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Affaire Farba Ngom : éviter le piège politique



L’affaire Farba Ngom s’est imposée comme un nouveau défi pour le nouveau pouvoir, mettant à l’épreuve sa capacité à maintenir la séparation entre justice et politique. Cette affaire survient dans un contexte politique où la confiance des citoyens envers les institutions doit être rétablie. Après l’avènement du tandem Sonko-Diomaye, et dans la promesse de bouleverser l’ordre établi, les autorités actuelles ont proclamé une volonté de redresser les finances publiques, avec une attention particulière portée sur la lutte contre la corruption et la gestion opaque des ressources publiques.

Farba Ngom, député et maire d'Agnam, est l'une des figures les plus emblématiques de l'ancien régime. Ancien soutien de l’ex-président Macky Sall, il est désormais accusé de détournements massifs de fonds publics. Ce qui en fait la cible d’une enquête judiciaire menée par le Pool financier judiciaire. Cet épisode pourrait être perçu comme un tournant dans la politique sénégalaise. Dans un pays où les affaires de corruption sont souvent politisées au point de semer la confusion parmi les citoyens.

Avant d’être rattrapé par la justice, Farba Ngom incarnait l’influence du pouvoir sur la scène politique sénégalaise. Il se vantait d’avoir les clefs du système, capable de faire et défaire des ministres selon son bon vouloir. Cette position d'antan ne l’a pas empêché de devenir une cible privilégiée dans un contexte où les nouvelles autorités ont promis d’en finir avec l’impunité. L’annonce de la mise en place du Pool financier judiciaire, le 17 septembre dernier, a fait naître de grands espoirs dans une société lasse des scandales de corruption et des détournements de fonds publics qui ont marqué les dernières décennies.

Cependant, cette affaire pourrait bien se retrouver dans une situation complexe : celle de la politisation de la justice. La proximité de Farba Ngom avec le pouvoir de l'ancien Président Macky Sall pourrait donner des relents à un procès politique si jamais sa culpabilité est prouvée. Si les autorités du tandem Sonko-Diomaye réussissent à mener cette enquête avec une impartialité exemplaire, elles devront néanmoins éviter les écueils de la manipulation politique. La tentation de transformer cette affaire en arme contre des adversaires politiques pourrait nuire à l’image du gouvernement et entacher son discours sur la moralisation de la vie publique.

Les dangers de la politisation
L’affaire Farba Ngom risque de se transformer en un terrain miné, où chaque mouvement judiciaire serait scruté et interprété comme un acte politique. Dès les premières étapes de l'enquête, l’ancien protégé de Macky Sall a tenté de se défendre, qualifiant les accusations de machination destinée à le détruire. Ce discours trouve un écho parmi ses partisans, qui voient dans cette affaire une tentative d’élimination politique. 
La société sénégalaise, elle, semble prise entre deux feux. D'un côté, une majorité de citoyens souhaite voir la justice faire son travail sans ingérence politique, et de l'autre, une méfiance grandissante face à des manœuvres politiques qui pourraient instrumentaliser les institutions judiciaires. Il ne faut pas oublier que des affaires similaires ont déjà été politisées par le passé, souvent au détriment de la confiance des citoyens envers les autorités.

Au-delà de l’affaire Farba Ngom, d'autres dossiers de corruption et de détournements de fonds restent en suspens. Ces affaires, en plus de la problématique Farba Ngom, soulignent l’importance d’un cadre judiciaire indépendant, capable de trancher sans considération politique. Si les autorités actuelles échouent à démontrer leur capacité à mener une justice équitable, elles risquent de voir leurs promesses de transparence et de gouvernance vertueuse se dissiper dans les méandres de la manipulation politique.

L’affaire Farba Ngom est donc une épreuve décisive pour le tandem Sonko-Diomaye et pour le système judiciaire sénégalais. S’il est légitime de vouloir punir les auteurs de malversations financières, il est tout aussi fondamental que cette lutte contre la corruption soit menée avec rigueur et sans arrière-pensées politiques. En évitant de tomber dans le piège de la politisation, les autorités sénégalaises peuvent espérer renforcer la confiance de la population dans leurs institutions et prouver qu’il est possible d’agir avec droiture, probité et exemplarité, comme le prône leur devise : Jubb Jubbal Jubanti (droiture, probité et exemplarité).


 

Babou Diallo

Vendredi 17 Janvier 2025 - 01:43


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