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20 ans de la CENTIF : la cellule dresse un bilan positif et se prépare pour le Gafi 2026

La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) a dressé un bilan solide et a affiné sa stratégie en vue de l'évaluation mondiale 2026. Le Sénégal a passé au crible ses risques de blanchiment et de financement du Terrorisme.



La Centif a profité de la célébration de ses 20 ans pour tenir une réunion de bilan et de préparation stratégique, mettant en lumière l'achèvement de l'Évaluation Nationale des Risques (ENR) 2025 et la feuille de route pour la troisième évaluation mutuelle du Groupe d'Action Financière (GAFI) prévue en 2026.

Les travaux ont souligné la solidité institutionnelle de la Centif, la montée en puissance de son expertise, et son rôle croissant de pôle régional dans la lutte contre le blanchiment de capitaux (BC) et le financement du terrorisme (FT).

La première séquence de la journée a été marquée par les témoignages d'anciens membres et de partenaires techniques, insistant sur les acquis majeurs de la Centif, une reconnaissance unanime de la Centif pour sa solidité institutionnelle et la montée en puissance de son expertise. Affirmant son rôle comme pôle régional, la cellule a démontré sa capacité à fédérer les acteurs nationaux et moderniser ses outils, suite à l'adoption de la loi 2024-08 du 14 février 2024 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive (LBC/FT/PADM).

Cette loi constitue le nouveau cadre juridique sénégalais en la matière et a pour objectif de renforcer considérablement le dispositif national de lutte, notamment pour répondre aux exigences du Groupe d'Action Financière (GAFI). Cette nouvelle loi apporte plusieurs modifications et renforcements majeurs, en phase avec les "Recommandations" du GAFI. Elle couvre désormais non seulement le blanchiment de capitaux (BC) et le financement du terrorisme (FT), mais aussi la prolifération des armes de destruction massive (PADM). Elle affirme le caractère autonome de l'infraction de blanchiment de capitaux, ce qui signifie qu'elle peut être poursuivie même si l'infraction sous-jacente (l'origine de l'argent) n'est pas prouvée.
 
Sanctions financières ciblées (SFC)

La L 2024-08 prévoit la mise en œuvre sans délai (délai maximal de 24 heures) des mesures de gel prises par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Elle précise l'exonération de responsabilité civile ou pénale pour les institutions financières et les EPNFD (Entreprises et Professions Non Financières Désignées) qui mettent en œuvre ces mesures de gel de bonne foi.
 
Devoir de vigilance et transparence

Interdiction des comptes anonymes ou sous noms fictifs, renforcement des obligations de vigilance à l'égard de la clientèle, y compris la connaissance du Bénéficiaire Effectif (personne physique détenant plus de 25% du capital ou des droits de vote). La loi révise l'incrimination du financement du terrorisme, en incluant spécifiquement le financement des voyages de personnes en lien avec une activité terroriste.
 
En résumé, la Loi n° 2024-08 est le nouveau pilier législatif sénégalais en matière de LBC/FT/PADM, et elle renforce considérablement les pouvoirs et les obligations de la CENTIF et des personnes assujetties (banques, notaires, assureurs, etc.) pour se conformer aux normes internationales.
 
Une étude de capitalisation a retracé les grandes étapes de la Centif, soulignant son évolution constante, rappelant l'importance de transformer les textes dans des étapes tangibles, une exigence cruciale en vue de l'évaluation de 2026.

Concernant les résultats de l'Évaluation Nationale des Risques (ENR) du Blanchiment de Capitaux (BC), du Financement du Terrorisme (FT) et du Financement de la Prolifération (FP) au Sénégal, en vue d'une évaluation mutuelle par une instance internationale comme le GAFI (Groupe d'Action Financière) ou un organisme régional de type GAFI (OFRG), le président a souligné que l'objectif consiste a comprendre les risques auxquels le pays est exposé et mettre en œuvre des réformes adaptées au contexte. L'ENR est le fondement de l'approche basée sur les risques (ABR).
 
Le dispositif national doit être conforme aux "40 Recommandations" du GAFI, qui couvrent les aspects techniques (lois, textes réglementaires, etc.) et l'efficacité (l'impact réel du dispositif). La "Recommandation 1" du GAFI exige des pays qu'ils comprennent leurs risques. C'est un exercice où des experts d'autres pays ou d'organismes de type GAFI (comme le GIABA pour l'Afrique de l'Ouest) viennent évaluer le dispositif national, à la fois pour la conformité technique et l'efficacité (mesurée à travers « 11 "Résultats Immédiats", ou "Immediate Outcomes" ».

L'ENR présentée est une mise à jour de l'exercice initial, réalisée en 2025 et basée sur une méthodologie dédiée et équivalente. L'évaluation s'est basée sur des données de démonstration récentes (l'adhésion) et des données contextuelles/statistiques. Le pays a évolué d'une méthodologie basée sur la Banque Mondiale (2017) à une méthodologie dédiée (réalisée/mise à jour en 2022 et adoptée en juillet).
 
Facteurs contextuels 

Le poids du secteur financier sur l'économie. La circulation du numérique et des espèces (une caractéristique forte de l'économie). La réunification des personnes privilégiées (coopération communautaire). Le pays a été retiré d'une liste (probablement la liste grise du GAFI).
 
