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Arrêt financement des énergies fossiles: Zoom sur le lourd risque d’anéantissement qui pèse sur tous les investissements sur le pétrole et le gaz sénégalais

Vingt pays et cinq institutions financières internationales se sont engagés jeudi, à cesser de financer des projets d’énergies fossiles (principalement le pétrole, le gaz naturel, le charbon) d’ici la fin de 2022. C’est ce qui ressort d’une déclaration commune à l’initiative du Royaume-Uni à l'occasion de la « Journée de l’énergie », en marge de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) dans la ville écossaise de Glasgow. Cette décision prise, dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, ne sera pas sans conséquences sur le pays africains « fortement dépendants des investissements étrangers ». Préoccupé par cette décision, le Syndicat National des Travailleurs du Secteur du Pétrole et des Energies (SNTSPE) dénonce, avec la dernière énergie, ce blocus des financements des énergies fossiles, estimant que cette « décision unilatérale » est engagée par ces pays dans le but « d'anéantir l'élan des pays du Sud comme le Sénégal ». Interrogé par PressAfrik, l’économiste et analyste financier, Cheikh Fatma Diop, a évoqué les conséquences que cela pourrait avoir sur ces pays, avant de proposer des pistes de solutions.



Arrêt financement des énergies fossiles: Zoom sur le lourd risque d’anéantissement qui pèse sur tous les investissements sur le pétrole et le gaz sénégalais
Lors de la conférence internationale sur le climat COP 26 tenue à Glasgow, les pays du Nord ont annoncé leur volonté de mettre un terme d'ici la fin de 2022 au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de captures de carbone. Ce plan inclut pour la première fois, le gaz et le pétrole et promet de réorienter cet argent vers des énergies propres. 
anéantir l'élan des pays du Sud comme le Sénégal
Mais, cette décision n’est pas du goût du Syndicat National des Travailleurs du Secteur du Pétrole et des Energies (SNTSPE) qui dénonce, avec la dernière énergie ce blocus des financements des énergies fossiles, dans un communiqué signé du secrétaire général, Pape Bakary Traoré. Ils estiment que cette « décision unilatérale » est engagée par ces pays dans le but « d'anéantir » l'élan des pays du Sud comme le Sénégal, pour les empêcher de tirer profit des ressources pétrolières et gazières.

Pour ces syndicalistes, l'arrêt de ces financements constituerait un « frein majeur » pour le développement des pays du sud, car aucun des pays en voie de développement n'est en mesure d'assurer les gros investissements que requiert l'exploitation de ses ressources. Ces pays qui ont pollué pendant des années la planète sont uniquement « responsables » de la situation du réchauffement climatique donc aucune responsabilité ne saurait être imputée à l'Afrique pour lui faire subir cette « injustice économique pour l'empêcher de profiter de ces ressources pour garantir son envol économique et social ».

que les autorités prennent avec courage toute leur responsabilité
Cependant, le SNTSPE croit fermement que les autorités prendront avec courage toute leur responsabilité pour que ces ressources pétrolières soient exploitées au plus grand bonheur des populations. « Notre pays a cette opportunité de se développer et booster sa croissance à l'image de tous ces pays qui ont assuré leur développement grâce aux ressources naturelles et à l'énergie fossile ».

Par ailleurs, ces dernières années les importantes découvertes faites au Sénégal ont induit un changement de paradigme important dans la politique énergétique du pays par le développement d'une stratégie « gaz to power ». Celle-ci déjà incluse dans la stratégie économique du pays permettant un développement inclusif du pays grâce à la démocratisation d'un accès à une énergie de qualité en quantité suffisante, à moindre coût et plus respectueuse de l'environnement.

A en croire les syndicalistes, l'arrêt de ces financements porterait un  « coup dur » à ces importantes réformes engagées par le Sénégal. Ils ont évoqué la nécessité de faire une démarche inclusive à travers des concertations au plan international et national pour mitiger et retarder cette transition énergétique brutale vers des énergies plus propres dont le gaz naturel pour permettre à nos pays de se réajuster

Les membres à travers le SNTSPE s'engagent et exhortent tous les acteurs à « s'unir et à déployer » tous les moyens possibles pour que nos ressources (gaz et pétrole) soient exploitées. « Dans les jours à venir, nous comptons organiser une large concertation avec les acteurs du secteur pour adopter une position commune sur la question des financements des énergies fossiles », disent-ils.

