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France : l'Arche de Zoé en procès, cinq ans après

Le procès de l'Arche de Zoé débute ce lundi 3 décembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Le 27 octobre 2007, les responsables de cette association humanitaire avaient tenté d'embarquer, à partir du Tchad vers la France, 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour. Arrêtés in extremis et condamnés par la justice tchadienne, ils avaient finalement été graciés par le président Idriss Déby le 31 mars 2008. C'est donc le procès du « volet français » de l'affaire qui s'ouvre aujourd'hui. Mais les deux principaux protagonistes devraient être absents.



France : l'Arche de Zoé en procès, cinq ans après
Le président de l'Arche de Zoé, Eric Breteau, et sa compagne Emilie Lelouch sont mis en examen pour exercice illicite de l'activité d'intermédiaire en vue d'adoption, tentative d'aide à l'entrée irrégulière de mineurs étrangers en France, et escroquerie. Quatre autres membres de l'Arche de Zoé sont également poursuivis : Christophe Letien, présenté par la justice comme « le trésorier de fait » de l'association, le logisticien Alain Péligat, le médecin Philippe Van Winkelberg et la journaliste Marie-Agnès Pelleran. En face, elles ne sont pas nombreuses mais elles veulent aller jusqu'au bout : une dizaine de familles d'accueil (sur plus de 250 au total) ont porté plainte contre l'Arche de Zoé. Citane Ferrer et son mari en font partie. Au total, ils affirment avoir dépensé plus de 2 300 euros dans ce projet.

« Ils nous ont volé notre humanité »

« On a connu l'Arche de Zoé par une annonce internet qui disait : "en ce moment, toutes les cinq minutes, un enfant meurt au Darfour, nous pouvons en sauver au moins mille" », témoigne Citane Ferrer. « Nous, nous étions dans une démarche d'accueil, l'idée était avant tout de sauver un enfant d'une mort quasi certaine. On leur a téléphoné, on nous a proposé une réunion d'informations quelques jours après, et là, on nous a passé un petit film... On a tout fait pour nous séduire, pour que l'on rentre à fond dans ce projet. Il y avait des personnes qui posaient des questions : "Ces enfants seront ils adoptables?". Il a été dit, que rien, légalement, n'empêchait d'adopter une pupille de l'Etat. (...) En quelques mois, c'est comme s'ils nous avaient volé notre humanité. Ils ont tellement joué sur nos sentiments humains... »

L'association a-t-elle promis que les enfants seraient adoptables? Et ces enfants étaient-ils tous orphelins, et Soudanais? Ce sont les grandes questions qui seront abordées au procès. Le président de l'Arche de Zoé, lui, a toujours clamé sa bonne foi.

« Ce sont des orphelins. Et du Darfour », assurait Eric Breteau à sa sortie de prison en 2008. « Je suis sûr autant qu'on puisse l'être. On nous a présenté plus de 300 enfants. Emilie Lelouch en a accueillis la majeure partie. A partir du moment où un chef de village m'explique que cet enfant est orphelin, qu'il connait la situation de ses parents, qu'il sait que ses parents sont décédés tel jour, telle heure, tel endroit, dans telle circonstance, le discours du chef de village est crédible, et le discours de l'enfant confirme le discours du chef de village. »

Changement de vie

De source judicaire, Eric Breteau et Emilie Lelouch ne devraient pas être présents au procès. Ils ont changé de vie, ils vivent aujourd'hui en Afrique du Sud. Malgré nos nombreuses sollicitations, leur avocate Maître Céline Lorenzon n’a pas souhaité s’expliquer. Cette absence annoncée est en tout cas une déception pour les parties civiles. Aux côtés des familles d'accueil, quatre bénévoles ont porté plainte pour escroquerie. Ils affirment qu'ils n'étaient pas au courant des risques de l'opération, notamment du fait que les autorités tchadiennes n'étaient pas informées du projet de départ des enfants.

« Ils estiment que l'Arche de Zoé et Eric Breteau ont tout fait pour les amener à partir » explique maître Jean-Baptiste Rozès, l'avocat des bénévoles qui ont porté plainte. « S'ils avaient su la vérité, ils ne seraient jamais partis. Ils se sont sentis complètement floués. Quand ils sont revenus, ils sont passés de bénévoles avec une bonne image d'altruistes à l'image de voleurs d'enfants. Et aujourd'hui encore, leur entourage, même proche, se demande s'il n'y a pas une part de vérité. »

De leur côté, les bénévoles sur le banc des accusés se défendent d'avoir participé à une opération illégale. Maître Simon Miravete défend Christian Letien, membre de l'association, resté en France, et le logisticien Alain Péligat. Ils sont poursuivis notamment pour tentative d’aide à l’entrée illégale sur le territoire français. Selon Me Miravete, « leur idée commune était d'aider au rapatriement d'enfants en danger au Darfour. C'est la bonne foi la plus totale qui présidait à l'époque à cette opération. L'intention frauduleuse qui est nécessaire pour caractériser le délit en question n'est pas relevée en l'espèce, puisqu'un collectif d'avocats avait validé l'opération comme étant parfaitement légale. »

Six audiences sont prévues jusqu'à mi-décembre. Les anciens membres de l'Arche de Zoé encourent 10 ans de prison et 750 000 euros d'amende.
Source: RFI


Lundi 3 Décembre 2012 - 11:01


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