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Mali : le JNIM impose un « jihad économique » en ciblant Kayes, selon Timbuktu Institute



La région de Kayes, au sud-ouest du Mali, est devenue une « cible stratégique majeure » pour le Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), qui la considère comme un espace vital. C’est ce que révèle une étude publiée le 12 septembre par le Timbuktu Institute, un centre de réflexion basé à Dakar. Cette analyse met en lumière une nouvelle approche qualifiée de « jihad économique ».

Selon le rapport, les groupes jihadistes cherchent à perturber l’approvisionnement du pays afin de « déstabiliser, voire asphyxier l’économie malienne », d’« isoler Bamako » et d’« accentuer la pression économique sur les autorités de Transition ».
 
 
Ciblage des axes vitaux

L’étude révèle que le JNIM a concentré ses attaques sur la région de Kayes, un hub économique stratégique qui représente la deuxième plus grande contribution au PIB malien derrière Bamako. La Route Nationale 1 (RN1), reliant Bamako à Dakar via Kayes et Diboli, est un axe commercial crucial, assurant environ 30% des importations terrestres du Mali, soit 2,7 millions de tonnes de marchandises par an, incluant carburant, céréales et autres biens essentiels.
 
Le corridor Bamako-Dakar est reconnu comme un pilier stratégique du commerce ouest-africain, facilitant plus de 70% des importations maliennes transitant par les ports régionaux, notamment celui de Dakar. Des incidents récents illustrent particulièrement cette stratégie.
 
D’une part, le rapport cite les attaques coordonnées sur Kayes et Diboli du 1er juillet 2025. En effet, le JNIM a lancé des attaques simultanées contre cinq positions militaires dans la région de Kayes, dont la ville de Kayes et Diboli, à 1,3 km de la frontière sénégalaise.
 
Comme à Diboli, l’attaque avait ciblé des infrastructures sécuritaires, perturbant le trafic transfrontalier. Ces assauts menés par la Katiba Macina, actuellement la faction la plus importante du JNIM, ont visé des checkpoints, des casernes et des bâtiments administratifs, montrant une volonté de paralyser les flux commerciaux. Le JNIM a temporairement pris le contrôle de plusieurs positions sans pouvoir assurer un contrôle durable, démontrant, toutefois, sa capacité à défier l’autorité de l’État malien
 
 
Pendant ce temps, le document renseigne que le JNIM renforce son emprise sur le centre du pays et prépare constamment de nouvelles actions pour mieux cibler les axes commerciaux stratégiques. C’est dans cette optique que le 3 septembre, le groupe a annoncé via un message audio en peul et en bambara, diffusé par un certain Abou Houzeifa Al-Bambari : 1) l’instauration d’un blocus sur les axes menant à Kayes et Nioro-du-Sahel, des carrefours vers le Sénégal et la Mauritanie, 2) l’interdiction d’acheminer du carburant depuis la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Sénégal et la Mauritanie, 3) la suspension des activités de la société Diarra Transport.
 

Contrôle des flux économiques
 
 D’après l’étude, ces faits indiquent qu’en ciblant les axes-clés d’approvisionnement, le JNIM perturbe l’approvisionnement de Bamako en carburant et denrées alimentaires indispensables, provoquant des hausses de prix et une insécurité alimentaire accrue (1,52 million de personnes touchées à Ménaka et dans d’autres régions).
 
Face à cette situation, l’Union des transporteurs routiers du Sénégal (UTRS) avait, dès le 2 juillet, appelé à la suspension temporaire des trajets vers le Mali, signe de la gravité de la crise.
 
 Selon le rapport, le groupe cherche ainsi à « asphyxier Bamako en coupant ses artères logistiques, forçant une dépendance accrue sur des routes secondaires souvent sous contrôle insurgé ».  
 
Pour le Timbuktu Institute, cette stratégie s’inscrit dans une logique d’emprise économique : contrôle des flux transfrontaliers, imposition de taxes sur les routes et blocus ciblés, comme cela a déjà été observé dans d’autres zones du Mali, notamment à Farabougou.
 
En ciblant la région de Kayes et ses axes commerciaux stratégiques, le JNIM cherche à renforcer son influence tout en fragilisant davantage l’État malien.

Moussa Ndongo

Vendredi 12 Septembre 2025 - 20:17


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