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Maturité : Ousmane Dia chante la démocratie à travers 365 sculptures

Artiste plasticien qui a fait ses armes à l’Ecole nationale des Beaux-Arts du Sénégal avant de s’exiler en Suisse, Ousmane Dia, ODIA, a choisi de tracer un trait d’union entre son Sénégal natal et sa terre d’exil à travers les arts. Sculpteur qui n’a pas peur de ses convictions, ODIA a décidé d’exprimer les siennes à travers sa profession. Et cette fois-ci, c’est la Galerie nationale qu’il a chois pour abriter sa première exposition qui chante le civisme et la démocratie, à travers sa «Maturité». Et ce, en choisissant l’article 10 de la Constitution du Sénégal qui en est une parfaite illustration.



Maturité : Ousmane Dia chante la démocratie à travers 365 sculptures
Chaque enfant doit apporter sa contribution pour le développement de son terroir. C’est le qualificatif qu’on pourrait donner à l’acte d’Ousmane Dia, dit ODIA, qui a décidé d’apporter sa pierre sur l’édifice de son Sénégal natal, à travers un de ses sujets qui lui sont chers : la Démocratie. En effet, l’enfant de Tambacounda (Sénégal oriental), dans sa première exposition qu’il a nommée «Maturité», qu’il va présenter à la Galerie nationale du 30 janvier au 17 février, ODIA soutient qu’il se sent enfin prêt pour ce challenge.

«C’est ma première exposition individuelle au Sénégal, j’ai eu à participer à certaines expositions collectives ici, mais je n’ai jamais fait d’expositions individuelles ici au Sénégal parce que je ne me sentais pas prêt. Quand on rentre à la maison après avoir voyagé pendant un moment, il faut vraiment être prêt pour revenir à tous les niveaux. Je voulais vraiment attendre d’avoir quelque chose à proposer aux Sénégalais, quelque chose de conséquent et concret pour pouvoir revenir.

C’est une exposition que je prépare depuis plus de deux ans, parce que j’ai fait le concept, les dessins puis les recherchés,  puis il y a deux ans j’ai commencé à coucher mes idées sur papiers. Comme je fais beaucoup plus de sculptures que de dessins et la peinture, je travaille énormément avec des architectes et des ingénieurs. Parce que depuis un certain moment, je travaille dans la sculpture monumentale.
Avec eux on a regardé ensemble les dessins, puis j’ai fait des prototypes pour commencer à voir un endroit au Sénégal qui pourrait contenir cette exposition et on m’a proposé la galerie nationale. Quand je suis entré en contact avec Awa Cheikh Diouf, moi je voulais louer l’espace pour l’expo mais elle ne l’a pas souhaitée. Ella plutôt opté pour travailler dans le cadre d’un partenariat car pour elle, cela fait plaisir que la Galerie nationale accueille ma première exposition individuelle.

C’est comme ça que le projet est parti. Et quand nous avons  trouvé le lieu, il fallait aller à la recherche de fonds. L’idée c’est de créer une installation sculpturale et je connaissais le thème sur lequel je voulais travailler», expose-t-il.
 
«Je refuse de prostituer mon travail artistique donc je fais ce que j’ai envie de faire et je dis ce que j’ai envie de dire»
 
 «Mon travail, il est politique parce que je travaille beaucoup en fonction de l’actualité et surtout, la chance que j’ai, c’est que je n’attends pas la vente de mes œuvres pour vivre. Comme je suis enseignant, j’ai un salaire qui tombe, j’arrive à vivre. Je refuse de prostituer mon travail artistique donc je fais ce que j’ai envie de faire et je dis ce que j’ai envie de dire. Je suis très libre. Et c’est pour cela que j’ai cette force de faire le travail politique que je fais.

Quand on est dans un pays comme la Suisse, qui est une des plus grandes démocraties au monde. Au Sénégal on a l’habitude de chanter la démocratie française mais moi, je dis souvent que la démocratie française, à côté de la démocratie suisse, ça n’a absolument rien à voir parce qu’en Suisse on a la démocratie directe. C’est le seul pays au monde où il y a sept présidents, plus de la moitié des Suisses ne connaissent même pas le nom de leur président parce que chaque année il change. C’est un vrai pouvoir du peuple.