Menaces, vulnérabilités et niveau de risque

L'analyse des menaces et des vulnérabilités a permis de classer l'exposition du pays, "risque de Blanchiment de Capitaux (BC), evalué comme moyen, risque de financement du terrorisme (FT) évalué comme faible, risque de financement de la prolifération évalué comme faible".

Menaces prévalentes et tendances

L'analyse a permis d'identifier les dix infractions les plus prévalentes et leurs tendances infraction. Tendance observée, « Fraude/Escroquerie, forte croissance du trafic de Drogue, baisse constatée depuis 2022 de la cybercriminalité, forte croissance et prévalence de de la corruption mentionnée parmi les infractions prévalentes. Les menaces liées à la cybercriminalité sont en forte progression et nécessitent une vigilance accrue.
 
Secteurs et risques 
 
Les secteurs comme le secteur financier ou les professions juridiques ont vu leur risque évoluer à la baisse grâce aux mesures et dispositifs de contrôle mis en place. Le secteur du bâtiment (construction) est à risque moindre.
 
L'évaluation a abouti à l'élaboration et à l'adoption d'un Plan de Remédiation des Risques (PRR), l'étape logique après la compréhension des risques. Six axes stratégiques du PRR  ont ete retenus. Il s'agit du renforcement du cadre réglementaire. "Renforcement du dispositif de supervision et de la performance.

Mise en avant des obligations de vigilance (par les entités assujetties). Renforcement du contrôle des cas supérieurs (ex. : par la commission bancaire). Accélération des enquêtes et de la répression (par le système de justice et les enquêteurs). Formation et sensibilisation de tous les acteurs (autorités, secteurs assujettis, société civile, médias)".
 
Mesure de l'efficacité

L'évaluation mutuelle examinera la traduction de ces mesures en "Résultats Immédiats"(RI).
 RI 1 (Évaluation des Risques), les experts vérifieront que le pays évalue régulièrement et met à jour son ENR (l'exercice de 2025 prouve cette régularité).
 
RI 3 (Contrôle et Supervision) : Les experts apprécieront si les autorités de contrôle (banques, assurances, etc.) effectuent un contrôle basé sur l'approche par les risques, ciblant les établissements les plus risqués et appliquant des sanctions proportionnées.
 
RI (des Enquêtes et Poursuites), les experts vérifieront si les services d'enquête mènent des enquêtes parallèles sur le blanchiment et si les résultats de la justice sont probants.
 
Sanctions financières ciblées (FT/FP)

l'utilisation d'outils comme la plateforme E.Delta pour balayer les listes de sanctions des Nations Unies démontre la mise en œuvre de mesures préventives contre le Financement du Terrorisme et de la Prolifération.  M. Siby a souligné que le dispositif national est mieux préparé et de plus en plus aligné sur les normes internationales, avec des données plus complexes et affinées, "même si l'analyse par secteur montre encore des zones de risques (rouge, orange) et quelques zones vertes". L'objectif final est de préserver l'espace commun économique et financier.

Vulnérabilités et facteurs de contexte

L'ENR a pris en compte des facteurs structurels spécifiques au pays, « circulation du numéraire. L'économie est fortement marquée par la circulation des espèces, ce qui est considéré comme une caractéristique à prendre en compte ». Dans le secteur financier, « le risque le secteur est évalué comme moindre ou faible, notamment pour le transfert de fonds ». Par ailleurs, le risque pour les professions juridiques a également été évalué à un niveau moindre.

La préparation à l'évaluation mutuelle (EM) 2026

L'évaluation mutuelle est un exercice mondial mené par les organismes régionaux de type GAFI (en l'occurrence le GIABA pour l'Afrique de l'Ouest, visant à vérifier la conformité et l'efficacité du dispositif national. Les experts évalueront deux aspects principaux basés sur les 40 recommandations du GAFI notamment la conformité technique. Le pays a-t-il mis en place les lois, les règlements et les institutions nécessaires ? L’ efficacité, le dispositif mis en place produit-il les résultats escomptés ?

L'ENR de 2025 répond au résultat immédiat qui exige que les risques soient régulièrement évalués. L'efficacité est également mesurée par la capacité des autorités de contrôle à appliquer une approche basée sur les risques et par la performance des autorités chargées des enquêtes et de la justice.

Suite à l'ENR, un Plan de remédiation pour risque a été élaboré et adopté. Ce plan comporte six axes stratégiques visant à corriger les lacunes identifiées et à améliorer le dispositif.

L'axes du PRR consistent au renforcement du cadre réglementaire, au renforcement du dispositif de supervision et a mettre en avant des obligations de vigilance, au rapprochement du contrôle des cas supérieurs, à l'accélération de la gestion et de la contestation (des dossiers), à la formation et sensibilisation de tous les acteurs (gouvernement, secteur privé, société civile, médias). L'objectif de ce plan est de s'assurer que tous les acteurs agissent et orientent leurs actions selon le profil de risque identifié par l'ENR.

 Coopération et mobilisation collective

Le Lieutenant-Colonel des douanes, Babacar Amadou Dieg, directeur des Enquêtes administratives et Financières de la Centif, a rappelé que le Sénégal, en coordination avec le Comité National anti-BC/FT, est engagé dans une mobilisation collective. Il a réitéré l'importance de cette coopération pour préserver l'intégrité et la stabilité économique et financière mondiale, soulignant que l'idée est d'orienter les ressources vers les risques les plus élevés, puisque les ressources ne sont jamais suffisantes.


Vendredi 28 Novembre 2025 - 00:08


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