revenu pour le National Geographic et j’ai vu des travailleurs. Il y en avait déjà en 2002, mais c’était local. Cette fois, je voyais des t-shirts Ben Laden et des mini-mosquées s’installer. J’étais resté quelques jours et des islamistes algériens avaient fini par venir demander ce que je faisais là, donc on est parti.
En redescendant, on s’est arrêté à un ou deux puits sur la route, et les gens nous ont expliqué que les Algériens étaient là depuis un bon moment, très respectueux, mais très présents. J’ai aussi rencontré des Sahraouis qu’on retrouve dans les groupes aujourd'hui. J’essayais de convaincre des journaux de ne publier que cette partie-là, mais personne n'en voyait tellement l’intérêt.
Je suis aussi parti avec les forces spéciales américaines. En 2006, elles formaient déjà à Tombouctou des militaires maliens et montaient en opération dans la partie nord. On sentait que l’État malien était totalement absent.
À la chute de Kadhafi, tout s'est désagrégé. Une grosse partie de l’armée libyenne était constituée de Touaregs maliens, nigériens, etc. Ils sont rentrés avec une partie des stocks. Ça a toujours été surprenant : on avait fait tomber Kadhafi, la Libye, mais a priori l’armement n’avait pas été détruit. Il a commencé à se diffuser dans le nord du Sahel.
Je ne suis pas africain et je ne prétends pas l'être. Je connais bien l’Afrique, mais cette année, je suis allé trois fois en Afghanistan (une habitude de longue date, NDLR). Je pense que c’est un surnom qu’on me donne parce qu’on a vu beaucoup de mes travaux. Je suis français, chacun sa place, quoi.
Je n’aimerais pas rester trop longtemps dans un pays, j'aime bien la diversité. Cette année, j’ai commencé au Mexique pour la Fondation Yves Rocher sur les migrations de papillons. J'ai aussi refait une histoire à Madagascar sur les baobabs. Ça m’amuse beaucoup d’avoir des sujets variés et de travailler avec des magazines différents.
Comment décririez-vous votre travail photographique en général, et votre exposition à Perpignan, intitulée « Sahel en danger – Une bombe à retardement » ?
Je fais ce qu’on appelle du grand magazine, plutôt de la géopolitique. J’ai commencé ma carrière dans le groupe Jeune Afrique, d’où ma connaissance et disons mon attachement pour ce continent. J’ai la chance d’avoir des gens qui m’ont donné le temps, ce qui a l’avantage de vous éviter de faire des raccourcis.
Quand vous prenez une histoire complexe, on voit bien qu’il y a différents tiroirs. Et pour les aborder tous, il faut du temps. Il faut faire les contacts pour chaque pièce du puzzle, chacune est différente. Si vous n’avez pas le temps, vous allez faire quelque chose de caricatural.
J’expose cette année à Visa un travail sur le Sahel, et qui pour moi est important. C’est une région que je connais depuis peut-être une trentaine d’années, et que je vois tout doucement glisser et se désagréger. J’ai convaincu le National Geographic de faire un travail assez profond sur cette zone.
Pourriez-vous revenir sur la genèse de ce projet ?
En 2002, j’avais réalisé un grand travail sur toute la partie saharienne du Sahel. Et à cette occasion, je m’étais rendu à Taoudeni, une mine de sel, ancien bagne, dans l’extrême nord du Mali, à 750 km au-dessus de Tombouctou.
J’avais été très inquiété, parce qu’en quittant Tombouctou jusqu’à cette mine, il n’y avait plus aucun État malien ; plus de poste de police, plus de poste d’armée. J’étais passé en Algérie, et il n’y avait pas de poste frontalier côté malien. C'est un « no man’s land » de 1 000 kilomètres sur 1 000 kilomètres.
En 2006, je suis revenu pour le National Geographic et j’ai vu des travailleurs. Il y en avait déjà en 2002, mais c’était local. Cette fois, je voyais des t-shirts Ben Laden et des mini-mosquées s’installer. J’étais resté quelques jours et des islamistes algériens avaient fini par venir demander ce que je faisais là, donc on est parti.
En redescendant, on s’est arrêté à un ou deux puits sur la route, et les gens nous ont expliqué que les Algériens étaient là depuis un bon moment, très respectueux, mais très présents. J’ai aussi rencontré des Sahraouis qu’on retrouve dans les groupes aujourd'hui. J’essayais de convaincre des journaux de ne publier que cette partie-là, mais personne n'en voyait tellement l’intérêt.
Je suis aussi parti avec les forces spéciales américaines. En 2006, elles formaient déjà à Tombouctou des militaires maliens et montaient en opération dans la partie nord. On sentait que l’État malien était totalement absent.
À la chute de Kadhafi, tout s'est désagrégé. Une grosse partie de l’armée libyenne était constituée de Touaregs maliens, nigériens, etc. Ils sont rentrés avec une partie des stocks. Ça a toujours été surprenant : on avait fait tomber Kadhafi, la Libye, mais a priori l’armement n’avait pas été détruit. Il a commencé à se diffuser dans le nord du Sahel.
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