Le thème de l’expo c’est «Maturité », mais l’installation sculpturale c’est «Maturité de mon peuple». J’ai voulu travailler autour de l’article 10 de la Constitution qui dit que chacun a le droit d’exposer et de diffuser librement ses idées par la parole, la plume, la marche pacifique pourvu que l’exercice de ses droits ne porte pas atteinte ni à l’honneur, ni à l’ordre public. Parce que la démocratie sénégalaise, quoi que l’on dise, est une démocratie chantée à travers le monde et c’est une manière pour moi de voir comment consolider cette démocratie.

A Tambacounda, cette ville que j’épouse et que j’adore, j’entends des gens qui, quand ils font une marche, pensent que celle-ci n’a pas réussi s’il n’y pas de casse, et moi je pense que cela devrait être l’inverse car il y a des instruments légaux qui nous permettent de marcher 365 jours par an. C’est pour cela que dans cette installation sculpturale, il y a 365 sculptures qui marchent vers un cercle de 4 mètres de diamètre. Et autour du cercle est inscrit cet article 10 de la Constitution.

C’est une manière pour moi de conscientiser et de chanter le civisme. Parce que le peuple sénégalais est très mature et il est très difficile de berner les gens».
 

Ces 365 sculptures marchent vers un cercle de 4 m de diamètre. Et au tour du cercle est inscris cet article 10 de la constitution. C'est une manière de conscientiser et chanter à la fois la démocratie.  Évidemment je suis très mal placé pour donner des leçons, loin de là. Je chante, mais aussi j’explique qu’il ne faut pas oublier que vous avez des instruments légaux. Donc vous pouvez continuer à marcher 365 jours par année, mais faites-le de manière pacifique».

Maturité : Ousmane Dia chante la démocratie à travers 365 sculptures
«Il y a beaucoup de journalistes dans l’environnement sénégalais qui sont de très grands professionnels. Par contre,  il faut dire la vérité. Il y a des brebis galeuse».

 Je suis beaucoup l’actualité. PressAfrik, je le  lis tous les jours sur le net comme la diaspora. Tout le monde le lit. L’actualité, à un moment, a été remuée par cette histoire de décriminalisation ou de dépénalisation des délits de presse. Parce que l’article 10 nous le rappelle. Vous avez le droit de vous exprimer librement, etc. mais il y a quelques contraintes. Ne pas attaquer, ne pas nuire à l’honneur des gens par exemple. Il y a beaucoup de journalistes dans l’environnement Sénégalais qui sont de très grands professionnels. Par contre,  il faut dire la vérité. Il y a des brebis galeuse. Des gens qu’on va payer pour insulter, ou pour ternir l’image de quelqu’un. Et c'est ce qui fait que ces sculptures apparaissent, comme des personnages qui sont en marche. Ils n’ont pas de bras. C’est qu’en général c’est avec la main qu’on détruit, c’est aussi avec la main qu’on construit. Aussi marcher sans pour autant faire usage de la main pour faire du mal».

Affaire Khalifa Sall

«Je fais confiance à la justice Sénégalais. On a de très grands magistrats qui ont été très bien formés. Et le reste, chacun y va avec sa conscience ».

Je pars du principe que le Sénégal à une justice qui fonctionne. Ça, c’est ma conviction personnelle. Je fais confiance à la justice sénégalaise. On a de très grands magistrats qui ont été très bien formés. Et le reste, chacun y va avec sa conscience. Je pense que le peuple est là, le peuple observe. Il y a beaucoup de personnes qui sont en attente d’en connaître l’issue. Evidemment, Khalifa Sall, c’est quelqu’un que j’ai connu. J’ai mis en place une association qui s’appelle le Collectif des Artistes Plasticiens (CAP). Et c’est une association que j’ai créée pour faire le pont entre la Suisse et le Sénégal. Donc, chaque année des artistes Suisses venaient au Sénégal rencontrer les artistes Sénégalais, et l’année suivante, les artistes Sénégalais venaient à Genève. Donc il y a eu plus de 2000 personnes qui se sont rencontrées à travers ce projet-là. Et en 2008, quand on a organisé le projet TGD 8 ici à Dakar, d’ailleurs, le président Macky Sall était au vernissage, à l’époque il était à l’Assemblée nationale, si mes souvenir sont exacts. Khalifa Sall, je suis allé le voir parce que j’avais de la peine à avoir où loger mes artistes. Donc il a mis gracieusement à la disposition des artistes la Piscine Olympique. C’est un geste assez fort. Il a été remercié. J’attends de voir, et j’y travaille  aussi. Je crois que j’ai déjà ma prochaine exposition en 2020. Et je l’ai dans ma tête. Pour moi cette exposition elle est complètement derrière moi. Je suis en train de réfléchir sur l’exposition 2020  ou j’ai envie de travailler autour de promiscuité. Il y aura tout cela dans ce travail. Khalifa, j’attends de voir l’issue pour pourvoir me prononcer».

