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Bombardement de Bouaké : Alliot-Marie et Villepin n'expliquent pas le mystère des suspects relâchés

Comme celui de Michel Barnier la veille, les témoignages des anciens ministres Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin n'ont pas permis, mardi, d'expliquer l'étrange impunité dont ont bénéficié les auteurs présumés du bombardement qui a tué neuf soldats français à Bouaké, en 2004.



La France a-t-elle tout fait pour rechercher les auteurs du bombardement qui a tué neuf de ses soldats à Bouaké, en novembre 2004 ? En charge du portefeuille de la Défense, Michèle Alliot-Marie était à l'époque en première ligne. À la barre de la cour d'assises de Paris, elle a tenté d'expliquer une nouvelle fois, mardi 13 avril, comment elle s'est mobilisée après la pire attaque subie par l'armée française depuis vingt ans.

Au centre des préoccupations des juges, la journée du 16 novembre 2004, dix jours après le bombardement meurtrier de l'aviation ivoirienne, où le Togo a proposé à la France de lui livrer huit mercenaires biélorusses en fuite, dont des pilotes soupçonnés de l'avoir mené. Parmi eux figure Yury Sushkin, qui a dirigé le raid et fait partie des trois accusés jugés en leur absence car introuvables.

"Il fallait que le drame de Bouaké ne se reproduise pas à un autre endroit"

Contrairement à ses collègues d'alors, Michel Barnier (Affaires étrangères) et Dominique de Villepin (Intérieur), Michèle Alliot-Marie ne nie pas avoir été informée de la proposition togolaise de livrer les pilotes. Mais, visiblement mal à l'aise, elle hésite dans ses souvenirs et indique même avoir été informée à deux moments différents de cette arrestation.

La deuxième fois, raconte-t-elle, "j'ai dit, cette fois-ci on les récupère". "Mais là, on m'a dit qu'il y avait un problème" juridique, "je ne sais pas qui au cabinet estimait que ce n'(était) pas possible". Puis elle livre une information inédite : "J'ai demandé s'il y avait possibilité de monter une opération de la DGSE pour les récupérer. Je m'en souviens, c'était un après-midi et j'ai eu la réponse le lendemain matin : ils sont déjà repartis".

La cour s'étonne de ses propos, notamment sur un obstacle juridique et rappelle au témoin que la cheffe de la direction juridique de son ministère à l'époque, Catherine Bergeal, qui a témoigné au procès, et le conseiller juridique de son cabinet, David Sénat, interrogé pendant l'instruction, ont tous les deux affirmé n'avoir jamais été saisis de cette question.

Comme d'autres responsables de l'époque, Michèle Alliot-Marie souligne qu'elle devait surtout gérer à l'époque le "chaos" provoqué par le bombardement de Bouaké et la destruction, en représailles, par Paris de l'aviation ivoirienne, à l'origine de violentes manifestations anti-françaises.

"C'est facile quand on est ici à Paris de dire on aurait pu faire ceci, faire cela. J'avais des militaires sur le terrain et des milliers de Français à évacuer, il fallait que le drame de Bouaké ne se reproduise pas à un autre endroit, c'est ça qui était important", plaide-t-elle.

"La priorité numéro 1 n'était pas la priorité juridique. D'autres auraient pu réagir" sur la question des suspects, souligne la ministre en égratignant au passage Michel Barnier, qui a témoigné ne pas avoir été informé de l'épisode togolais bien que son ambassadeur à Lomé ait envoyé un télégramme sur le sujet. "J'ai trouvé ça étrange", glisse Michèle Alliot-Marie.


Interrogé lundi par la cour, Michel Barnier avait expliqué qu'il avait été tenu à l'écart du dossier ivoirien par l'Élysée car ce dossier concernait avant tout "les militaires". Plus tôt mardi, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Dominique de Villepin, a écarté toute responsabilité dans l'épisode togolais.

L'un des policiers de l'ambassade française à Lomé, rattaché au service du coopération du ministère de Dominique de Villepin, avait pourtant été informé par les Togolais et avait fait remonter l'information en France.

Dominique de Villepin assure ne pas avoir reçu cette information et souligne qu'en tant que "ministre de l'Intérieur, et pas de l'extérieur", il n'était ni "concerné", ni "informé" des évolutions de la crise ivoirienne, et donc pas non plus des "dysfonctionnements" français dans l'enquête.

"L'information a été transmise à deux ministère et a été traitée. On peut ne pas aimer la réponse mais elle a été faite et assumée", résume-t-il à l'adresse de ses deux anciens collègues du gouvernement. Les plaidoiries des parties civiles sont prévues mercredi, avant le réquisitoire et le verdict, attendu jeudi ou vendredi.

France24

Mercredi 14 Avril 2021 - 14:50


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