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Scrutin à un tour au Togo: le peuple face à son destin

Les Togolais sont en ce moment jeudi 4 mars aux urnes. Ils élisent leur président lors d'un scrutin à un seul tour. Le chef de l'Etat sortant, Faure Gnassingbé, affronte six autres candidats dont Jean-Pierre Fabre, leader du principal parti de l’opposition, l’UFC (Union des Forces du Changement).En 2005, Faure Gnassingbé avait été élu à l'issue d'un scrutin très contesté.



Le leader du principal parti d'opposition Jean-Pierre Fabre (g) et le président togolais sortant, Faure Gnassingbé.(photo AFP)
Le leader du principal parti d'opposition Jean-Pierre Fabre (g) et le président togolais sortant, Faure Gnassingbé.(photo AFP)
Un pied dans le passé, le cœur tourné vers l’avenir, les Togolais votent jeudi 4 mars pour élire leur président. La dernière présidentielle en 2005 s'était terminée dans le sang. L’opposition avait dénoncé des fraudes massives. Dans des notes confidentielles rendues publiques par RFI, la représentation de la Commission européenne à Lomé avait fait état de 900 000 électeurs fictifs présumés soit 25 % du corps électoral.

Les violences avaient éclaté dès l’annonce de la victoire de Faure Gnassingbé, le fils du général Eyadema décédé quelques semaines plus tôt après 38 ans de règne sans partage. La répression des manifestations par l’armée et les milices RPT avaient fait entre 400 et 500 morts selon les Nations unies.

Chacun y pensera le 4 mars en mettant son bulletin dans l’urne. Pendant la campagne électorale, le président Faure Gnassingbé a déclaré : « Nous devons œuvrer pour qu’aucune goutte de sang ne soit versée ». Son objectif est de remporter une victoire incontestée pour asseoir sa légimité.

Une affiche inédite


Face à une opposition divisée, le président togolais se présente comme le seul capable de rassembler le pays tout entier. Cependant, des divisions sont apparues au sein même de sa famille et de son parti le RPT (Rassemblement du peuple togolais). Son demi-frère, le député Kpatcha Gnassingbé, est depuis dix mois gardé au secret dans l’attente d’un éventuel procès pour une tentative de coup d‘Etat présumé.

Difficile de mesurer l'influence de cette affaire Kpatcha sur le vote RPT. Pendant la campagne en tout cas, le parti au pouvoir a présenté une image d'unité derrière son chef.

Faure Gnassingbé a, face à lui, six autres candidats dont Jean-Pierre Fabre de l’UFC (Union des Forces du Changement), le principal parti de l’opposition togolaise. C'est le parti de Gilchrist Olympio, le leader historique de l'opposition togolaise - fils du père de l'indépendance togolaise, Sylvanus Olympio, assassiné en 1963 au cours du premier coup d'Etat en Afrique, un coup d'Etat auquel un certain Etienne Eyadéma a participé.

Gilchrist Olympio n'a pas pu déposer sa candidature pour cause de maladie mais a laissé Jean-Pierre Fabre représenter l'UFC. Un Front pour l'alternance et le changement (FRAC) s'est constitué autour de lui, animé notamment par l'ancien secrétaire d’Etat de François Mitterrand, le Franco-Togolais Kofi Yamgnane.

Au sein du FRAC, on se dit « convaincu que seule une alternance, dans un pays muselé depuis près d’un demi-siècle, peut offrir au Togo les chances réelles de son développement ».

Mais Jean-Pierre Fabre n’a pas réussi à être le candidat unique de l’opposition pour cette élection à un seul tour. Yawovi Agboyibo a préféré tenter également sa chance. Candidat du CAR (Comité d’action pour le renouveau), l’ancien Premier ministre de Faure Gnassingbé se positionne en outsider.

D'autres candidats sont également en lice : l'ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo pour OBUTS ( Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire), Brigitte Adjamagbo-Johnon pour la CDPA (Convention démocratique des peuples africains), Nicolas Lawson du PRR (Parti du renouveau et de la rédemption) et Bassabi Kagbaradu PDP (Parti démocratique panafricain).

La plupart de ces candidats de l'opposition posent aujourd'hui une question : le résultat proclamé sera-t-il le reflet de la vérité des urnes ?

Le moment de vérité

Comme en réponse aux appels à la non-violence du président sortant, le grand parti de l'opposition togolaise, l'UFC, affiche le slogan : « élections sans fraudes = élections sans violences ».

La fraude est l'un des grands enjeux de ce scrutin. Les opposants ont d’ores et déjà dénoncé l'absence de garantie d'un scrutin équitable. Le fichier électoral n'est pas fiable et selon eux « il y a des milliers d'électeurs fictifs ».

Pour éviter tout ce qui est bourrage d'urnes et bulletins pré-votés, les candidats de l'opposition réclamaient un système d'authentification et de sécurisation des bulletins de vote. Ils ne l'ont pas obtenu et assurent qu'ils resteront vigilants, non seulement ce jeudi, le jour du vote, mais surtout pendant le dépouillement et dans les jours qui vont suivre : soit toute la période de compilation des résultats jusqu'à la proclamation finale. Ce sera le moment de vérité.

Une mission européenne sur place


L'Union européenne a déployé au Togo une mission d'observation. Le Togo a été placé sous sanctions pendant 15 ans pour « déficit démocratique » La coopération économique a repris depuis les élections législatives de 2007.

Aujourd'hui, 122 observateurs sont à Lomé. Leur mission est de juger de la transparence du scrutin, de sa fiabilité. Mais ils ne publieront qu'une simple déclaration liminaire quelques jours après le vote, une déclaration qui ne s'attachera qu'au déroulement à proprement parler du vote et non pas à la période de l'après (c'est-à-dire de la compilation, la transmission des résultats de toutes les préfectures vers Lomé et l'annonce de ces résultats). Le rapport complet et détaillé de l'ensemble du processus ne sera publié que deux mois après le scrutin.

Autre inconnue : l'attitude de la France ?


Le Togo est l’un des pays emblématique de ce que l’on a appelé le« pré-carré français ». Les autorités togolaises ont toujours bénéficié du soutien inconditionnel des autorités françaises. Mais quand le président Jacques Chirac avait félicité Faure Gnassingbé en 2005, Nicolas Sarkozy, alors président de l’UMP déclarait : « Je pense qu'il n'y a aucune matière à se féliciter de ce qui est une parodie d'élection ».

Ces derniers mois, les lignes ont, semble-t-il, commencé à bouger à Paris. Un diplomate français a même été expulsé en décembre 2009 du Togo. Ce qui a été vécu à Paris comme un geste inamical. Lundi 1er mars, le ministère français des Affaires étrangères a souhaité que l'élection présidentielle au Togo soit « un moment d'expression démocratique ».
Source: RFI

RFI

Jeudi 4 Mars 2010 - 10:34


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