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Green Academy 2025 : 20 jeunes acteurs formés pour la souveraineté alimentaire du Sénégal



La Green Academy 2025, dédiée à la promotion de l'alimentation durable a clôturé officiellement son programme ce samedi. L'initiative, portée par la fabrique citoyenne et écologique Teranga Lab, a réuni une cohorte de 20 jeunes autour de la thématique : « Manger est un acte politique !! ». Ce programme visait à former cette cohorte aux enjeux cruciaux de la souveraineté alimentaire au Sénégal. La formation a mis l'accent sur la « transition agroécologique et l'intégration des pratiques d'agriculture urbaine et périurbaine », s'alignant ainsi sur la vision Sénégal 2050 pour des systèmes alimentaires urbains résilients. Les modules de formation ont couvert un large éventail, allant de " l'agroécologie à l'autonomisation des femmes et au plaidoyer, enrichis par des visites de terrain et des ateliers immersifs".
 
La cérémonie de clôture ne s’est pas limitée à la reconnaissance des 20 académiciens. Elle a visé également à « officialiser la fin du programme et délivrer les attestations/certificats de réussite, présenter un bilan synthétique des objectifs atteints et des apprentissages clés, renforcer le cadre politique et territorial autour de la sécurité alimentaire et de la préservation du foncier agricole et a lancer formellement le Réseau des Acteurs Green Academy, un outil de suivi post-formation, de partage d'expériences et de maintien de l'engagement », selon les responsables.
 
Politiques territoriales et dimension humaine au centre des débats

Les débats de la journée se sont concentrés sur le « Cadre Politique » liant la « Green Academy » à la vision Sénégal 2050. Le thème central de l'allocution des autorités était « Politiques territoriales pour la préservation du foncier agricole et l’intégration de l’agriculture urbaine ». La Dimension Humaine sera également mise en avant, avec des témoignages des participants sur « Ce que la Green Academy a changé dans ma manière d’agir », soulignant l'impact concret de la formation.

Organisée en partenariat avec des acteurs clés, dont la Fondation Heinrich Boell, la cérémonie a vu l'intervention de Teranga Lab et des représentants de l'État. Elle a été clôturée par la lecture du manifester par l'ensemble de la cohorte et un appel à l'engagement, scellant la cohésion des 20 nouveaux acteurs pour l'alimentation durable.
 
Prenant la parole, un représentant des autorités a souligné le rôle central de la politique territoriale dans l'atteinte de la souveraineté alimentaire, insistant sur la nécessité de protéger le foncier agricole face aux pressions de l'urbanisation.
 
Abordant le thème de l'allocution, le représentant a déclaré : « la souveraineté alimentaire, c'est d'abord la maîtrise du foncier agricole, la protection de nos ressources naturelles, la valorisation des savoirs locaux, mais aussi un phénomène qui doit être ancré dans nos territoires. » Il a rappelé que l'« effet endogénéité » de cette souveraineté doit être porté par les terroirs pour devenir un succès collectif et généralisé.
 
La souveraineté alimentaire, une priorité ministérielle

Cette vision s'inscrit au cœur de la stratégie nationale, comme en témoigne la dénomination même du département : « ministère de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l'Élevage ». Une mention qui n'est « pas anodine » et qui fait partie intégrante de la Vision Sénégal Horizon 2050. Dans ce cadre, l'État a lancé des concertations en vue d'une stratégie de transition agricole visant à transformer les systèmes alimentaires. Le représentant a mis en garde contre les menaces qui pèsent sur l'assiette agricole nationale. « Aujourd'hui, le foncier agricole est soumis à des pressions. Il y a l'urbanisation rapide, la spéculation, mais aussi les infrastructures minières, » a-t-il précisé.
 
Il a également soutenu que pour inverser la tendance d'une agriculture parfois dégradante pour l'environnement, le ministère a mis en place un programme phare : les Coopératives Agricoles et Communales (CAQ). L'objectif des CAQ est de concrétiser l'« effet endogénéité » de la souveraineté alimentaire en encourageant l'organisation et l'engagement à l'échelle locale.
 
La jeunesse, porteuse d'espoir et d'initiatives

S'adressant aux 20 académiciens formés, le représentant a souligné leur rôle essentiel. « Vous êtes porteurs d'espoir, » a-t-il affirmé, rappelant que la jeunesse occupe une place « très importante dans toutes les politiques du Sénégal. » Les diplômés sont encouragés à utiliser leur savoir-faire au sein des fermes agricoles intégrées qui seront portées par les jeunes dans les communes. « Vous êtes très, très, très outillés pour pouvoir mettre ce que vous avez apporté à ces fermes dans les communes, et mettre votre savoir-faire à l'épreuve pour le bénéfice de vos communes », a-t-il martelé.
 
Il a conclu en félicitant les initiateurs de la Green Academy, notamment Teranga Lab et ses partenaires, pour accomplir « une partie des missions de l'État », assurant les jeunes du soutien continu des autorités. « Nous serons toujours là à votre écoute parce que vous êtes en train de faire une mission qui est confiée à notre département. », a-t-il conclu.
 
Sokhna Diarra Tambédou, l'une des participantes de la Green Academy 2025, a livré un témoignage fort en clôture du programme, soulignant l'impact transformateur de la formation sur la nouvelle génération d'acteurs de l'alimentation durable au Sénégal.
 