Maturité : Ousmane Dia chante la démocratie à travers 365 sculptures
Dialogue politique 
«Si j’avais un mot à dire, c’est juste d’inviter les autorités à politiques et tous les acteurs à préserver la stabilité de ce pays-là parce que les gens vont venir».

«Je pense qu’il y a des actes qui sont en train d’être posés qui me rassurent, moi, sur l’avenir du Sénégal.
Déjà, les actes qui sont en train d’être posés, c’est déjà la maturité du peuple et cela, je pense que c’est très important. Je voyage beaucoup à travers le monde, je vois énormément de gens qui ont envi de venir, d’investir au Sénégal. D’ailleurs, pour vous dire, j’ai un ami suisse que j’ai invité à investir au Sénégal et, il l’a fait. Donc, il va ouvrir sa société, il sera là d’ailleurs le jour du vernissage… Je pense qu’il y a un environnement qui est favorable. Si j’avais un mot à dire, c’est juste d’inviter les autorités à politiques dont l’opposition, tout le monde compris, à préserver la stabilité de ce pays parce que les gens vont venir. Il faut dialoguer. Et après, le rôle de l’opposition, c’est de s’opposer et, le rôle de l’Etat, c’est de gouverner. Mais, je pense qu’ils ont intérêt à dialoguer.
 
«J’ai brièvement suivi l’exclusion de Khalifa Sall... Je ne sais pas les tenants et les aboutissements… Je l’ai suivi à la télévision… »
 
Quand j’ai créé cette installation sculpturale, mon idée principale était d’offrir cette œuvre à l’Etat du Sénégal. Donc, les 365 sculptures seront offertes à l’Etat du Sénégal pour la bonne et simple raison qu’il y a énormément de personnes qui ont collaboré autour de cette installation-là. Pour vous dire que les 365 sculptures ont été réalisées à Tambacounda. J’ai mobilisé sept (7) ateliers de menuiserie métallique. Ils ont démarré au mois de juillet passé, et ils viennent de finir. Il y a eu plus de quarante (40) personnes qui ont collaboré autour de cela concernant les menuisiers métalliques. C’était important, pour moi, de contribuer au développement de ma région. J’aurais pu acheter le matériel à Dakar, ça m’aurait éviter des aller-retours et tout le tralala.
 
Soutien de l’Etat
 «Le commissaire de l’exposition, c’est Sylvain Sankalé qui est, aujourd’hui, incontournable dans le milieu de l’Art à Dakar, qui est venu à Genève, qui a visité mon atelier et on a passé des jours ensemble. Il va écrire un texte qui va figurer dans le catalogue. Donc, l’accompagnement du ministère de la Culture, c’est la mise à ma disposition, gracieusement, de la Galerie nationale. Si le ministère de la Culture me soutient, c’est un soutien de l’Etat du Sénégal. Comme je voulais leur offrir la pièce, je ne voulais pas leur demander des sous. Je n’ai pas déposé un dossier pour avoir des fonds».
 
 
Echanges culturelles
 
Il y’a beaucoup d’échanges culturels et beaucoup d’artistes et de sculpteurs sénégalais qui viennent régulièrement à Genève. Les Africains sont très fréquents à Genève.
 
J’expose presque chaque année en Suisse avec des thèmes différents. La dernière exposition que j’ai faite, et qui vient de se terminer, j’avais mis l’accent sur la diversité culturelle parce que la Suisse, c’est un pays qui a quatre (4) langues nationales et, qui fonctionne malgré cela. Ce qui m’a marqué. C’est aussi un pays avec la quasi-totalité de toutes les nationalités de la planète.


Mercredi 17 Janvier 2018 - 15:40


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