Sérère bon teint, ancienne de Kekendo
Tout étudiant qui a vécu à l’intérieur du campus ne peut ignorer le célèbre groupe « Kekendo », crée par des ressortissants de la Casamance. A l’origine, raconte un ancien ministre, le « Kekendo », né vers la fin des années 1990, était un mouvement de bastonnade pour faire régner l’ordre au campus social. Les étudiants qui composaient le Kekendo étaient des jeunes de forte corpulence qui n’avaient rien à envier aux lutteurs. Kekendo est un terme Mandingue qui signifie « homme fort ».
Le mouvement était composé de toutes les ethnies du Sud du pays. Tous les Casamançais s’y identifiaient. Il s’est agrandi d’année en année et a connu un grand succès à l’intérieur de l’espace universitaire. Par la suite, il a dépassé le cadre du Sud du pays en devenant national. L’actuelle directrice du Fongip, Thérèse Faye Diouf, a intégré le mouvement lors de ses années estudiantines à l’Ucad. Elle revient sur ces beaux moments dans le « Kekendo ». « …Sérère bon teint, ancienne de Kekendo (…). J’ai connu le Kekendo. J’ai été initiée au syndicalisme à l’Ucad par le Kekendo. Le Kekendo n’est ou n’était pas, je le témoigne, une structure estudiantine d’une quelconque ethnie. Nous étions, à l’époque, d’origines ethniques différentes. Cette différence ethnique était, en réalité, ce qui nous fortifiait dans notre solidarité culturelle, ethnique et régionale. J’ose, en effet, être convaincue, en qualité d’ancienne membre de ce groupe, que ce qui s’est passé ce jeudi (Ndlr : lors des affrontements), n’est en rien lié aux différences ethniques, culturelles, cultuelles ou régionales », a indiqué la responsable politique de Diarrère, dans la région de Fatick, Mme Thérèse Faye Diouf.
Pour l’ancienne directrice de la Case des Tout Petits, les incidents malheureux survenus récemment à l’Ucad sont peut-être une affaire d’égo mais pas d’ethnies. Elle renseigne que cette association, Kekendo, n’est pas composée que de Diolas mais de toutes les ethnies. « Je garde en souvenir des amis avec qui nous gardons toujours de bons rapports comme Black Kissima, Bamol Baldé, les deux Ansou Sané de Sédhiou et de Bignona, Bakary Traoré et Oumar Sakho, Cherif Dia dont la fille porte mon nom et d’autres encore d’origines ethniques diola, mandingue, peule, sérère, j’en passe. Nous venions de toutes les régions », a témoigné Mme Thérèse Faye Diouf.
Un autre ancien étudiant de l’Ucad, Idrissa Bobdé Mané, d’ethnie balante, a fait un post sur Facebook pour dénoncer la malhonnêteté de gens voulant faire croire que le Kekendo est un mouvement d’étudiants Diolas. « Au sujet des violences à l’UCAD, j’ai entendu et lu plein de sottises depuis hier. Une bagarre ayant opposé des membres de Kekendo et d’autres de Ndefleng a très vite été interprétée comme un conflit ethnique entre des Sérères et des Diolas. Le mouvement Kekendo existe depuis 2005 … mais je n’ai pas connu d’association ou mouvement appelé Ndefleng au campus quand j’y étais militant syndical et représentant des étudiants en 2005-2006. En revanche, il existe au Sénégal, depuis longtemps (années 1990 ?) une association culturelle de promotion de la langue et culture sérère appelée Ndefleng qui a certainement porté le projet de la Radio Ndefleng Fm… », affirme Idrissa Bobdé Mané un ancien étudiant (d’ethnie balante) dans son post.
