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Recrudescence des cas de suicides au Sénégal: les causes d’un phénomène qui emporte surtout les jeunes

Le suicide reste l’une des principales causes de décès dans le monde, selon les dernières estimations de l’OMS, parues en juin 2021 dans la publication « Suicide worldwide in 2019 ». Chaque année, un plus grand nombre de personnes meurent par suicide pour plusieurs raisons. Au Sénégal, le constat est le même. Onze (11) suicides par pendaison ont été enregistrés en moins de deux mois. Faisant le décompte des cas de suicide, PressAfrik a constaté que toutes les victimes sont pour la plupart des jeunes de sexe masculin. Elles résident le plus souvent en zone périurbaine. Et la pendaison reste le moyen le plus utilisé. Le psychologue Khalifa Diagne a expliqué les causes exactes de ce phénomène qui emporte surtout les jeunes.




Recrudescence des cas de suicides au Sénégal: les causes d’un phénomène qui emporte surtout les jeunes

En l'absence de toute étude statistique sur la question, il n'est pas superflu de noter que les cas de suicide deviennent de plus en plus fréquents au Sénégal. Après avoir comptabilisé 12 cas en trois mois en 2021, PressAfrik a recensé cette année (2022), 11 cas de suicide et tentatives de suicide de février à fin mars 2022.
 

Kolda : un jeune de 23 ans se donne la mort
Un jeune âgé environ de 23 ans du nom d'Alpha Diallo s’est donné la mort par pendaison au quartier Bouna Kane, à Kolda. Les faits se sont déroulés cet après-midi du vendredi 25 février 2022. D'après son grand frère, c'est au moment de prendre le déjeuner qu'il s'est pendu avec l'aide d'une corde.

Saint-Louis : Suicide d'un sexagénaire suite à l'inculpation de ses deux fils pour viol
Un sexagénaire du nom de M. Sall, venu du Fouta pour assister au procès de ses deux fils inculpés pour agression sexuelle suite à un viol présumé commis sur la personne d'une dame à Ndiayène Pendao, une localité du département de Podor, a été retrouvé mort. Il a été retrouvé pendu à un balcon.

Louga : Un imam et un ancien émigré se sont donné la mort durant le week-end du 28 février 2022

C’était l’émoi et la consternation au village de Ndiobène Mbatar, dans la région de Louga, le 28 février 2022. Un Imam du nom de Dame Niang, a mis fin à sa vie à l’aide d’un turban qu’il avait attaché sur le minaret. La découverte macabre est faite par un fidèle qui se rendait à la prière de l’aube. 

Alors qu’on n’a pas fini de parler de ce suicide, un autre drame s’est produit durant le même week-end dans le même département. Il s’agit d’un ancien émigré âgé e 30 ans. M. Lô, comme c’est de lui qu’il s’agit, s’est donné la mort par pendaison dans sa chambre.

Sédhiou : Trois cas de suicide en trois semaines et une élève rescapée !
Une série noire de suicides a secoué la région de Sédhiou (sud) durant ce mois de mars.  Le dernier cas en date remonte au vendredi 18 mars, au quartier Djiroffcounda de Madina Wandifa, dans le Nord de Sédhiou. Un jeune homme a mis fin à ses jours, par voie de pendaison, sans laisser derrière les mobiles de son acte. 

Deux semaines plus tôt, deux autres hommes s’étaient livrés au même exercice mortifère. Durant la même période, une collégienne de Karantaba avait aussi tenté de se donner la mort. 

Foundiougne : un Guinéen se donne la mort 
Deux jours auparavant, le mercredi 16 mars, un drame similaire s’est produit à Mbouloum, dans le département de Foundiougne. A Camara, un ressortissant guinéen s’était donné la mort par pendaison. 

Jaxaay : suicide d’un jeune de 23 ans 
A Jaxxay (Keur Massar), un drame s’est produit dans la nuit de mardi à mercredi. La victime, un jeune homme âgé de 23 ans, est passée à l'acte après avoir dîné avec les membres de sa famille.

Pikine Icotaf : un étudiant de l’Uvs pendu à un arbre 
A Pikine Icotaf, dans la banlieue dakaroise, le corps sans vie d'un jeune homme a été découvert le 22 mars, dans l'enceinte de l'école 3. Il s’agit d’un étudiant du nom de M. Wade âgé de 25 ans, qui s’est donné la mort par pendaison. 

Quelles heures avant de passer à l’acte, la victime avait publié via son statut WathsApp, le mobile de son acte. Dans sa publication, il informait que son père était à l’origine de son suicide.

Kédougou : un berger de 70 ans, retrouvé mort 
Le dernier cas de suicide a été enregistré le 23 mars. Un berger de 70 ans a été retrouvé pendu à l’aide d’une corde. Père de 4 enfants, il jouissait de toutes ses facultés mentales. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances du décès. 

Recrudescence des cas de suicides au Sénégal: les causes d’un phénomène qui emporte surtout les jeunes
En 2020, le constat était le même. 12 cas avaient été enregistrés entre juin et août. PressAfrik avait contacté le psychologue Khalifa Diagne pour déterminer les causes exactes de ces cas de suicides. 
 
Il y a une grande négligence de la maladie mentale au Sénégal

M. Diagne est d’avis qu’ « il y a lieu de soutenir que ces faits relatés ne seraient pas étrangers à des problèmes comportementaux. Lesquels problèmes sont exacerbés par une grande négligence de la maladie mentale au Sénégal. Il suffit tout simplement de visiter les hôpitaux psychiatriques au Sénégal pour s'en rendre compte ».

Les gens font recours au suicide pour diverses raisons, si l’on en croit au psychologue qui emprunte la pensée de l’ancien président sénégalais, Léopold Sédar Senghor pour expliquer un tel acte.

« Senghor disait que le suicide, c'est l'exigence dernière de l'honneur. C'est pour dire que le suicide comme acte peut avoir un soubassement sociétal. Un déshonneur avec lequel on ne peut plus vivre, une situation qu'on ne peut pas supporter, une déception sur une question dont l'enjeu pour le sujet était une question de vie ou de mort... », a soutenu M. Diagne. Avant d'indiquer que « tout ça doit être relié à l'état psychologique fragile de la personne. Il est par exemple fréquent de soupçonner des tendances suicidaires chez les patients qui souffrent de dépression ». 
  Eviter de stigmatiser les personnes dépressives

Les tentatives de suicide mettent en danger la vie des personnes qui souffrent de dépression. Il s’agit d’une blessure auto-infligée ayant pour but d’affaiblir le corps et ses capacités de résistance. Ces personnes peuvent être aidées selon M. Diagne. Pour ce faire, il nécessite « un traitement et un suivi psychiatrique à temps suivi ». 

« Le patient, une fois en situation de relative stabilité psychologique, doit bénéficier d'une psychothérapie de soutien, être amené à comprendre et vivre avec sa maladie. Car un peu partout dans le monde, des personnes insoupçonnées de toutes les catégories socioprofessionnelles qui bénéficient d'un suivi médical approprié vit avec leur maladie mentale», a informé notre interlocuteur.

Khalifa Diagne invite l’entourage ou la famille de personne dépressive à éviter la stigmatisation ». « L'essentiel, c'est de bien suivre son traitement et de respecter ses rendez-vous. Pour ce faire, le soutien de l'entourage familial est capital. Mais dans cet accompagnement, la stigmatisation doit être évitée », a-t-il conclu.

Aminata Diouf

Vendredi 25 Mars 2022 - 12:05


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