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François Bozizé: «L’année 2013 est une année noire pour mon pays», la Centrafrique

François Bozizé, chassé du pouvoir en Centrafrique par la coalition rebelle Seleka en mars dernier, sort de son silence. L'ex-président qui vit en exil, lance un appel au calme. Il répond aussi au président de la transition Michel Djotodia qui lui impute la responsabilité des violences qui ont émaillé le pays ces derniers mois. François Bozizé est l'invité de Nicolas Champeaux.



François Bozizé: «L’année 2013 est une année noire pour mon pays», la Centrafrique

RFI : Monsieur Bozizé bonjour… Quelle réaction vous inspire l’inquiétante dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire en Centrafrique ?

François Bozizé : L’année 2013 est une année noire pour mon pays. 2013 a été l’année où la démocratie a été assassinée par la Seleka et tous ceux qui ont soutenu la Seleka. Et les conséquences sont là. Fin 2012, la situation était la suivante : une situation sécuritaire maîtrisée !
 

Mais par rapport aux atrocités commises par l’ex-Seleka et par des membres des groupes d’autodéfense et anti-Balaka, quelle est votre réaction ?

Non, il ne faut pas confondre les choses. C’est la Seleka qui a amené le désordre dans le pays, la misère et la mort. Le phénomène anti-Balaka vient de se manifester à la suite des exactions de Seleka à l’intérieur du pays. C’est ça qui a provoqué l’avènement des anti-Balaka ! De ma position (en exil, ndlr), je n’ai pas formé une rébellion appelée anti-Balaka !
 

Michel Djotodia, le président de la transition, lors de ses vœux vous a imputé l’entière responsabilité des violences de l’année écoulée. Il vous accuse de diriger les anti-Balaka sur lesquels, on le sait, vous vous êtes appuyé lorsque vous étiez au pouvoir.

Anti-Balaka, lorsque j’ai été au pouvoir ?… Vous vous trompez là !...

Pourtant selon nos informations, vous avez fait acheminer des armes traditionnelles, des machettes, vers Bossangoa à destination des anti-Balaka lorsque vous étiez président

Non, non… Ce n’est pas vrai ! J’ai la conscience tranquille sur cette accusation !
 

Même pour lutter contre les coupeurs de route et les braconniers, ces groupes d’autodéfense n’ont pas reçu votre soutien ?

Moi, de ma position ?... Acheminer des machettes ?... Non ! C’est un régime qui est parvenu au pouvoir par la manipulation et le mensonge ! Faites bien attention !
 

Est-ce que vous condamnez néanmoins les atrocités auxquelles ont participé des membres de ces groupes d’autodéfense anti-Balaka ?

C’est vous qui le dites ! Je ne suis pas sur place ! C’est la presse qui le dit ! S'ils ont commis (des atrocités NDLR), je le condamne. C’est la confusion dans cette affaire !
 

Il y a tout de même énormément d’humanitaires, d’observateurs, de journalistes sur place, qui constatent des atrocités commises de part et d’autre : par les ex-Seleka et par les anti-Balaka. Mais vous, vous n’en n’êtes pas encore tout à fait convaincu. C’est bien cela ?

Oui, mais moi je ne suis pas dans une position où je pourrais vraiment donner un point de vue sûr, tellement il y a de manipulations dans cette affaire !
 

Le président tchadien Idriss Deby, lors de ses vœux, a nié tout lien, tout soutien vis-à-vis de la Seleka qui vous a renversé en mars. Faut-il le croire sur parole ?

Je ne suis pas en mesure de pouvoir donner des réponses là-dessus.
 

Vous avez, néanmoins, de forts soupçons ?

Oui. Telles que les choses se dessinent, référez-vous à ce qui se passe dans le pays sur place.
 

Quelle sortie de crise préconisez-vous et envisagez-vous de jouer un rôle de premier plan dans ce futur scénario ?

D’abord le recours à la légalité constitutionnelle, après avoir maîtrisé les Seleka et avoir regroupé l’armée tchadienne de manière distincte... Et (ensuite) Djotodia se prononce définitivement sur sa démission, car pour nous, Djotodia est synonyme de chaos. C'est l’enfer qu’il a amené au pays ; l’incompétence notoire, la mort des Centrafricains, des Tchadiens, des Congolais, des Français... sa crédibilité complètement anéantie… Je crois que la seule solution pour lui, c’est de se prononcer sur sa démission, pour que la situation soit maîtrisée une fois pour toutes.
 

Quand vous dites « retour à la légalité constitutionnelle », est-ce qu’il faut entendre de nouvelles élections le plus tôt possible ou votre retour au pouvoir ?

Les deux, selon l’évolution de la situation. Les élections peuvent se faire pendant que je suis là, comme les élections peuvent se faire pendant que je ne suis pas là.
 

Vous n’avez pas encore décidé si oui ou non, vous seriez candidat à d’éventuelles élections en Centrafrique ?

Mais pourquoi voulez-vous me mettre à l’écart du jeu politique dans mon pays ? J’ai servi mon pays et c'est l’avènement de la Seleka qui a tout détruit ! Pendant mon régime on ne parlait pas de musulmans et autres, nous vivions en symbiose ! Je fréquentais toutes les églises, catholique, protestante, kibanguiste, céleste, les mosquées et autres… Tout ! Il n’y avait aucun problème !
 

Vous serez donc le candidat du KNK (parti Kwa na Kwa) pour les prochaines élections ?

La situation n’est pas encore claire. Rien ne m’empêche d’être candidat ou pas. Mais qu’on tire au clair la situation sécuritaire dans le pays.
 

Et vous engagez-vous à ne pas recourir aux armes pour revenir au pouvoir ?

Pourquoi vous me le demandez, alors que je ne l’ai pas fait jusqu’à présent ?
 

Mais votre première accession au pouvoir s’est faite par le biais des armes !

Je l’ai fait avec le consentement de tout le monde !
 

Est-ce que vous en voulez au président de la République française, François Hollande, de ne pas avoir donné ordre à des soldats français arrêter la progression de la Seleka sur Bangui en mars dernier ?

C’est une question de souveraineté. Je ne commande pas la France. Je ne peux pas me mêler de cela.


rfi.fr

Jeudi 2 Janvier 2014 - 08:59


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