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À la veille des élections en RDC : effervescence, inquiétude et ombre de fraudes

Faire voter 33 millions d'hommes et de femmes dans un pays immense, dans des zones parfois difficiles d'accès et surtout dans un climat politique plus que dangereux est un défi que la République démocratique du Congo s'apprête à relever. Demain, lundi 28 novembre 2011 est jour d'élections présidentielle et législatives. L'effervescence règne sur le terrain. Hier, Kinshasa a vécu une journée pleine de rebondissements mais dans d'autres villes aussi, les Congolais sont sur le qui-vive.



Kinshasa : des incidents suspendent les derniers meetings

Effervescence autour de l'aéroport de Ndjili, près de Kinshasa, le 26 novembre 2011. AFP PHOTO/GWENN DUBOURTHOUMIEU
Effervescence autour de l'aéroport de Ndjili, près de Kinshasa, le 26 novembre 2011. AFP PHOTO/GWENN DUBOURTHOUMIEU
Des défilés colorés, rythmés par la musique, étaient plutôt annonciateurs d'une fête pour cette dernière journée de campagne électorale dans la capitale. Les Kinois allaient pouvoir enfin voir trois des principaux candidats qui avaient parcouru toutes les provinces auparavant : le président sortant Joseph Kabila (PPRD, Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), le candidat Vital Kamerhe (UNC, Union pour la nation congolaise) et l'opposant Etienne Tshisekedi (UDPS, Union pour la démocratie et le progrès social ).

Cependant, il y avait une incertitude inquiétante : le lieu du meeting du leader de l'UDPS. Les deux plus grands stades de la capitale étant déjà réservés, le parti d'Etienne Tshisekedi avait choisi d'installer un podium à proximité du site du meeting de Joseph Kabila.

Avis contraire des autorités. La police fait démonter le podium. Les esprits s'échauffent. Des dizaines de milliers de partisans de l'UDPS commencent à affluer vers l'aéroport international dans le but d'accompagner Etienne Tshisekedi vers le centre-ville. Sur cette route, les incidents se multiplient : un militant du pouvoir est tué à coups de pierre. Ensuite, un autre mort dont on ignore l'appartenance. Pour ce qui concerne le bilan, on s'en tiendra à ce que les journalistes ont vu. Des tirs de grenades lacrymogènes mais aussi des tirs à balles réelles. Le gouverneur interdit alors tous les meetings.

Etienne Tshisekedi est donc contraint d'atterrir sur un autre aérodrome mais il rejoint ses partisans à l'aéroport international et se retrouve bloqué par la police pendant toute la journée, empêché de rejoindre la ville. Peu avant minuit, le blocus est levé : minuit sonne la fin de la campagne.

Lubumbashi : presque prêt

Dans la petite remise de l'école, gardée par la police, Florentin, l'un des chefs de ce centre de vote fait l'inventaire de tout le matériel électoral : les scellés, le tampon. « Après avoir voté, tu viens et on va te mettre de l'encre afin de témoigner que tu as déjà voté ». Il déplie les kits électoraux.

À cette liste, il faut ajouter aussi les isoloirs et les urnes géantes, plus d'un mètre de hauteur. Elle ressemble à des poubelles transparentes. Les bulletins de vote n'arriveront que ce dimanche. Florentin le sait : ils constituent l'un des équipements les plus délicats du scrutin.

Même si Petronille ne trouve pas son nom, elle devrait pouvoir voter. La Commission électorale nationale indépendance (Céni) a indiqué que les personnes inscrites dans un bureau pourrait voter même si leur nom n'apparaît pas sur la liste.

La photocopie des articles des journaux : une affaire rentable pour tout le monde

Une dizaine d’hommes alignés, debout. La tête baissée vers des feuilles de papier blanc. De quoi s'agit-il ? « Nous regardons les titres pour savoir ce qui se passe dans notre pays».

En fait, ce sont les versions en ligne des journaux Le Potentiel ou Le Phare qu’ils consultent. Des journaux en ligne puis imprimés sur papier. « Ce sont des photocopies que nous vendons, explique Carlos, le vendeur de journaux. C'est moins cher que les originaux. Les gens n'achètent pas sinon ».

On peut ainsi acheter un article seulement pour moins d’un dollar. Alors que l'exemplaire de Jeune Afrique se monnaye entre 7 et 10 dollars, selon Carlos.

A l'approche des élections, ils sont nombreux à s'emparer de ces « journaux ».

Goma : des bulletins de vote en goguette

L'information a commencé à circuler ce vendredi 25 novembre : plusieurs partis de l'opposition ainsi que des membres de la société civile ont récupéré des bulletins de vote circulant dans certains quartiers, avec, au dos, la mention « Céni ».

Quinze bulletins de la présidentielle, provenant de diverses sources, ont été vus par RFI. Cependant, le nombre total des bulletins circulant dans la ville n'a pas pu être confirmé.

À la commission électorale, Mathieu Ruchogoza, le secrétaire adjoint de la Céni pour la province du Nord-Kivu, affirme ne pas avoir connaissance d'un tel phénomène. « Lorsque les bulletins arrivent, il sont entreposés dans les entrepôts de la Monusco [Mission de l'organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, NDLR]. Chaque camion a une escorte. Des policiers de la police nationale congolaise sous l'escorte de la Monusco. De là, on déploie les bulletins dans les centres de vote respectifs ». Mathieu Ruchogoza indique cependant qu'une enquête de la police est en cours.

À la Monusco, un interlocuteur admet que cette découverte est inquiétante.

Seul un dispositif spécial où chaque centre de vote signerait chaque bulletin avant qu'il ne soit coché pourrait garantir l'absence de tricherie. Un numéro de série inscrit en haut de chaque bulletin permet en théorie de remonter jusqu'à son origine, et indiquer le bureau où il a été déployé.

À Johannesburg, en Afrique du Sud : faux bulletins de vote

À en croire le quotidien Mail and Guardian de Johannesburg, les bulletins de vote (*) n'ont pas tous quitté l'Afrique du Sud pour le Congo. Selon le quotidien, certains de ces bulletins se trouvent entre les mains des Congolais vivant en Afrique du Sud. Comment se sont-il retrouvés là ? Dans quel but ? Mystère. Bakengeshi Twendelé dirige une organisation non gouvernementale congolaise de Johannesburg. Il s'est procuré deux de ces bulletins et a alerté les autorités : « Nous avons contacté la représentation de l'Union européenne, à Pretoria. Nous leur avons présenté les documents et ils ont jugé, comme nous, qu'ils étaient apparemment authentiques. Nous sommes allés également à la présidence sud-africaine, et un peu partout ».

L'ambassadeur de la République démocratique du Congo en Afrique du Sud a lui aussi été alerté. Selon le Mail and Guardian, il a jugé que ces bulletins étaient des faux. Des faux, selon lui, destiné à ternir l'image de Joseph Kabila.

La diaspora congolaise ne peut voter pour ces élections.


Si l’on en croit le président de la commission électorale, le pasteur Ngoy Mulunda, tout sera prêt pour le scrutin de demain. L'homme ne se départit pas de son optimiste, de son volontarisme. Il a réaffirmé hier que le scrutin aurait bien lieu demain lundi. Il reste encore toute la journée et la nuit prochaine pour déployer le matériel électoral vers 63 000 bureaux dans un pays grand comme l’Europe occidentale et quasiment dépourvu de routes.
Source: RFI


Dimanche 27 Novembre 2011 - 17:28


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