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CAN tous les quatre ans : la réforme de la CAF divise le football africain

La décision de la Confédération africaine de football (CAF), d’organiser la CAN tous les quatre ans à partir de 2028, suscite encore de vives réactions, quatre jours après le début de la compétition au Maroc.



Avant même que cette CAN ne commence officiellement, Patrice Motsepe avait choqué tout son monde. Samedi 20 décembre, à la veille du coup d’envoi de la compétition, le président sud-africain de la CAF a officialisé une réforme de grande ampleur : la Coupe d’Afrique des nations passera à un rythme quadriennal à partir de 2028. Pour compenser cette rareté nouvelle de la CAN, la CAF a prévu également la création d’une compétition annuelle, inspirée de la Ligue des nations de l’UEFA.
 
Ce nouveau tournoi, dont le lancement aura lieu en 2029, doit permettre aux sélections africaines de se retrouver plus régulièrement, tout en limitant la surcharge du calendrier. « Bien sûr notre premier devoir va au football africain, mais nous avons aussi un devoir envers les joueurs africains jouant dans les meilleurs clubs en Europe. Nous voulons faire en sorte qu’il y ait plus de synchronisation et que le calendrier mondial permette aux meilleurs joueurs africains d’être chaque année en Afrique », s’était justifié dans la foulée Motsepe.
 
Si cette nouvelle en a surpris plus d’un, elle a surtout suscité de nombreuses interrogations et essuyé plusieurs critiques, venant notamment des acteurs principaux de cette compétition. La réaction la plus virulente est venue de la part de Tom Saintfiet, sélectionneur du Mali.
 
 En conférence de presse à la veille de Maroc–Mali, le Belge n’a pas caché sa colère. « Je suis très choqué et déçu par cette décision. La Coupe d’Afrique des nations existe depuis 1957, elle se déroule tous les deux ans, depuis, elle fait la fierté du continent. Elle rassemble les meilleurs joueurs africains, qui évoluent dans les grands clubs européens, les fans peuvent les célébrer. C’est un moment de gloire pour le football africain, a-t-il indiqué. Passer à une CAN tous les quatre ans, retirer cela… Je pourrais comprendre si, à la base, il s’agissait d’une requête des fédérations africaines, une demande des joueurs africains. Mais là, cela se fait pour satisfaire les puissants, l’UEFA, les gros clubs des cinq grands championnats européens et la FIFA, voilà ce qui rend cette décision si triste. »
 
Une idée qui divise tous les observateurs
Saintfiet, qui s’en était pris à la FIFA après le nul face à la Zambie lundi (1-1), a poursuivi en élargissant son réquisitoire. « On s’est tellement battus, depuis des décennies, pour que le football africain soit respecté, et voilà que l’Europe balaie cette histoire de près de 70 ans pour des raisons financières, et seulement pour ça. On espace la CAN, et pendant ce temps-là, on crée une Coupe du monde des clubs avec plein d’équipes, une Ligue des champions avec encore plus de clubs qui ne sont pourtant pas champions. Si vous voulez protéger les joueurs, ne soyez pas stupides, ne créez pas des compétitions ou des formats avec toujours plus de matches. Dans le monde, l’Afrique est le plus grand continent de football, en termes de passion, de qualité de joueurs, en termes d’histoire et d’héritage. Beaucoup de grandes stars en Europe ont des origines africaines. C’est un manque de respect de passer à une édition de la CAN tous les quatre ans. J’aurais aimé que l’amour de l’Afrique pour le football passe au-dessus des intérêts des instances et des puissants. »
 
D’autres coachs s’interrogent ouvertement sur les raisons profondes de cette réforme. Paul Put, sélectionneur de l’Ouganda, a ainsi posé la question sans détours. « Le problème vient peut-être de la Coupe du monde et de la Coupe du monde des Clubs ? » Une interrogation qui renvoie directement à la pression exercée par les compétitions organisées par la FIFA et l’UEFA sur le calendrier international. Plus nuancé, Walid Regragui a reconnu la complexité du débat. « Il y a des aspects positifs et d’autres moins. Le format bi-annuel de la CAN permettait à de nombreuses équipes de progresser et de se développer, ou de se reconstruire rapidement après un échec. Nous sommes bien placés pour le constater », a-t-il indiqué ce jeudi.
 
De son côté, Riyad Mahrez se montre plus optimiste. « Je pense qu’elle rendra la compétition plus attractive. » Une chose est certaine : la CAN reste au cœur de l’identité du football africain, mais cette réforme risque de longtemps faire parler.

Footmercato

Jeudi 25 Décembre 2025 - 20:14


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