Après la violation de son espace aérien par trois MiG-31 russes au-dessus du golfe de Finlande, vendredi 19 septembre, Tallinn a franchi un cap inédit : pour la première fois depuis son adhésion aux Nations unies, Tallinn a saisi le Conseil de sécurité, qui s’est réuni lundi à New York, avant une réunion à Bruxelles des 32 pays membres de l'Otan. Pour l’Estonie, il s’agit d’une « violation flagrante », symptôme d’une escalade russe régionale et mondiale. Moscou, de son côté, nie toute infraction. Mais cet incident, loin d’être isolé, souligne combien ce couloir maritime et aérien, vital pour Moscou, est devenu l’un des points les plus sensibles d'Europe.
Long de 400 km et large de 150 km, le golfe de Finlande est bordé par la Finlande au nord, l’Estonie au sud et la Russie à l’est. Depuis la fin de la guerre froide et l’éclatement de l’URSS, il constitue le seul accès direct de la Russie à la mer Baltique, avec l’enclave de Kaliningrad, coincée entre la Lituanie et la Pologne, à laquelle ce corridor assure d’ailleurs une continuité maritime.
Au fond du golfe s’ouvre l’embouchure de la Neva et la région de Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie et centre économique majeur, où les ports de Primorsk et d’Oust-Louga concentrent à eux seuls près de 35% du commerce maritime russe en Baltique. Pour sortir de ce couloir, les navires russes doivent emprunter l'étroit chenal que constituent les eaux internationales, entre les eaux finlandaises et estoniennes.
Situation « volatile »
C’est aussi par ce corridor que transite une partie de la « flotte fantôme » de pétroliers utilisés pour contourner les sanctions occidentales. « La Russie exporte plus d’un tiers de son pétrole et de ses produits pétroliers via la mer Baltique, pointe Ulla Tapaninen, professeur de transport maritime à l’Université de Tallinn. Cela signifie qu’une part significative du budget russe pour la guerre en Ukraine provient de la vente de pétrole à d’autres pays. » La zone, qui abrite plusieurs infrastructures pétrolières russes, a d’ailleurs été ciblée le 12 septembre par une attaque de drones ukrainiens contre le terminal de Primorsk, provoquant un incendie et l’arrêt temporaire des opérations.
Mais la Russie n’est pas la seule à dépendre de cette voie maritime. C'est par les ports du golfe, en particulier celui d’Helsinki, que passe l'essentiel des flux finlandais, tandis que le port de Tallinn reste le premier hub maritime estonien.
« Le golfe de Finlande est très fragile. Les chenaux sont étroits, la mer est peu profonde et il gèle tous les hivers », rappelle Ulla Tapaninen, professeure de transport maritime à l’université de Tallinn. La zone abrite aussi des infrastructures énergétiques et des câbles de télécommunication. Un espace dense et complexe où la moindre perturbation peut avoir répercussions économiques et sécuritaires importantes.
« La situation s’est d’autant plus aggravée que la guerre de haute intensité livrée par la Russie contre l’Ukraine a convaincu la Finlande et la Suède de rejoindre l’Otan, souligne Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut français de géopolitique : désormais, la totalité des États de la région balto-scandinave est dans [l'Alliance] ». Ce qui accentue le sentiment pour la Russie d’être encerclée dans « une mer otanienne », comme la qualifient certains experts.
Autant de facteurs qui font du golfe de Finlande l’une des zones « les plus explosives », ou du moins « volatiles », d’Europe. « C’est ici que l’Occident frotte vraiment la Russie, où nos intérêts économiques se croisent », résume Tony Lawrence, expert au sein de l’International Centre for Defence and Security (ICDS) de Tallinn.
Centre de la guerre hybride
Au-dessus du golfe, l’espace aérien est aussi un enchevêtrement de routes aériennes civiles et de corridors militaires étroits, notamment ceux empruntés par les avions russes vers Kaliningrad. Cette proximité favorise le risque d’incidents et d'escalade, d’autant que, dans ce contexte de tensions, le moindre écart est perçu comme une provocation majeure.
En janvier 2024, un Su-24 avait déjà franchi la frontière aérienne finlandaise ; à l’été 2023, Moscou avait multiplié les manœuvres avec tirs réels au-dessus de la Baltique. L’incursion du 19 septembre s’inscrit dans cette série « d'incidents qui peuvent dégénérer rapidement et dangereusement, d'autant plus que nous n'avons plus de forums pour dialoguer avec la Russie comme pendant la guerre froide », souligne Tony Lawrence.
