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Ressources extractives : Un pays pauvre, potentiellement riche (Par Ousseynou GUEYE)



Ressources extractives : Un pays pauvre, potentiellement riche (Par Ousseynou GUEYE)
Comment le Sénégal, si potentiellement riche en produits miniers, peut-il être confiné dans les Pays les moins avancés (Pma) ? Le sous-sol sénégalais regorge de produits miniers dont certains sont exploités de manière intense. Entre autres, on peut citer l’or, les phosphates et produits dérivés, le zircon, le fer, le ciment, etc, alors que l’exploitation du pétrole et du gaz devrait débuter en 2024.

Le ministre des Mines et de la Géologie, Oumar Sarr, a même confessé lors de l’examen du budget de son Département à l’Assemblée nationale que le secteur extractif représente 32,5 % des exportations du Sénégal, ce qui représente le  premier secteur d’exportation du pays avec une valeur qui a atteint 802 milliards de francs Cfa en 2022. Le secteur extractif est ainsi auréolé de premier secteur d’exportation du pays. Il n’en fallait pas plus pour que le Sénégal soit considéré comme un pays riche en ressources naturelles, souligne le ministre
aux députés, estimant que, selon les critères du Fmi, un pays est défini ainsi quand le secteur extractif dépasse 25 % de ses exportations.

En fait, le chiffre d’affaires du secteur minier est en constante progression et pourrait dépasser 1 000 milliards de francs Cfa en 2023, selon les projections du ministère des Mines et de la Géologie. L’argent coule à flots pour les sociétés minières qui sont détenues, pour les plus importantes, par des investisseurs étrangers.

C’est le cas de l’or où la société Teranga Gold Corporation (Tgc) contrôle 90 % des
actions de Sabodala Gold Opérations SA (Sgo) depuis 2010, alors que le Sénégal une détient que 10 % des actions. La production d’or est passée de 6,67 tonnes en 2012 à 14,97 tonnes en 2022. Quant au zircon, il est exploité par la Grande Côte  Opérations (Gco), une société anonyme de droit sénégalais détenue à 90 % par deux entreprises norvégiennes.

Les 10 % passant de 8 000 tonnes en 2014 à 85 000 tonnes en 2022. Dans le domaine
des phosphates, plusieurs sociétés ont été créées dont les Industries chimiques du Sénégal (Ics). La société est établie à Mboro, dans la région de Thiès et a été rachetée par la société indienne Iffco, premier producteur et distributeur d’engrais en Inde. D’autres sociétés d’exploitation de phosphates existent aussi à Matam, Thiès, Louga etc. Au total, plus de
trois millions de tonnes de phosphates sont tirés du sous-sol sénégalais chaque
année et sont souvent exportées à l’état brut.

Mais les Sénégalais se focalisent sur l’exploitation du pétrole et du gaz découverts au Sénégal qui peuvent rapporter gros à l’économie sénégalaise et aux populations. Le démarrage de la production de pétrole et gaz prévu fin 2023, a été reporté en 2024.
L’Etat n’ayant qu’une part minime dans les sociétés d’exploitation des mines, les
retombées financières sont relativement modestes. Selon les estimations du ministre des Mines et de la Géologie, l’Etat tire environ 150 milliards de francs Cfa sous forme de recettes fiscales. Un montant qui aurait pû être plus important sans les exonérations fiscales.

D’ailleurs, selon le rapport de la Commission des Mines et Géologie, les députés de l’Assemblée nationale dénoncent «le maintien des conventions nd’exonérations fiscales
exorbitantes de longue durée, allant jusqu’à 25 ans pour les industries minières,
malgré le contexte économique actuel».

Pour les hydrocarbures dont l’exploitation est prévue en 2024, les prévisions de recettes sont estimées à 753 milliards de francs Cfa sur une période triennale (2024-2026). Dans le détail, il est attendu 196 milliards de francs en 2024 et 322 milliards de francs Cfa en 2025.

Encore que ces prévisions sont optimistes compte tenu de la fluctuation des prix sur
le marché international et de la valeur du dollar qui varie beaucoup. Les prévisions sont basées sur un dollar à 655 francs Cfa et un baril à 85 dollars. Peut-être que l’annonce de la mise en place prochaine du Comptoir national de commercialisation de l’or en 2024 permettrait à l’Etat d’augmenter les recettes i ssues de l’exploitation de l’or. En attendant que d’autres initiatives voient le jour pour une mise en valeur locale des produits miniers.
Si au moins une partie de cette manne financière revenait aux populations ou à leurs communes, la situation serait plus supportable. Au-delà des retombées financières très modestes pour l’Etat, c’est la situation qui prévaut dans les zones d’exploitation des mines qui interpelle. Les populations sont souvent laissées en rade, contraintes de céder leurs terres sur une base discutable, un barème d’indemnisation jugée faible.

Les députés de l’Assemblée nationale ont ainsi souligné lors de l’examen du projet de loi du ministère des Mines et de la Géologie que les populations locales ne profitent pas de ces richesses minières en termes d’emplois et d’investissements. «Par ailleurs, ils se sont aussi interrogés sur la persistance de la pauvreté dans les zones d’exploitation minière, malgré l’abondance des ressources, comme l’or dont les bénéfices ne se ressentent pas directement sur les conditions de vie des populations autochtones». Les usines de Diogo pour le Zircon et des phosphates à Mboro ne dérogent pas à cette règle. Partout les populations sont fortement impactées par l’exploitation du Zircon et des phosphates. Elles qui vivaient de la pêche, du maraîchage et de l’élevage, estiment que ces projets ont réduit leurs activités économiques.

Il reste à se pencher aussi sur l’orpaillage artisanal qui génère 200 milliards de
francs Cfa pour une production de 5 tonnes d’or par an, mais dont les retombées sont contrôlées souvent par des étrangers venus des pays limitrophes et qui sont hors de contrôle de l’Etat. En tout état de cause, il faudrait une réorganisation profonde du secteur minier pour permettre à l’Etat de tirer des revenus considérables du secteur minier et aux populations de jouir des industries locales en termes d’emplois et de redistribution des
richesses.
 

Fana CiSSE

Jeudi 23 Novembre 2023 - 09:43


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