Ousmane a 73 ans. Il vient de ce village sur le lac Tchad qui partage l'histoire de nombreux autres villages de la région. Un matin avant le lever du jour, une horde de plusieurs centaines d'éléments de Boko Haram déferle et massacre militaires et civils. Le 25 avril dernier, l'attaque de Karamga avait fait des dizaines de morts.
Ousmane se souvient. C'était un samedi. « On a pu quitter Karanga le jour de l'attaque. On était partis à la mosquée à 5h du matin pour prier, raconte-t-il. Et au moment de rentrer à la maison, l'attaque a commencé. J'ai couru chez moi pour aller chercher ma femme, les enfants et les petits-enfants. Mais une fois arrivé, ma femme était déjà partie chez un voisin avec les petits-enfants. La maison était en flammes. Elle était en train de s’écrouler. Je ne suis parti avec rien d'autre que ce que je portais sur moi comme vêtements. On s'est enfui avec les enfants. »
Quand les pillages et coups de feu cessent, les insurgés rassemblent les villageois pour un prêche. « Dans le prêche, ils ont dit de ne pas suivre les mécréants, se souvient-il. Ils nous ont dit qu'on devait venir avec eux, qu'ils allaient nous donner à manger, subvenir à nos besoins. Ils nous ont dit : partout où vous serez avec nous, vous n'aurez rien à craindre. Parce que nous sommes d'ici jusqu'à la Libye. Même jusqu'à l'Inde. »
Ousmane et sa famille ont profité du prêche pour s'enfuir. Deux jours de pirogue, trois jours de marche. Puis un voyage en camion jusqu'à Kabelawa où ils patientent écrasés par la chaleur et l'ennui.
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