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République des dédits

“Buur bu wax renn, bala waxati deween“. L’acception que l’on peut donner à cette maxime bien de chez nous, c’est que la parole du roi est non seulement rare, mais elle a une valeur dogmatique. Malheureusement, les libéraux de ce pays ont tout désacralisé.



République des dédits
La perte des valeurs et la souffrance de la dignité notamment au sommet de l’Etat a atteint des proportions inédites dans la conscience citoyenne du Sénégal. La médiocrité et l’impunité sont érigées en culture dans une République des dédits.
République dont les représentants se gargarisent du caractère sacré de la parole donnée et qui la retirent au gré des humeurs et rumeurs.

Visez le ministre de l’Intérieur d’alors, Bécaye Diop qui, il y a peu, a failli déclencher une « guerre confrérique » du fait de propos malheureux qu’il a par la suite mis sur le compte d’une « mauvaise maitrise de la langue de Kocc ». Dans la même ville sainte, sa déclaration, peu après, d’interdiction à la presse de retransmettre les résultats des prochaines élections avant 22 heures, fut suivie d’un autre dédit qui voulait que cette sortie était faite « en tant que citoyen et non en tant que ministre ».

Un autre « citoyen », Moustapha Guirassy, lui, en tout cas, s’était permis en tant que ministre de surcroît porte-parole du gouvernement, de nier de manière tonitruante, l’existence même et l'implication des autorités sénégalaises dans l’affaire dite « Segura » relative à une « tentative de corruption », avant que 24 heures après, le chef du Gouvernement ne lui apporte un cinglant démenti, reconnaissant publiquement l'existence du « cadeau » substantiel remis par le Chef de l'Etat au sieur Segura.

Aujourd’hui, c’est un autre ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom qui, de manière fracassante, joue le même tango à deux temps dans le cours d’une enquête policière et “viole“ à son tour le secret de l’instruction en désignant d’emblée le coupable. La forfaiture n’a pas fini d’émouvoir que le même patron de la police opère un revirement à 260° pour se dédire et déclarer qu’il n’a « rien dit sur cette affaire. » Si ce n’est pas triste, tout cela !

Lorsqu’un Etat décide de diligenter une enquête, bon sang il se doit d’être rigoureux et sérieux. Ce sont les deux vertus que l’on attend d’un Etat et de ses représentants.
Mais comment s’étonner que les ouailles renversent le vin lorsqu’ils ont vu le pasteur le faire ?
Me Wade est bien monté au créneau pour théoriser le « wakh-wakhet » qui est devenu aujourd’hui une bonne source d’inspiration. Après avoir déclaré qu’il a lui-même bloqué la Constitution à deux mandats et qu’il ne peut plus se représenter en 2012, le Chef de l’Etat a fait une volte-face à 360 degrés et affirmé : “Je ne l’ai jamais dit. Qu’on me montre où est ce que je l’ai dit. Et même si je l’avais dit, je me dédis.“
Dont acte.
Abdoulaye THIAM (Sud quotidien)


Jeudi 29 Décembre 2011 - 18:56


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