A Madinat Nasr, tout le monde semble acquis à la cause du mouvement islamiste. Les portraits du président Mohamed Morsi, renversé par les militaires, sont toujours accrochés partout et des slogans hostiles à l’armée sont tagués sur les murs. Dans cet endroit, la mobilisation a bien eu lieu. Mais comme pour le reste des mouvements de contestation, elle a manqué de visibilité. Les Frères musulmans, dont la majorité des chefs sont en fuite ou derrière les barreaux, ont eu du mal à convaincre leurs partisans de se diriger vers les grandes places du Caire.
À un moment, ils y ont bien songé. Leur cortège a voulu converger vers la place voisine de Rabaa al-Adawiya. Mais l’idée, trop risquée, a été vite abandonnée, et les manifestants ont passé une bonne partie de l’après-midi à faire le tour des pâtés de maisons.
Remonter le moral des troupes
Plus tard dans la soirée, les Frères musulmans ont réussi à faire sur Internet ce qu’ils ont échoué à concrétiser sur le terrain, c'est-à-dire présenter leur mobilisation comme une grande réussite. Ils ont parlé de millions de personnes rassemblées dans les différents quartiers du Caire et autant dans les autres provinces de l’Égypte.
Ce discours des Frères musulmans, visant à remonter le moral des troupes, ne tient donc pas compte de la défection d’une grande partie des sympathisants, échaudés par les violences de vendredi dernier mais aussi par une confrérie privée de ses principaux dirigeants et surtout, de ses cadres moyens, ceux qui organisent et font le vrai travail de terrain.
Ce revers se situe également au niveau de l’image. Les manifestations n’ont pas été massives pour forcer les télévisions proches du pouvoir à les couvrir. Celles-ci ont entre temps passé en boucle des morceaux choisis d’islamistes armés et de cheikhs aux discours menaçants sous le label « l’Egypte contre le terrorisme ». Un battage médiatique qui porte ses fruits : selon un sondage, 67% des Egyptiens approuvent la manière dont les sit-in Frères musulmans ont été dispersés.
-
RDC: huit militaires condamnés à mort pour «lâcheté» et «fuite devant l'ennemi»
-
RDC: les bataillons «Jungle», des spécialistes du combat en forêt équatoriale formés par la France
-
«Les Béninois ont faim»: au Bénin, plusieurs rassemblements pour protester contre la vie chère
-
Tchad: le Nord, grand oublié de la campagne présidentielle
-
Burkina Faso: une organisation de la société civile demande à la CPI d'enquêter sur la situation sécuritaire