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Procès Abdou Nguer : le chroniqueur affirme être poursuivi pour ses analyses « défavorables au régime »



Procès Abdou Nguer : le chroniqueur affirme être poursuivi pour ses analyses « défavorables au régime »
Le chroniqueur Abdou Nguer et son co-accusé Amadou Ndiaye Diaw ont comparu ce mercredi devant le tribunal de Dakar, poursuivis pour « diffusion de fausses nouvelles », « apologie de crime ou de délit » et « offense au chef de l’État ». Lors de l’audience, Abdou Nguer a vigoureusement défendu ses propos, affirmant être visé parce que ses analyses « ne sont pas favorables au régime en place ».
 
 
Le chroniqueur assisté par sas avocats Mes El Hadji Diouf et Aly Kane, a d'abord nié toutes les accusations. Il a cependant rapidement assumé ses propos après l'écoute d'extraits de ses émissions télévisées. Se présentant comme un « chroniqueur commentant les faits », il a soutenu n'avoir rien inventé. L'une des principales accusations portait sur des déclarations faites concernant l'écart entre le montant déclaré par les nouvelles autorités comme trouvé dans les caisses de l'État et les chiffres du rapport de la Cour des comptes. « Je suis chroniqueur, je commente les faits ».
 
En effet, dans l’un des extraits passé par le tribunal, on peut entendre clairement le chroniqueur dire qu’il y a une contre vérité sur la déclaration faite par les nouvelles autorités sur le montant trouvé dans les caisses de l’Etat après le départ du régime sortant. Il a utilisé le terme wolof « jubadi ». Interpellé sur cette déclaration par le juge, Abdou Nguer dit s’être appuyé sur le rapport de la Cour des comptes en sa page 26 qui contredit les déclarations des nouvelles autorités sur les finances publiques.
 
« Le gouvernement a déclaré avoir trouvé à son arrivé 176 milliards dans les caisses de l’Etat or, le rapport a révélé qu’il y avait 278 milliards. Il y a un grand écart de plus de 100 milliards entre les montants alors j’ai demandé ce qu’il en ait. Si le rapport indique qu’il y a bien une telle somme et eux disent le contraire donc c’est quoi ? Dites-moi alors, comment appeler cet écart », a-t-il ironisé face aux magistrats. « Je n’ai fait que répéter ce que le rapport de la Cour indiqué », a-t-il ajouté toujours d’un ton amusant.
 
Le juge a tenté de recadrer le chroniqueur, lui demandant s’il avait des connaissances en économie. Abdou Nguer a répondu par la négative, mais a continué à défendre ses propos, insistant sur la contradiction entre les chiffres officiels et ceux du rapport de la Cour des comptes.
 
 
 
Pour tempérer le juge a intervenu. S’adressant au mis en cause qui était visiblement trop à l’aise dans ces argumentaires, il lui demanda, « tu as fait Économie ? » « Non », a-t-il répondu. Le juge répliqua « écoute, nous ne sommes pas là pour bavarder avec toi, nous ont fait notre travail. Depuis lors, je t’observe, mais j’ai l’impression que tu ne sais pas ce qui se passe. Tu es dans des futilités. Le procureur est en train de t’expliquer, mais tu ne veux pas comprendre ».
 
Abdou Nguer répond à son tour, « l’écart entre les deux montant cela veut dire quoi ? C’est ce que je voudrais que vous m’expliquiez, si ce n’est pas une contre vérité, c’est quoi ? …. »
 
Quant à son coaccusé, il est poursuivi pour « diffusion de fausses nouvelles » dans l'affaire relative au décès de Mamadou Badio Camara, ancien président du Conseil constitutionnel.
 
Échanges avec les magistrats
 
Abdou Nguer est également poursuivi pour « apologie de crime ou de délit » suite à des commentaires tenus sur les manifestations de 2021-2024. Il avait déclaré que « les gendarmes ont été très gentils parce que se sont eux qui assurent la sécurité des populations et certains se retournent pour les affronter. Si j’étais à leur place, on en ramasserait des sacs. Et si les gendarmes les avaient tués, c'étaient eux (les manifestants) qui seraient les perdants.
 
Interpellé sur cette séquence, il a tenté de nuancer ses propos à la barre, affirmant qu'il ne parlait que des « bandits » qui mettaient le feu et attaquaient les casernes, et non des manifestants pacifiques. « J’ai dit que les gendarmes sont honorables, parce qu’ils sont là pour assurer notre sécurité donc si c’était moi si les bandits viennent nous attaquer, j’allais tirer sur eux, je n’ai pas dit les manifestants, mais les bandits parce que c’étaient les bandits qui mettaient le feu un peu partout lors des manifestations, qui attaquaient les casernes ».
 
 
Le juge lui lança, « tu disais ne pas savoir pourquoi tu as été arrêté, n’est-ce pas ? C’est à cause de tes propos que tu es là », lui dit-il en évoquant l’affaire Badio Camara. Dans la vidéo, Abdou Nguer a dit que ce dernier est décédé dans un contexte où on a besoin de lui. « Dans le contexte où on a besoin de lui, Badio Camara s’en est allé, dans le contexte où on a besoin de lui, Moustapha Ba est parti…, le pays n’est plus sûr, moi, je vais chercher des papiers et m’exiler en Gambie ». Donc tu veux dire que leur disparition est louche ? lui demanda le procureur ?  « Si c’est louche, c’est vous qui le dites », a répondu Abdou Nguer.
 
Abdou Nguer et les vidéos
 
Il faut répondre, à ma question, lui dit le magistrat. « Moi, j’ai parlé de contexte parce que Badio Camara son décès, c’est un contexte, parce que c’est dans les moments qu’on a votés la loi interprétative est, c’est à ce moment qu’il est décédé. Moustapha Ba, c’est aussi dans un contexte ».
 
Abdou Nguer a par ailleurs soutenu lors de sa séance question réponse avec son avocat Me El Hadji Diouf qu’il a démêlés avec la justice parce que ses analyses ne sont pas en faveur du régime en place et c’est parce qu’il dérangeait en disant la vérité. Évoquant l’affaire Ngoné Saliou, il a révélé avoir déposé une plainte contre la journaliste de Sans Limites parce qu’elle lui aurait, dit-il, insulté de mère.
 
Quant à Ndiaye Diaw, il est inculpé au même titre qu’Abdou Nguer, pour « diffusion de fausses nouvelles » dans le cadre de l’enquête relative au décès de Mamadou Badio Camara. À l'origine, c'est un commentaire polémique, posté sous un faux profil Tik Tok « Abdou Nguer Seul » dans lequel il a titré « Mort de Badio Camara le peuple réclame une autopsie ».
 
À la barre, il a soutenu ignorer que c’était un délit, il voulait seulement avoir des vues et des abonnés. Il a également précisé que la vidéo est une republication d’un extrait de l’émission d’Abdou Nguer et le texte accompagnant la vidéo est un commentaire qu’il a copié sur les commentaires circulant lors de l’émission donc rien ne vient de lui.
 
À l’issue des plaidoiries, le procureur a requis une peine de deux ans d’emprisonnement, dont un an ferme, et une amende de 500 000 FCFA contre Abdou Nguer. Pour Ndiaye Diaw, le procureur a requis six mois ferme accompagnés d’une amende de 100 000 FCFA.
 
Le délibéré est fixé au 12 novembre 2025.
 
 
 


Mercredi 8 Octobre 2025 - 22:45


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