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Fespaco: Cheick Oumar Sissoko fait rire avec un rapt à Bamako

C’est la figure de proue des cinq films maliens présents au Fespaco. Avec « Rapt à Bamako », Cheick Oumar Sissoko est en lice pour son troisième Etalon d’or de Yennenga. Au Festival panafricain du cinéma à Ouagadougou, l’ancien ministre de la Culture malien et figure historique du cinéma africain a fait rire la salle avec son nouveau film entièrement malien qui parle d’une manière décalée de choses graves comme la corruption, le trucage d’élections, les enlèvements ou les sacrifices rituels.



« Si j’ai fait un mauvais film, dites-le, je partirai alors en retraite. Si j’ai bien fait, dites-le aussi, alors je continuerai », a déclaré au Fespaco un Cheick Oumar Sissoko âgé de 70 ans et en pleine forme avant la présentation de son premier film après 15 ans d’absence des grands écrans.

Avec Sissoko, on décolle vers Bamako pour des retrouvailles maliennes et familiales un peu spéciales : il y a les neveux, la sœur et le beau-frère qui arrivent de France et du Sénégal dans la capitale malienne pour soutenir leur parent Mustapha Traoré, candidat à l’élection présidentielle. Pour dresser un portrait plein de couleur et sans complaisance des dérives du continent africain, Sissoko forme des couples aussi improbables qu’explosives : il y a Rokia, sénégalaise albinos (« Je ne suis pas une Blanche, je suis albinos »), tombée amoureuse de Modibo, un griot, caste répudiée par le patriarche de la famille à Bamako. Il y a aussi la cousine malienne et Malik, 14 ans, ado vif et libéré de Paris, censé être le fer de lance de son oncle ultra-traditionnel et corrompu. Et puis, il y a les parents divisés sur la question d’obéir à la tradition ou de laisser frapper leur enfant.

« Il faut une comédie »

De l’humour malien ? « C’est de l’humour malien et français, parce que c’est un livre qui a été écrit par une Française et un Malien. » Et l’adaptation cinématographique du roman de Marie-Florence Ehret et Alpha Mandé Diarra a rencontré son public. Les spectateurs à Ouagadougou se sont beaucoup amusés lors de la première au Fespaco. Quant à Cheick Oumar Sissoko, il nous passe le message qu’il faut bien en rire de notre époque souvent si tragique. « Ah oui, il faut une comédie, même si là, ça alterne entre comédie, drame, policier et politique. Mon prochain film sera entièrement une comédie, parce qu’il y a trop de malheur, il faut commencer vraiment à rire. »

Le récit est mordant. Mustapha avait tout prévu pour gagner la présidentielle : 3 milliards de FCFA cachés dans une mallette remplie de liasses de billets devaient financer la stratégie de sa conquête. Les enfants distribuent des T-shirts à l’effigie du candidat et les adultes arrosent les décideurs du pays. Mais entre ces deux tours de l’élection présidentielle, l’enlèvement d’une observatrice française chargée de surveiller les élections crée le bazar. Commence alors une chasse aux criminels, mais aussi à toutes les dérives des sociétés africaines : « C’est la politique qui m’a emmené au cinéma, affirme Cheick Oumar Sissoko. Et moi, je souffre de la situation sur le continent africain, de ces maladies qui frappent le continent, de ces élections truquées, non transparentes, pas du tout libres. Je souffre des rites sacrificiels, de ces otages qu’on prend, ce qui constitue aussi un rite sacrificiel. Heureusement, il y a aussi l’Afrique qui bouge. Et à la fin, les enfants refusent cette atteinte grave aux droits humains et veulent changer cela. »

Un film résolument tourné vers l'avenir

Car malgré les maux affichés, ce premier film que Sissoko a réalisé en numérique est résolument tourné vers l’avenir et le message est clair : il faut apprendre, franchir les frontières et plus écouter les enfants : « Il faut laisser s'exprimer l’intelligence des enfants. Dans le film, ce gosse de la diaspora et cette fille du Mali, on voit bien qu’ils ont la même sensibilité, le même regard malgré leurs différences culturelles. Lui vient de Paris, elle vient de Bamako, l’autre vient du Sénégal, on voit bien que, à ce niveau-là, les enfants ont le même regard, la même sensibilité, ils ont les mêmes envies, les mêmes exigences pour le futur. »

Alors, après Guima (Le Tyran) en 1995 et La Genèse en 1999, un troisième Etalon d’or de Yennenga au Fespaco ? Sourire espiègle, il rétorque que pour lui c’est surtout la réponse des spectateurs du soir de la première qui lui tient à cœur : « Le public m’a dit de continuer, alors je vais continuer ».


Rfi.fr

Jeudi 5 Mars 2015 - 12:36


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