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Mort de Mouhamed Gueye : le procureur de la République d’Ajaccio fait le point sur l'enquête



Selon les informations transmises par le parquet d'Ajaccio, les témoignages et images de vidéosurveillance permettent de considérer que les policiers ont agi en état de légitime défense face à une attaque imminente et injustifiée et qu’ils ont fait un usage proportionné de la force ce samedi 20 décembre.
 
Dans un communiqué de presse publié ce mardi 23 décembre "afin d’éviter la propagation d’informations parcellaires ou inexactes", le procureur de la République d'Ajaccio fait un point sur l'enquête ouverte suite à "la neutralisation par la police d’Ajaccio d’un individu armé d’un couteau".
 
Ce samedi 20 décembre, Mouhamed Gueye a été tué de trois coups de feu par un policier à Ajaccio. Muni d’un couteau et menaçant, l’homme était alors à proximité du bar le Valinco.
 
Selon le représentant du ministère public, les premiers témoignages recueillis par les enquêteurs de la police judiciaire, confirmés par l’exploitation de la caméra de vidéoprotection de la ville permettent de confirmer trois étapes dans les déplacements de Mouhamed Gueye le jour des faits, jusqu'à l'intervention mortelle des forces de l'ordre.
 
Bureau de tabac Carpe Diem : premières menaces avec deux couteaux
Dans un premier temps, il est "désormais établi qu’aux alentours de 9h le 20 décembre, Mouhamed Gueye s’était présenté dans un bureau de tabac d’Ajaccio, boulevard Dominique Paoli, et s’en était pris de manière agressive à l’employée de l’établissement afin de retirer une somme d’argent Moneygram ce qu’il n’était pas parvenu à faire ; il s’était montré virulent dans ses paroles ce qui avait nécessité l’intervention du gérant de l’établissement".
 
Mouhamed Gueye s'est présenté une seconde fois dans ce même bureau de tabac vers midi et s'est montré à nouveau virulent :"l’exploitation de la vidéo confirmait que celui-ci avait porté un coup au visage d’une cliente avant de lui subtiliser son téléphone et essayait de porter des coups avec ses deux couteaux (un dans chaque main)", indique Nicolas Septe dans son communiqué.
 
Cours Napoléon, à hauteur du café de la gare : première tentative d'interpellation
Parti en trottinette du bureau de tabac, Mouhamed Gueye est ensuite identifié sur le Cours Napoléon par un équipage de Police secours, alors qu'il "posait sa trottinette sur le trottoir puis s’asseyait, les mains dans les poches, sur le rebord d’une fenêtre" du café de la gare. de cet établissement.
 
À l'approche des policiers lui demandant "de se lever et d’enlever les mains de ses poches, l’individu refusait et s’énervait. L’un des policiers s’approchait davantage et apercevait un couteau à manche noir dépassant de sa poche droite. Mouhamed Gueye tentait de se saisir du couteau. Le policier parvenait dans le même temps à aller à son contact et à faire tomber le couteau avant que l’individu ne s’en serve. Lors de cette action, le policier effleurait la lame du couteau, lui occasionnant une blessure au pouce", décrit le procureur d'Ajaccio.
 
Mouhamed Gueye aurait alors sorti un nouveau couteau "avec lequel il essayait d’atteindre les policiers. Ceux-ci se reculaient pour éviter d’être touchés. Un des policiers sortait alors son arme de service, se reculait sur la route et mettait en joue l’individu qui lui disait « je n’ai plus rien à perdre ; moi, je vais m’occuper de toi ». Puis, il se saisissait de sa trottinette et la jetait en direction du policier qui réussissait à l’éviter. Voyant qu’il n’avait pas atteint le policier Mouhamed GUEYE le regardait et passait son pouce sous sa gorge pour faire un signe d’égorgement. Les policiers continuaient de lui enjoindre de lâcher son couteau", poursuit le magistrat.
 
Trois tirs au niveau du thorax après d'ultimes sommations
Alors que Mouhamed Gueye continue à remonter le Cours Napoléon, couteau à la main, il est suivi par les trois policiers du premier équipage de Police secours "dont deux le mettaient en joue et lui faisaient à nouveau injonction de lâcher son couteau".
 
