La déclaration d’Andry Rajoelina intervient au lendemain de l'annonce d'un nouveau calendrier électoral par la Commission électorale spéciale de Madagascar, qui fixe le premier tour de la présidentielle au 25 octobre prochain, pour un éventuel second tour couplé avec les législatives, le 20 décembre.
« Je sais que le peuple malgache veut des élections, donc je respecte la décision de la Cour électorale spéciale et j'incite tous les citoyens, sans exception, et tous les responsables du pays, à tous les niveaux, à travailler ensemble pour concrétiser ces élections dans le calme et la sécurité, selon le calendrier déterminé par la Commission électorale malgache afin de terminer la transition », a déclaré Andry Rajoelina dans une allocution télévisée. « Je suis prêt à faire une passation du pouvoir démocratique, dans le calme, après ces élections », a-t-il ajouté.
Une sortie par la grande porte
Mais si Andry Rajoelina accepte que les élections se fassent sans lui, il ne s’agit pas d’un échec personnel, pour ce jeune président de la Transition. Au contraire, il semble qu’il soit en position de force, malgré le ton grave de son discours, et même s’il dit qu’il « sacrifie ses ambitions personnelles pour l’amour de la nation ».
Il sort finalement gagnant du processus actuel, d’abord parce que son principal rival est écarté du jeu politique. Marc Ravalomanana est toujours en exil et son retour n’est pas à l’ordre du jour, surtout depuis que son épouse Lalao Ravalomanana a été éliminée de la liste des candidats à la présidentielle. La mouvance Ravalomanana, qui reste sans candidat, devrait rester dans l’opposition dans les années à venir.
Ensuite, Andry Rajoelina est certes écarté de la présidentielle, mais au moins deux candidats sont issus de son cercle proche. Il va pouvoir les soutenir, et rester dans les sphères du pouvoir en cas de victoire de l’un d’entre eux.
Enfin, Andry Rajoelina sort par la grande porte : depuis qu’il a accepté de suivre le plan de la communauté internationale, il est applaudi par les organisations étrangères. Le médiateur Joachim Chissano a salué, ce vendredi encore, le « patriotisme » du président de la Transition. Jeudi, il recevait la reconnaissance de l’Union africaine pour son « sens élevé des responsabilités ». Il échappe ainsi aux sanctions qui planaient sur lui et sur ses proches. Et il peut, à 39 ans, appréhender l’avenir sereinement.
Les réactions dans la classe politique malgache
Le discours a peu surpris dans les états-majors politiques. De l’avis général, la position d’Ándry Rajoelina était « logique ». C’est lui, en effet, qui a choisi d’appliquer le plan de la Communauté internationale. Il a signé l’ordonnance qui a permis à la Cour électorale spéciale de réviser la liste des candidats. Il a ouvert la voie à l’annulation de sa propre candidature et celles de ses deux principaux adversaires.
Dans le camp Ravalomanana, on se dit donc « peu surpris ». Pour Benjamin Andriamihanta, conseiller juridique de l’ancien président, le but d’Andry Rajoelina était « d’évincer la mouvance Ravalomanana de la présidentielle ». Il a atteint son objectif. Il s’étonne néanmoins que le président de Transition « n’ait pas fait la moindre réprobation contre la CES », alors que ses partisans continuent de dénoncer l’élimination des candidatures.
« C’est le discours qu’on attendait depuis quatre ans », déclare de son coté Roland Ratsiraka, candidat à l’élection. Il salue « la sagesse » du président de Transition qui « aurait pu attiser la haine dans ce discours ». Le fait que Rajoelina accepte le verdict de la Cour électorale spéciale, selon Roland Ratsiraka, montre sa « volonté de résoudre la crise ».
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