Avant de poursuivre en précisant: « Le Kekendo ne peut être assimilé à un mouvement de Diolas… Dans ce groupe, on trouvait des étudiants « mandingues », « peuls », « balantes », « diola », « mancagnes », « manjaques », etc. Moi, je n’y ai jamais adhéré pour des raisons simples : j’ai toujours eu tendance à vivre dans des cadres associatifs syndicaux et politiques (gauche marxisante). Mais j’avais des amis et des « grands » dans le groupe « Kekendo » dont l’histoire est à rechercher dans la violence structurelle de l’Etat et de la vie politique à l’égard de sa périphérie et dans le sentiment d’être livré à soi-même dans un contexte urbain dakarois très difficile si on vient de loin et d’une famille modeste…Les autorités du COUD avaient la honteuse habitude de politiser l’attribution des lits d’étudiants (quotas à revendre et offrir à une clientèle politique). C’est dans ce contexte de conflit et de violence qu’apparait le Kekendo qui, un temps, a été récupéré par le PDS (Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor). Tout ça pour dire que le Kekendo n’est pas diola, mais un groupe composé d’étudiants représentatifs de la diversité ethnique de la Casamance. Réduire la bagarre entre des éléments de Kekendo et de Ndef Leng à une bataille ethnique relève de l’ignorance ou d’une grave manipulation à des fins politiques »
Des redresseurs de torts
Samba Diamanka, un journaliste au quotidien national « Le Soleil » raconte une anecdote concernant un de ses parents de Kekendo qui avait pris parti pour lui lors d’une bagarre. « En première année à l’Ucad, je logeais au pavillon A. J’étais victime de vols répétitifs dans notre chambre. C’était au 275 A. Nous étions plus de 20 étudiants. Parmi nous, il y avait de petits voleurs. Ils dérobaient tout le temps mes tickets, mes habits ainsi que mes chaussures. J’avais un parent qui faisait partie du groupe mythique « Kekendo ». Je lui ai alors expliqué mon problème. Ce parent de forte corpulence n’enviait rien aux lutteurs. Il a attendu un jour vers 15 heures, l’heure de la sieste, pour venir dans notre chambre. Il a réveillé tous mes camarades de chambre et leur a tenu ce discours : « Vous avez vu celui-là (Ndlr, en me désignant du doigt). Je ne vous demande rien. Le jour où il me dira que l’un d’entre vous lui a volé ses bagages, je casserai la gueule » à cette personne-là. Depuis lors, j’ai eu la paix ».
Et notre ancien collaborateur de témoigner en martelant avec force que « tous ceux que je connaissais dans le Kekendo n’étaient pas diolas ».
La relation entre Diolas et Sérères est sacrée
Le député Toussaint Manga, qui a fait ses études supérieures à l’Ucad, a posté sur sa page Facebook pour démentir une telle attribution à l’ethnie Diola en s’appuyant sur une photo. « Sur cette photo d’échantillon du Kekendo, il y a un peulh, une ndar-ndar, des mandingues et des diolas. Le Kekendo n’est pas une affaire de diola. La Casamance regorge en son sein toutes les communautés du pays. C’est le charme de la Casamance. Dans ma culture diola, les relations avec les autres communautés sont des relations très ouvertes de façon générale. Mais je sais que, de façon spécifique, la relation entre un Diola et un Sérère est sacrée », a expliqué le parlementaire.
Une autre ancienne du Kekendo, Madjiguene Seck, une Saint-Louisienne bon teint, témoigne de l’esprit d’ouverture du mouvement qu’elle avait intégré. « Je suis de Saint-Louis et j’étais une « moussou kendo ». Car, au-delà d’un mouvement d’étudiants, Kekendo, c’est un état d’esprit (l’unité dans la diversité et l’acceptation de l’autre) », a-t-elle fait savoir. Dans le Kekendo, qui signifie homme fort, on appelait les femmes « Moussou Kendo » (femme forte en mandingue). Le 4ème adjoint au maire de Kolda, Bamol Baldé, qui faisait partie de ce mouvement, a également réagi. « Kekendo veut dire littéralement brave homme. Donc, il existe dans toutes les ethnies des hommes très braves. Moussoukendo veut dire brave dame », a-t-il dit, dénonçant le fait d’attribuer le mouvement Kekendo à l’ethnie Diola. Tous ces témoignages ont le mérite d’être clairs…
Le Témoin
Tout étudiant qui a vécu à l’intérieur du campus ne peut ignorer le célèbre groupe « Kekendo », crée par des ressortissants de la Casamance. A l’origine, raconte un ancien ministre, le « Kekendo », né vers la fin des années 1990, était un mouvement de bastonnade pour faire régner l’ordre au campus social. Les étudiants qui composaient le Kekendo étaient des jeunes de forte corpulence qui n’avaient rien à envier aux lutteurs. Kekendo est un terme Mandingue qui signifie « homme fort ».
