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Tendance baissière Covid19 au Sénégal: comment l’Etat travaille les chiffres pour une "victoire diplomatique et religieuse" (Expert)

Cette tendance baissière observée depuis quelques temps dans la pandémie à coronavirus serait truquée. Elle serait même plus grave maquillée juste pour deux raisons fondamentales : «la réouverture des frontières européennes et le magal de Touba». L’expert en Santé publique, spécialisé en politique et gestion des systèmes de soins en santé basé à Bruxelles, Cheikh Doudou Mbaye a fait écrouler comme un château de cartes la ruse du gouvernement sénégalais. Avec des arguments plausibles, il démontre comment ces chiffres sont manipulés.



La maladie à coronavirus prend du recul au Sénégal. C’est du moins ce que révèlent les chiffres donnés depuis près deux semaines par le ministère de la Santé et de l'Action sociale. Le point quotidien sur l’évolution de la pandémie du Sénégal livré par le directeur de la Prévention médicale, Docteur Mamadou Ndiaye donne désormais des pourcentages de moins de 5%. Sur les 1000 tests réalisés le nombre de cas positif oscille entre 28 et 40. Le plus faible nombre de cas positif jusqu’ici enregistré est de 15 personnes nouvelles infectées.

Cette tendance baissière notée ces dernières temps n’a pas de base scientifique. C’est Cheikh Doudou Mbaye, expert en Santé publique basé à Bruxelles qui réfute cette thèse. Il trouve ainsi trois raisons qui peuvent, selon lui, justifier cette tendance baissière. «D’abord les autorités sanitaires ont décidé de tester que les personnes symptomatiques.  Ensuite, ils veulent une réintégration du Sénégal dans l’espace Schengen (depuis juillet, l’Europe a fermé ses frontières au pays de la Teranga). Et il chercherait à mettre la communauté mouride devant ses responsabilités, pour qu’après le Magal de Touba, qu’il leur soit imputée la responsabilité de l’explosion des cas liés à la covid19».
 
La ruse dans les tests…

La stratégie adoptée par le ministère de la Santé dans la lutte contre la Covid19 est décriée par des experts et professionnels même si du reste des organisations leur décernent une palme. Cheikh Doudou Mbaye fait partie de ces sachants qui n’adhèrent pas à la formule des hommes d’Abdoulaye Diouf Sarr. Joint par PressAfrik, il a expliqué que «toutes les personnes qui ont des symptômes liés à la Covid et qui ne sont forcément pas des infectées de Covid, ils les testent. Ce qui signifie que dés que tu arrives et que tu souffres de la grippe, du rhume ou que tu tousses, on te met immédiatement dans leur cohorte. Ce qui veut dire qu’ils peuvent te tester alors que tu souffres tout simplement de paludisme. Chose qui fait maintenant que leur tendance dans toute cette cohorte : sur les 1500 tests réalisés l’on sort avec un nombre faible de cas positifs ». 

L’expert en Santé publique de révéler une autre faille dans le suivi des cas contacts. Selon lui, «le fond du problème, ce sont les personnes contacts qu’on ne teste plus systématiquement parce qu’elles ne présentent pas de symptômes». Et de préciser :
«Cela explique ainsi que tu peux avoir un malade Covid qui était en contact avec d’autres personnes et si elles ne présentent pas de symptômes,  on les teste plus. Alors qu’avant, on traçait les personnes contacts. Un malade Covid pouvait transmettre le virus à une vingtaine de personnes. Ce qui expliquait le grand nombre de cas positifs signalés à chaque point du jour. Maintenant que la stratégie a changé, des personnes infectées circulent sans le savoir.  Et pourtant si on avait tracé ces cas contacts, on aurait coupé la chaîne de transmission». 
 
Le Sénégal risque le syndrome du Brésil avec une explosion des cas

Tendance baissière Covid19 au Sénégal: comment l’Etat travaille les chiffres pour une "victoire diplomatique et religieuse" (Expert)
L’expert en Santé publique prévient en ces termes : «cette stratégie adoptée par les autorités sanitaires du Sénégal va bientôt exploser les cas». Et d’étayer : «le Brésil qui avait adopté cette même stratégie, s’est réveillé un beau jour avec zéro cas avant de se retrouver après avec une explosion de cas».

Il en déduit ainsi en substance, que «cette tendance baissière est tout simplement diplomatique et religieuse».
 
Le ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Amadou Ba a prévu une conférence de presse ce vendredi 18 septembre. Il pourrait ainsi annoncer la réouverture de l’espace Schengen pour les Sénégalais. Ce qui serait ainsi un pari gagné pour les autorités. En effet, l’expert en Santé publique a souligné que «le Sénégal est en train de travailler sur un taux d’attaque. Ce dernier va nous permettre d’être à 15 sur 100 000 personnes infectées et ça va nous ouvrir les frontières de l’Europe. Les autorités travaillent pour pouvoir convaincre la commission de l’Union européenne sur une bonne maitrise de la pandémie. C’est quelque part ce qui justifie l’étude récente publiée par USA Today sur la gestion de la Covid où le Sénégal était classé, deuxième parmi 36 pays».  Cheikh Doudou Mbaye bat en brèche la crédibilité de cette étude et doute de sa portée scientifique. 


 

«Rien n’explique cette tendance baissière brusque et automatique»

Cette tendance baissière pourrait être fatale pour la population parce que le plus grand nombre va penser qu’on en a fini avec la Covid19. Le Magal de Touba sera un moment de test grandeur nature. «Cette tendance cautionne la tenue du Magal. Mais après s’il y a une explosion des cas, la communauté mouride sera accusée d’être responsable de la montée en flèche des personnes infectées»
 
Alors qu’en réalité, il y a déjà explosion des cas qui est masqué par la décision de ne plus tester les cas contacts. Ce qui a compliqué la situation, c’est qu’au Sénégal, le port du masque n’est pas systématique dans les lieux de rassemblement comme les marchés et autres points d’affluence. L’expert se dit convaincu que «rien n’explique cette tendance baissière aussi brusque et automatique».

​Cheikh Doudou Mbaye invite les Sénégalais à faire attention surtout que le virus mute souvent. « En hiver il peut s’adapter et faire en sorte que ses anticorps mutent. Souvenez-vous qu’on avait dit que le virus n’allait jamais entrer en Afrique parce c’est une zone tempérée et chaude. Mais, on a remarqué que le virus s’est adapté en Afrique et même au pôle Nord. Seule le vaccin peut guérir le virus. Ce Virus s’adapte à tout type de climat», a-t-il signalé. 

Fana CiSSE

Vendredi 18 Septembre 2020 - 12:27


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1.Posté par Ndiaye le 18/09/2020 16:28
Vous dites bien Expert basé à Bruxelles
Cela suffit pour le comprendre

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