Sénégal : 2008 assombri par les remous sociaux

Le Sénégal a vécu beaucoup de remous sociaux en 2008. Les médias ont, en effet, tout le temps sur la brèche pour relater les viols et les violences faites aux femmes et enfants devenus plus que récurrents. C’est ce qui fait, sans doute dire à l’historienne et présidente du Mouvement citoyen que «le viol a toujours existé dans notre société, mais la presse en a fait la publicité ces derniers temps. C’est aussi un cas de violence parmi les autres. On a une société qui découvre l’horreur, le cas du drame de Guédiawaye (mort de Fatou selbé Diouf) est très illustratif». Selon elle, «il faut criminaliser le viol avec de lourdes peines». L’enseignante à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar est, toutefois contre toute idée de castration avancée par le ministre de la Famille, Awa Ndiaye. Elle (castration) doit, de son avis, être bannie. «C’est barbare et elle n’empêchera pas le viol», a-t-elle précisé. Elle a, ainsi, proposé en plus la prison, une meilleure éducation des hommes, des femmes et des petits enfants qui sont dans la rue et qui sont des proies à la pédophilie.

Sur le plan scolaire et universitaire, l’historienne a évoqué les nombreuses perturbations pour, ainsi, accuser la société qu’elle prend pour responsable parce qu’elle est convaincue que la société sénégalaise ne fait pas de l’école un cadre déterminant. «La société perd en qualité. La qualité de l’éducation est liée à la démographie et à la crise familiale. Il est bon de former et en masse les fils de la nation, mais il faut que la qualité s’y trouve pour avoir de bons cadres. L’école doit être traitée avec beaucoup plus de sérieux. Un retour vers l’orthodoxie, doit être envisagé. Les conclusions des états généraux de 1980 doivent être réactualisées et mise au service des acteurs de l’éducation», a argumenté Penda Mbow.

L’année 2008 a, par ailleurs, été marquée par des révoltes tous azimuts. A ce sujet, la présidente du Mouvement citoyen (structure de la société civile) a estimé que «c’est l’expression d’un malaise qui doit inquiéter toute personne pensante. Et nous devons réfléchir aux moyens d’encadrer la société, cela passe d’abord par un investissement sans faille».

Cette révolte d’une frange de la population est, souvent liée au chômage, à l’insécurité, de profondes frustrations, entre autres. «Un pays peut être pauvre mais, il serait plus supportable si l’on sauvegarde les deniers publics», a-t-elle indiqué faisant allusion aux nombres scandales éventrés ou évoqués par la presse. Pour Penda Mbow, «il est urgent de trouver aux jeunes de l’emploi dans les métiers de l’artisanat, d’ingénieries et de proposer aux autres pays le savoir-faire africain. Nous devons revoir notre façon de vivre, de faire. Bref, nous devons produire locale et consommer locale».

Les forces de l’ordre ont aussi été aux devants de la scène pour tenter de canaliser les nombreux remous et révoltes que notre pays a connus durant l’année écoulée. L’historienne a, à ce titre, souligné qu’il est nécessaire que l’Etat instaure l’état de droit. «On ne sait plus qui peut endiguer cette violence. Les forces de l’ordre doivent nous protéger», a expliqué Penda Mbow.