Le mouvement était composé de toutes les ethnies du Sud du pays. Tous les Casamançais s’y identifiaient. Il s’est agrandi d’année en année et a connu un grand succès à l’intérieur de l’espace universitaire. Par la suite, il a dépassé le cadre du Sud du pays en devenant national. L’actuelle directrice du Fongip, Thérèse Faye Diouf, a intégré le mouvement lors de ses années estudiantines à l’Ucad. Elle revient sur ces beaux moments dans le « Kekendo ». « …Sérère bon teint, ancienne de Kekendo (…). J’ai connu le Kekendo. J’ai été initiée au syndicalisme à l’Ucad par le Kekendo. Le Kekendo n’est ou n’était pas, je le témoigne, une structure estudiantine d’une quelconque ethnie. Nous étions, à l’époque, d’origines ethniques différentes. Cette différence ethnique était, en réalité, ce qui nous fortifiait dans notre solidarité culturelle, ethnique et régionale. J’ose, en effet, être convaincue, en qualité d’ancienne membre de ce groupe, que ce qui s’est passé ce jeudi (Ndlr : lors des affrontements), n’est en rien lié aux différences ethniques, culturelles, cultuelles ou régionales », a indiqué la responsable politique de Diarrère, dans la région de Fatick, Mme Thérèse Faye Diouf.
Pour l’ancienne directrice de la Case des Tout Petits, les incidents malheureux survenus récemment à l’Ucad sont peut-être une affaire d’égo mais pas d’ethnies. Elle renseigne que cette association, Kekendo, n’est pas composée que de Diolas mais de toutes les ethnies. « Je garde en souvenir des amis avec qui nous gardons toujours de bons rapports comme Black Kissima, Bamol Baldé, les deux Ansou Sané de Sédhiou et de Bignona, Bakary Traoré et Oumar Sakho, Cherif Dia dont la fille porte mon nom et d’autres encore d’origines ethniques diola, mandingue, peule, sérère, j’en passe. Nous venions de toutes les régions », a témoigné Mme Thérèse Faye Diouf.
Un autre ancien étudiant de l’Ucad, Idrissa Bobdé Mané, d’ethnie balante, a fait un post sur Facebook pour dénoncer la malhonnêteté de gens voulant faire croire que le Kekendo est un mouvement d’étudiants Diolas. « Au sujet des violences à l’UCAD, j’ai entendu et lu plein de sottises depuis hier. Une bagarre ayant opposé des membres de Kekendo et d’autres de Ndefleng a très vite été interprétée comme un conflit ethnique entre des Sérères et des Diolas. Le mouvement Kekendo existe depuis 2005 … mais je n’ai pas connu d’association ou mouvement appelé Ndefleng au campus quand j’y étais militant syndical et représentant des étudiants en 2005-2006. En revanche, il existe au Sénégal, depuis longtemps (années 1990 ?) une association culturelle de promotion de la langue et culture sérère appelée Ndefleng qui a certainement porté le projet de la Radio Ndefleng Fm… », affirme Idrissa Bobdé Mané un ancien étudiant (d’ethnie balante) dans son post.