Arrêt financement des énergies fossiles: Zoom sur le lourd risque d’anéantissement qui pèse sur tous les investissements sur le pétrole et le gaz sénégalais
« arrêt total ou un retard des projets »
 
Joint par PressAfrik, Cheikh Fatma Diop, Analyste économique- Financier, a d’emblée évoqué les conséquences de cette décision. Selon lui, cela aurait d'abord comme première conséquence un « arrêt total ou un retard des projets d'investissement dans le secteur des hydrocarbures ». Et à ce retard, dit-il, viendrait s'ajouter, pour le cas du Sénégal, celui déjà observé avec la crise sanitaire qui a fait « reculer la période de production commerciale de 2020-2021 à fin 2023 ».
 
« Donc, si ces pays décident d'arrêter le projet, nos Etats, étant fortement dépendants des investissements étrangers, pour les secteurs hydrocarbures auront du mal à développer le secteur. Et par conséquent, ils auront un terrible manque à gagner du fait des prévisions qu'ils avaient établies dans le secteur pétrolier », a soutenu M. Fall.
 
Le Sénégal, par exemple, s'est largement endetté dans les dernières années, et l'endettement sur PIB est passé de 43% à 66% entre 2012 et 2020, d’après l’analyste financier. Il a fait savoir qu’une partie de cet endettement a été faite sur la base des prévisions de productions commerciales et de commercialisation du pétrole et du gaz. Ça aurait donc une « conséquence terrible » pour le budget de nos Etats car, les budgets, en termes de prévisions dépendent d'une partie des recettes découlant de la commercialisation des hydrocarbures.
 
S’unir pour convaincre ces pays que le gaz est moins polluant que charbon
 
Face à cette situation, l’analyste n’a pas manqué de donner quelques pistes de solution. En premier, les Etats doivent essayer de convaincre les bailleurs et leur prouver que le gaz est moins polluant. « Nos gouvernements, en termes de recettes budgétaires sont très limités. Le secteur des hydrocarbures, par définition est un secteur incertain, parce qu'on peut investir de puits, des projets pétro-gaziers sans trouver de l'hydrocarbure à la fin. Donc le budget de l'État ne peut pas être mobilisé pour cela. Ce qu'il faudrait peut-être, c'est essayer de convaincre ces pays et banques. Leur montrer que le gaz est une énergie moins polluante que charbon qui est toujours utilisé par les pays développés comme sources d'énergie. A mon avis, il faudrait que les pays soient davantage unis. Le Sénégal à lui seul, ne peut pas se faire entendre. Il faudra le giron de la CEDEAO et même de l'Union africaine, de tous les pays africains producteurs ou producteurs à venir, de pétrole et de gaz, puissent s'unir et se faire entendre d'une seule ».
 
développer davantage les énergies renouvelables
 
Poursuivant, il a soutenu qu’ « il est parfaitement possible d'essayer de développer davantage les énergies renouvelables, pour les pays africains. Pour le cas du Sénégal, par exemple, M. Diop explique que « l'accès au soleil, au vent est très large tout au long de l'année ». « Il faut développer une vraie politique de production vers les énergies renouvelables qui permettrait de pouvoir assoir une certaine autonomie énergétique. Et au moins de compenser une partie de ces pertes d'investissement quant au secteur des hydrocarbures classiques ». 

« En 2023, le Sénégal connaîtra les premiers m3 de gaz et baril de pétrole », selon le ministre des Finances, Abdoulaye Daouda Diallo. A en l'en croire, ces ressources ne seront pas exportées. Elles seront mises à la disposition du Sénégal « afin de financer des projets, des start-ups et jeunes entrepreneurs (homme et femme) afin d’installer l’équilibre économique du pays. La demande domestique devra être satisfaite sur toute l’étendue du territoire national. Un taux de croissance à deux chiffres, projeté à « 13,7 % est attendu dès 2023, avec le début d’exploitation des hydrocarbures ».
 
Avec les conséquences que cette décision pourrait engendrer, il y a lieu de craindre. Pour le cas du Sénégal, le pétrole et le gaz rapporteraient l'équivalent de « 6 à 7% de PIB sur 20 à 30 ans d'exploitation ». Pour M. Diop, cette manne financière attendue viendrait agrandir et épaissir le budget de l'État et donc aurait permis aux États de faire face avec plus d'efficacité aux urgences socio-économiques en termes de santé, d'éducation, d'infrastructures et d'environnement. « Si ces financements n'arrivent pas, et que les projets d'hydrocarbures ne sont pas développés, les Etats resteront dans les difficultés dans lesquelles ils sont actuellement. Lesquelles difficultés exacerbées par la crise sanitaire à coronavirus ».


Samedi 4 Décembre 2021 - 10:23


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