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Soudan du Sud, de la crise politique aux dérives ethnicistes

Retour sur l'effondrement du plus jeune état de la planète : en moins de deux semaines, le Soudan du Sud, indépendant depuis juillet 2011, a sombré dans la guerre civile. Les combats entre les forces fidèles au président Salva Kiir et les insurgés de Reik Machar, son ancien vice-président, ont déjà fait plusieurs milliers de morts, selon les Nations unies.



Le Soudan du Sud est un jeune Etat, encore très fragile. Il n'a pas supporté le choc d'une querelle de pouvoir entre deux ailes du SPLM, le parti issu de la lutte de libération. Une tendance, représentée notamment par Riek Machar et Pagan Amum, est en guerre ouverte contre le président Salva Kiir. Ce dernier se voit accusé de dérive dictatoriale et, surtout, d'avoir bradé les intérêts du pays au profit de Khartoum.

 

« Le gouvernement nordiste a réussi à manipuler les accords pétroliers qui avaient été signés en septembre 2012 pour obtenir des sudistes ce qu’il désirait, analyse le chercheur Gérard Prunier, consultant indépendant. C'est-à-dire que le gouvernement sudiste s’est laissé complètement manipuler par les forces nordistes, qui l’ont même amené à dissoudre le gouvernement et à la recomposer avec de nouveaux ministres très largement au service du Nord. Et, évidement, cela n’est pas passé. Au Sud, tout les gens qui n’aimaient peut-être pas trop Salva Kiir se sont rebellés contre le fait d’avoir complètement vendu le pays aux nordistes. »

 

Lutte politique sur fond de fractures ethniques

Salva Kiir est dinka. Riek Machar est nuer. Deux groupes qui s'opposent depuis toujours. « Il faut savoir qu’il y a un antagonisme ancestral entre les dinkas et les nuers, explique le journaliste soudanais Mohamed Naji. A partir du petit paysan qui se dispute un petit morceau de terre, ce sont vraiment des rivaux. Du coup, c’est la coloration ethnique qui a primé très vite. »

 

Risque d'« extermination d'une ethnie par une autre »

L'ONU a clairement laissé entendre que des crimes contre l'humanité pouvaient avoir été commis, ce qui a poussé le président Salva Kiir a dénoncer ces crimes à caractère ethnique dans son propre camp. Riek Machar, de son coté, à qui les Sud-Soudanais reprochent toujours un massacre ethnique en 1991, sait qu'il est lui aussi soupçonné. Etant considéré comme le fauteur de trouble, il prend soin de se poser en garant de l'unité.

 

« Il est de ma responsabilité, ainsi que de la responsabilité de beaucoup d’autres, d’éviter une division de notre peuple et de maintenir l’unité, déclarait récemment Riek Machar. Il n’y a pas d’animosité entre nuers et dinkas. Du moins, pas au point qu’un problème politique puisse nous diviser profondément. C’est juste un problème de dirigeants. Nous avons un mauvais dirigeant qui entretient la haine ethnique sans raison. »

 

Inquiétude régionale

Les pays de la sous-région sont inquiets et multiplient les tentatives de médiation, pour l'heure sans résultat. Tant que les armes parleront, il est difficile de faire entendre une autre voix. Mais au milieu de la mêlée, s'élève celle de Rebecca Garang, le veuve du héros de l'indépendance, John Garang décédé en 2005 : « J'ai perdu mon mari au lendemain de la signature de l'accord de paix de 2005, lorsqu'il s'est tué dans un accident à Khartoum, raconte celle-ci.Malheureusement, je n'ai pas vu, depuis, ce pourquoi il se battait être mis en œuvre au profit des Sud-Soudanais. Si le peuple soudanais continue de souffrir, alors je souffre aussi. Et je commence à penser que mon mari est peut être mort en vain. La vision du SPLM, la vision de mon mari, a été dévoyée. Elle n'est pas mise en œuvre par nos dirigeants. C'est pourtant une vision très noble, une vision bien plus grande que chacun d'entre nous. Et nous devrions la suivre ! »


Rfi.fr

Vendredi 27 Décembre 2013 - 10:13


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