Long de 400 km et large de 150 km, le golfe de Finlande est bordé par la Finlande au nord, l’Estonie au sud et la Russie à l’est. Depuis la fin de la guerre froide et l’éclatement de l’URSS, il constitue le seul accès direct de la Russie à la mer Baltique, avec l’enclave de Kaliningrad, coincée entre la Lituanie et la Pologne, à laquelle ce corridor assure d’ailleurs une continuité maritime.
Au fond du golfe s’ouvre l’embouchure de la Neva et la région de Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie et centre économique majeur, où les ports de Primorsk et d’Oust-Louga concentrent à eux seuls près de 35% du commerce maritime russe en Baltique. Pour sortir de ce couloir, les navires russes doivent emprunter l'étroit chenal que constituent les eaux internationales, entre les eaux finlandaises et estoniennes.
Situation « volatile »
C’est aussi par ce corridor que transite une partie de la « flotte fantôme » de pétroliers utilisés pour contourner les sanctions occidentales. « La Russie exporte plus d’un tiers de son pétrole et de ses produits pétroliers via la mer Baltique, pointe Ulla Tapaninen, professeur de transport maritime à l’Université de Tallinn. Cela signifie qu’une part significative du budget russe pour la guerre en Ukraine provient de la vente de pétrole à d’autres pays. » La zone, qui abrite plusieurs infrastructures pétrolières russes, a d’ailleurs été ciblée le 12 septembre par une attaque de drones ukrainiens contre le terminal de Primorsk, provoquant un incendie et l’arrêt temporaire des opérations.
Mais la Russie n’est pas la seule à dépendre de cette voie maritime. C'est par les ports du golfe, en particulier celui d’Helsinki, que passe l'essentiel des flux finlandais, tandis que le port de Tallinn reste le premier hub maritime estonien.
« Le golfe de Finlande est très fragile. Les chenaux sont étroits, la mer est peu profonde et il gèle tous les hivers », rappelle Ulla Tapaninen, professeure de transport maritime à l’université de Tallinn. La zone abrite aussi des infrastructures énergétiques et des câbles de télécommunication. Un espace dense et complexe où la moindre perturbation peut avoir répercussions économiques et sécuritaires importantes.
« La situation s’est d’autant plus aggravée que la guerre de haute intensité livrée par la Russie contre l’Ukraine a convaincu la Finlande et la Suède de rejoindre l’Otan, souligne Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut français de géopolitique : désormais, la totalité des États de la région balto-scandinave est dans [l'Alliance] ». Ce qui accentue le sentiment pour la Russie d’être encerclée dans « une mer otanienne », comme la qualifient certains experts.
Autant de facteurs qui font du golfe de Finlande l’une des zones « les plus explosives », ou du moins « volatiles », d’Europe. « C’est ici que l’Occident frotte vraiment la Russie, où nos intérêts économiques se croisent », résume Tony Lawrence, expert au sein de l’International Centre for Defence and Security (ICDS) de Tallinn.
Centre de la guerre hybride
Au-dessus du golfe, l’espace aérien est aussi un enchevêtrement de routes aériennes civiles et de corridors militaires étroits, notamment ceux empruntés par les avions russes vers Kaliningrad. Cette proximité favorise le risque d’incidents et d'escalade, d’autant que, dans ce contexte de tensions, le moindre écart est perçu comme une provocation majeure.
En janvier 2024, un Su-24 avait déjà franchi la frontière aérienne finlandaise ; à l’été 2023, Moscou avait multiplié les manœuvres avec tirs réels au-dessus de la Baltique. L’incursion du 19 septembre s’inscrit dans cette série « d'incidents qui peuvent dégénérer rapidement et dangereusement, d'autant plus que nous n'avons plus de forums pour dialoguer avec la Russie comme pendant la guerre froide », souligne Tony Lawrence.
Autres articles
-
Saint-Louis : 96 migrants secourus au large par la Marine nationale
-
Kolda : 50 enfants bénéficient d’un camp de chirurgie pédiatrique au centre hospitalier régional
-
Sacré-Cœur : il se dit « possédé » et se fait dépouiller de 164 000 FCFA
-
Transports en commun : AFTU annonce une baisse des tarifs
-
Orpaillage clandestin : vaste opération de la gendarmerie à Bembou, 411 interpellations et des matériels saisis





Saint-Louis : 96 migrants secourus au large par la Marine nationale