À l'arrivée d'un second équipage "composé de trois fonctionnaires de Police du GSP" à hauteur de la boutique "Lily Fleurs", Mouhamed Gueye se saisissait de divers objets présents sur le trottoir (cagettes, tasses, objets de décoration, …) qu’il jetait en direction des policiers. "Un des policiers essayait de le stopper avec le pistolet à impulsion électrique sans succès. Le pistolet à impulsion électrique était utilisé une seconde fois toujours sans succès."
 
Mouhamed Gueye poursuit sa remontée du Cours Napoléon "en agitant son couteau et en jetant des objets trouvés en terrasse en direction des policiers et en essayant de s’en prendre à des passants avec son couteau."
 
Après d'ultimes sommations, un policier finissait par tirer a priori à trois reprises au niveau du thorax de l’individu lorsque celui-ci se situait à environ 100 ou 150 centimètres de lui.
 
"Alors que l’individu arrivait à la hauteur du portail d’entrée de l’Ecole Saint-Paul, un policier essayait de venir le maîtriser avec une chaise trouvée sur le trottoir. L’individu arrivait à repousser le policier, qui tombait par terre, puis se dirigeait précipitamment vers deux autres policiers avec le bras levé et le couteau dirigé vers eux. Les policiers qui lui demandaient une nouvelle fois de lâcher son couteau. Mouhamed Gueye se dirigeait d’abord vers un des policiers qui parvenait à l’esquiver puis en direction d’un autre policier en pointant son couteau sur lui pour le poignarder (...). Une chaise était jetée sur l’assaillant qui ne permettait toujours pas de l’arrêter. Puis, un des policiers, tout en reculant et après d’ultimes sommations faites à l’individu de s’arrêter, finissait par tirer a priori à trois reprises au niveau du thorax de l’individu lorsque celui-ci se situait à environ 100 ou 150 centimètres de lui."
 
Le procureur de la République déclare que les témoins de la scène confirment l'attitude "déterminée et menaçante" de Mouhamed Gueye et estiment que les policiers ont fait "tout leur possible" avant de faire usage de leur arme.
 
Dans une vidéo issue des caméras de la ville que nous avons pu visionner, nous pouvons en effet voir la victime se diriger rapidement vers le policier au moment où les coups de feu interviennent.
 
La famille de la victime va déposer plainte
Afin d'éclaircir les circonstances de la mort du jeune étudiant sénégalais, sa famille a annoncé ce lundi 22 décembre qu'elle allait déposer "une plainte pour homicide volontaire aggravé".
 
Leur avocate, Maître Alija Fazaï-Codaccioni, estime que la décision de confier l'enquête a été ouverte ce samedi par le parquet d’Ajaccio des chefs d’homicide volontaire et tentative d’homicide aggravée à la direction interdépartementale de la Police nationale de Corse-du-Sud est "problématique". "On ne peut pas enquêter entre collègues. Je vois mal comment on peut être totalement neutre dans ces conditions", souligne l'avocate.
 
La personnalité et le passé de Mouhamed Gueye
Le procureur de la République d'Ajaccio indique que les investigations ont permis d'établir que Mouhamed Gueye était rentré en France en septembre 2020 avec un visa étudiant pour des études de génie électronique, visa renouvelé en 2023, et disposait d’une fausse carte d’identité de nationalité Belge. "En avril 2023 et juin 2024, il avait travaillé en tant que commis de cuisine dans deux établissements de Haute-Corse. Depuis le mois de mai 2025, il avait travaillé comme commis de cuisine dans différents établissements d’Ajaccio et s’apprêtait à retourner sur Paris", précise-t-il dans son communiqué.
 
S’agissant de ses antécédents psychiatriques, "il était établi que Mouhamed Gueye avait fréquenté différents établissements hospitaliers parisiens dont le dernier en date en mars 2025 au sein duquel il avait été hospitalisé sous contrainte en raison d’une psychose évoluant sur fond de polytoxicomanie".
 
L’autopsie de Mouhamed Gueye réalisée ce mardi 23 décembre devrait permettre de déterminer si celui-ci a agi sous l’influence de l’alcool et ou de stupéfiants.
 
Nicola Septe indique enfin que si de nombreuses investigations restent encore à diligenter, "les premiers éléments de l’enquête permettent de considérer que les policiers ont agi en état de légitime défense face à une attaque imminente et injustifiée et qu’ils ont fait un usage proportionné de la force au regard de l’état de la menace et du péril pour eux-mêmes". Des éléments qui justifient selon lui l’absence de saisine de l’IGPN à ce stade des investigations.


Avec France 3

Moussa Ndongo

Mardi 23 Décembre 2025 - 18:31


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