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Vague de licenciements dans l'administration publique et le secteur privé : une crise sociale et économique qui s'intensifie 1/2

Les vagues de licenciements qui secouent plusieurs secteurs de l'administration publique et privée au Sénégal suscitent un malaise social de plus en plus profond. En effet, une série de décisions visant à réajuster les effectifs dans diverses institutions publiques, telles que le Port Autonome de Dakar, la Caisse de Dépôts et Consignations (CDC), le ministère de la Santé et de l’Action Sociale, ainsi que des structures comme le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP), a déclenché une crise du travail sans précédent. Si certaines raisons de ces licenciements sont évoquées comme des réajustements économiques, d'autres dénoncent un aspect plus politique et arbitraire de ces décisions.



Une précarité croissante au ministère de la Santé
Au ministère de la Santé, la décision de ne pas renouveler les contrats de dizaines d'agents a été matérialisée par une note de service en date du 7 janvier 2025, qui a touché principalement la Direction Générale de l'Action Sociale (DGAS). Cette mesure, qui a affecté une dizaine de travailleurs, a provoqué la colère d'Ansoumane Dione, un ancien agent du ministère. Ce dernier dénonce des licenciements « abusifs, illégaux et arbitraires », qu'il attribue à une "rétention non justifiée des certificats administratifs" et à une appartenance politique présumée au parti PASTEF. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République relayée par certains médias, Dione interpelle le gouvernement sur la responsabilité sociale de ces licenciements, rappelant que le droit au travail est un droit constitutionnel.

Le départ des troupes françaises : une menace pour 162 Emplois
Dans un autre secteur, la décision du gouvernement sénégalais d’éliminer toute présence militaire étrangère à partir de 2025 va directement impacter 162 employés sénégalais des Éléments Français au Sénégal (EFS). L’annonce de la fermeture des bases militaires françaises a entraîné une demande de licenciement collectif auprès de l’Inspection régionale du travail. Ce départ des troupes françaises risque de toucher encore plus de travailleurs indirects, créant ainsi un climat de précarité pour ces employés, qui étaient sous contrats à durée indéterminée (CDI).

Des licenciements au port autonome de Dakar et à la CDC
Le Port Autonome de Dakar (PAD) a également été frappé par une vague de licenciements qui a concerné des centaines (700) d'employés. Le directeur général, Waly Diouf Bodian, avait précédemment annoncé un « réajustement des effectifs » afin de répondre aux objectifs stratégiques du port pour 2025. Un peu plus tôt, à la Caisse de Dépôts et Consignations, une trentaine d’agents en CDI ont été informés de leur licenciement, alimentant la frustration et l'incertitude au sein du personnel.

Le Secteur privé et parapublic aussi touché par une crise de l'emploi
La crise ne se limite pas aux institutions publiques. Dans le secteur privé, plusieurs entreprises sont également confrontées à des licenciements massifs. L'entreprise de construction Eiffage Sénégal, par exemple, a supprimé 1 000 postes en août 2024, principalement en raison de problèmes de trésorerie et de dettes non réglées par l'État. Le secteur de l'hôtellerie n'est pas épargné non plus. Au Radisson de Diamniadio, près de 40 employés ont perdu leur emploi à cause de « raisons économiques ».
Ailleurs, à l'aéroport international Blaise Diagne (AIBD), près de 500 travailleurs se trouvent menacés de licenciement en raison de la crise économique et d'un prétendu manque de personnel dans plusieurs services. Djibril Sakho, secrétaire général du Syndicat des personnels des Aéroports du Sénégal (SPAS), déclare que cette situation est d’autant plus préoccupante que l’aéroport souffre déjà d’un déficit en main-d'œuvre.

La crise de l’emploi dans le secteur des médias
Le secteur des médias a aussi été durement touché. La disparition des quotidiens Sunu Lamb et Stade en août 2024 a entraîné la mise au chômage de plusieurs dizaines de journalistes et techniciens. La fermeture de ces journaux, une conséquence directe de la baisse des ventes et de la crise économique, a mis en lumière la fragilité du secteur médiatique sénégalais, déjà affaibli par une pression fiscale élevée et un manque de soutien pour la digitalisation. 
Depuis l'arrivée au pouvoir des nouvelles autorités, un climat de méfiance et de tensions s'est installé entre la presse et le gouvernement. La situation semble se dégrader de jour en jour, avec des fermetures de médias et des pertes d'emplois dans le secteur qui se profilent à l'horizon. La Coordination des Associations de la Presse (CAP) avait d'ailleurs lancé un avertissement dans un communiqué publié le 6 août dernier, en indiquant que cette crise pourrait entraîner de nouvelles fermetures de journaux et des licenciements massifs.

Les répercussions sociales : une crise de confiance
Ces licenciements massifs ont des répercussions sociales profondes. Les syndicats du secteur public et privé, parmi lesquels la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS), se battent pour défendre les droits des travailleurs et dénoncent les licenciements abusifs. Cheikh Diop, secrétaire général de la CNTS/FC, exprime son inquiétude face à ce qu'il perçoit comme un paradoxe : d’un côté, les autorités promettent la création d’emplois, et de l’autre, les vagues de licenciements se multiplient. La situation devient de plus en plus complexe alors que des centaines de travailleurs se retrouvent dans l'incertitude, sans possibilité de reconversion professionnelle dans un marché du travail déjà saturé.

Une crise qui nécessite un dialogue
Les syndicats, comme celui des travailleurs des Aéroports du Sénégal (SPAS), ont indiqué qu’ils porteront ces questions devant les plus hautes autorités du pays, y compris le président de la République. Mamadou Dianté, président du Haut Conseil du dialogue social, souligne que les préoccupations des travailleurs ont été entendues et que des rencontres ont eu lieu pour trouver des solutions. Cependant, malgré ces efforts, un climat de tension persiste, exacerbée par le sentiment d’une absence de véritable dialogue entre les autorités et les syndicats.
Mamadou Sow, inspecteur du travail à la retraite, appelle, lui aussi à un dialogue sincère pour éviter que cette crise sociale ne s’enlise davantage. Il déplore le manque d’ouverture du gouvernement et la persistance des violations des droits des travailleurs.


Mercredi 12 Février 2025 - 16:36


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