Avant de poursuivre en précisant: « Le Kekendo ne peut être assimilé à un mouvement de Diolas… Dans ce groupe, on trouvait des étudiants « mandingues », « peuls », « balantes », « diola », « mancagnes », « manjaques », etc. Moi, je n’y ai jamais adhéré pour des raisons simples : j’ai toujours eu tendance à vivre dans des cadres associatifs syndicaux et politiques (gauche marxisante). Mais j’avais des amis et des « grands » dans le groupe « Kekendo » dont l’histoire est à rechercher dans la violence structurelle de l’Etat et de la vie politique à l’égard de sa périphérie et dans le sentiment d’être livré à soi-même dans un contexte urbain dakarois très difficile si on vient de loin et d’une famille modeste…Les autorités du COUD avaient la honteuse habitude de politiser l’attribution des lits d’étudiants (quotas à revendre et offrir à une clientèle politique). C’est dans ce contexte de conflit et de violence qu’apparait le Kekendo qui, un temps, a été récupéré par le PDS (Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor). Tout ça pour dire que le Kekendo n’est pas diola, mais un groupe composé d’étudiants représentatifs de la diversité ethnique de la Casamance. Réduire la bagarre entre des éléments de Kekendo et de Ndef Leng à une bataille ethnique relève de l’ignorance ou d’une grave manipulation à des fins politiques »
Des redresseurs de torts
Samba Diamanka, un journaliste au quotidien national « Le Soleil » raconte une anecdote concernant un de ses parents de Kekendo qui avait pris parti pour lui lors d’une bagarre. « En première année à l’Ucad, je logeais au pavillon A. J’étais victime de vols répétitifs dans notre chambre. C’était au 275 A. Nous étions plus de 20 étudiants. Parmi nous, il y avait de petits voleurs. Ils dérobaient tout le temps mes tickets, mes habits ainsi que mes chaussures. J’avais un parent qui faisait partie du groupe mythique « Kekendo ». Je lui ai alors expliqué mon problème. Ce parent de forte corpulence n’enviait rien aux lutteurs. Il a attendu un jour vers 15 heures, l’heure de la sieste, pour venir dans notre chambre. Il a réveillé tous mes camarades de chambre et leur a tenu ce discours : « Vous avez vu celui-là (Ndlr, en me désignant du doigt). Je ne vous demande rien. Le jour où il me dira que l’un d’entre vous lui a volé ses bagages, je casserai la gueule » à cette personne-là. Depuis lors, j’ai eu la paix ».
Et notre ancien collaborateur de témoigner en martelant avec force que « tous ceux que je connaissais dans le Kekendo n’étaient pas diolas ».
La relation entre Diolas et Sérères est sacrée
Le député Toussaint Manga, qui a fait ses études supérieures à l’Ucad, a posté sur sa page Facebook pour démentir une telle attribution à l’ethnie Diola en s’appuyant sur une photo. « Sur cette photo d’échantillon du Kekendo, il y a un peulh, une ndar-ndar, des mandingues et des diolas. Le Kekendo n’est pas une affaire de diola. La Casamance regorge en son sein toutes les communautés du pays. C’est le charme de la Casamance. Dans ma culture diola, les relations avec les autres communautés sont des relations très ouvertes de façon générale. Mais je sais que, de façon spécifique, la relation entre un Diola et un Sérère est sacrée », a expliqué le parlementaire.
Une autre ancienne du Kekendo, Madjiguene Seck, une Saint-Louisienne bon teint, témoigne de l’esprit d’ouverture du mouvement qu’elle avait intégré. « Je suis de Saint-Louis et j’étais une « moussou kendo ». Car, au-delà d’un mouvement d’étudiants, Kekendo, c’est un état d’esprit (l’unité dans la diversité et l’acceptation de l’autre) », a-t-elle fait savoir. Dans le Kekendo, qui signifie homme fort, on appelait les femmes « Moussou Kendo » (femme forte en mandingue). Le 4ème adjoint au maire de Kolda, Bamol Baldé, qui faisait partie de ce mouvement, a également réagi. « Kekendo veut dire littéralement brave homme. Donc, il existe dans toutes les ethnies des hommes très braves. Moussoukendo veut dire brave dame », a-t-il dit, dénonçant le fait d’attribuer le mouvement Kekendo à l’ethnie Diola. Tous ces témoignages ont le mérite d’être clairs…
Le Témoin
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