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Chronique: Le syndrome filial



Chronique: Le syndrome filial
Beaucoup de Sénégalais suivaient particulièrement l’élection présidentielle gabonaise. Cet intérêt accru était en réalité, au-delà des similitudes linguistiques et monétaires partagées, par la mise à l’épreuve du fils du défunt chef de l’Etat Oumar Bongo Ondimba.

La tournure et l’issue de ce scrutin ne pouvaient laisser indifférent au Sénégal où le même scénario est envisageable à la lecture des actes posés depuis quelques années.

Aujourd’hui, certains se disent que si ça a marché au Gabon, au Togo et en RDC, ça va certainement encore donner des idées chez nous où la même intention est alléguée ou avérée. Avec Joseph Kabila, Faure Eyadema et aujourd’hui Ali Bongo, un processus de dévolution dynastique du pouvoir s’installe en Afrique faisant peser une hypothèque sur une démocratie encore balbutiante. Le syndrome est d’autant plus pernicieux qu’il se drape de tous les atours formels du système démocratique. Les successeurs se font adouber lors d’élections jugées régulières par des instances nationales et internationales. Ce qui ôte, de fait, tout crédit aux contestataires considérés comme de mauvais perdants après la sanction dite populaire.

Si le dossier gabonais est intéressant pour les Sénégalais, c’est parce qu’il ressemble à s’y méprendre au schéma en cours. L’intéressé est préparé aux plus hautes fonctions par des moyens institutionnels et matériels qui font de lui, le moment venu, le candidat idéal et quasiment imbattable.

De même, l’agitation de la suppression du second tour au Sénégal n’est pas anodine en ce sens qu’elle tente de simplifier, comme au Gabon où il n’existe qu’un seul tour, une réalité et des règles d’élections plutôt complexes.

La position floue et fluctuante du PR (père) sur la question renseigne également sur la profondeur de la stratégie utilisée. Sans l’air d’y toucher, Oumar Bongo mettait en selle son protégé. « Quand je m’en irai, si mon fils veut faire de la politique, ce sera à lui de se débrouiller, de se faire élire au suffrage universel», disait- il dans Jeune Afrique en 2005 alors qu’il lui avait ouvert un boulevard vers le Palais du bord de mer ! Les présidents se défendent, souvent, de vouloir se faire succéder par leurs enfants mais les aiguillonnent dans ce sens.

Au Sénégal, les dénégations ne sont pas aussi absentes. Mais la place accordée au fils du chef de l’Etat, dont Jeune Afrique dit qu’il est très proche de l’héritier présidentiel Ali Bongo, corrobore la tentation du sommet. Conseiller spécial, Président Anoci et Ministre d’Etat. Ce n’est pas une trajectoire gratuite. Sauf que comparaison n’est pas forcément raison. Les élections locales du 22 mars qui ont été fatales à des ambitions royales ont montré que tout n’était pas permis. Cependant, il ne faut pas se leurrer en oubliant la force manœuvrière du président Wade. Il n’a pas l’habitude de lâcher prise à la première escarmouche. S’il veut réellement être remplacé par son « bout de bois de Dieu », il n’en démordra pas facilement. Que ses adversaires et contempteurs se le tiennent pour dit. Les « contes et mécomptes » des délestages, des inondations ou de l’insécurité peuvent être des tirs de barrages qu’il essuie pour reprendre la guerre et protéger ses arrières. On n’est pas opposant en 26 ans pour rien. Time will tell !

Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com

Abdoulaye Sylla

Mardi 8 Septembre 2009 - 15:25


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