« Cela nous a permis de comprendre les enjeux de la sécurité alimentaire, mais aussi le concept de l'alimentation durable, » a affirmé Sokhna Diarra Tembedou. La formation, qui a alterné entre sessions en ligne, présentiels, échanges avec des experts et « visites sur le terrain, des immersions dans le milieu, » a donné aux 20 jeunes les outils nécessaires pour « comprendre les changements et les difficultés qui se présentent à l'avenir ».
 
Pour l'académicienne, ces immersions ont permis de voir « concrètement les principes de l'alimentation durable en nature, » et de mesurer le rôle clé de l'agriculture urbaine dans la sécurité alimentaire, mais aussi dans la création d'emplois pour les jeunes. « Nous avons pu constater des initiatives locales qui participent à rapprocher les citoyens de nos alimentations, à créer un lien social et à favoriser l'alimentation durable dans ce domaine, » a-t-elle insisté.
 
Un moment marquant de la formation fut le panel sur le thème central : « Manger est un acte politique ». « Nous avons compris que chaque choix que nous faisons en matière d'alimentation a des conséquences, que ce soit sur notre santé d'abord, mais aussi sur l'environnement et sur la société, » a expliqué Sokhna Diarra Tembedou. En choisissant des aliments de saison et locaux, les jeunes apprennent non seulement à soutenir les agriculteurs, mais aussi à réduire leur empreinte écologique et à construire un système alimentaire plus juste.

Face aux défis complexes de l'alimentation durable en milieu urbain, l'académicienne a appelé les jeunes à utiliser leur « énergie, leur créativité et leur engagement » pour transformer les villes. « Nous pouvons transformer nos villes en des lieux pour l'alimentation et sur notre santé, jusque dans l'environnement et la solidarité, » a-t-elle déclaré, exhortant ses pairs à soutenir les initiatives locales et l'agriculture biopédique.
 
La formation a eu un impact "remarquable" sur les bénéficiaires, qui se sont familiarisés avec les pratiques de l'agriculture durable et les techniques de transformation. « Nous sommes désormais des ambassadeurs, des acteurs clés du changement, capables de créer nos propres initiatives et des projets pour nos communautés, » a conclu Sokhna Diarra Tembedou, remerciant l'initiateur du projet, Teranga Lab, et le partenaire Heinrich Boell. « Ensemble, nous avons passé une étape importante vers un avenir plus sain et plus brave pour tous. Maintenant, il est temps de partir à la chance, les académiciens ! » a-t-elle lancé en guise d'appel final.
 
En effet, quelques mois après son lancement et à l'issue de la cérémonie de clôture, l'organisateur de la Green Academy 2025 a dressé un bilan très positif de cette initiative dédiée à l'alimentation durable. Lancée par Teranga Lab, l'Académie a sélectionné 20 jeunes profils très variés, parmi plus de 600 candidatures, allant de l'agronomie à la nutrition et à la pêche durable. L'objectif principal était de « positionner la problématique de l'alimentation durable » en permettant à ces jeunes, « champions du climat » issus des universités sénégalaises, de la questionner à travers leur « sens de l'innovation ».
 
L'alimentation questionnée sous le prisme de la décolonialité

Cette édition a volontairement abordé le sujet sous l'angle de la décolonialité. « Est-ce que ce que nous mangeons dans nos assiettes, d'où est-ce que ça vient ? Quels sont les dictats des politiques étrangères qui interviennent là-dedans ? » s'est interrogé l'organisateur, soulignant les lacunes des politiques publiques nationales en matière de bonne nutrition.
 
Le constat est clair : « Manger, c'est aussi un acte politique. » L'importation massive de produits alimentaires par un pays de 18 millions d'habitants pose un risque direct pour la santé publique, car « l'homme doit se nourrir de ce qui l'entoure en fait, de son écosystème, de son biotope, » un facteur directement lié à la « vitalité sanitaire », d'aprés l'organisateur.
 
Un parcours intégré et l'importance de la mise en réseau

Le programme s'est distingué par un « parcours vraiment intégré » mêlant théorie et beaucoup de pratique. Les académiciens ont bénéficié de sessions immersives dans des fermes agroécologiques, ont rencontré des « véritables acteurs de terrain » et ont interagi avec des institutions et chercheurs de l'État pour « vulgariser tout ce savoir-là qui est là et qui n'est pas mis au-devant de nos politiques publiques. »
 
Après la formation, la priorité est désormais la mise en réseau. « On ne les forme pas pour les laisser dans la nature, » a assuré l'organisateur. Le Réseau des Acteurs déjà entamé permettra à ces jeunes de « porter la voix du Sénégal et la voix de la jeunesse sénégalaise » à l'international.
 
Un choix délibéré : la place des femmes et l'innovation

Teranga Lab a insisté sur l'importance d'impulser une masse critique des jeunes dans les politiques publiques pour garantir l'innovation. Un aspect stratégique du programme est la forte représentativité féminine.
 
L'organisateur a confirmé que le fait d'avoir « plus de femmes que d'hommes » est un choix délibéré : « Il faut aussi promouvoir des champions du climat. Nous avons des femmes qui sont très bien formées. Il est temps de les mettre au-devant des choses pour qu'elles puissent prendre leurs responsabilités. »
 


Samedi 25 Octobre 2025 - 22:55


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