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Chronique: Contes et mécomptes macabres



Chronique: Contes et mécomptes macabres
« Une femme découpée en morceaux, une autre poignardée à mort et un bébé décapité ». Ce n’est pas le titre d’un film d’horreur à l’affiche ou un conte d’adolescent pour faire peur à de petits enfants mais bien des séquences réelles vécues le week-end dernier à Dakar et rapportées par la presse. Cette liste fait malheureusement suite à d’autres assassinats du même acabit que décompte régulièrement une opinion publique dépassée par tant de cruauté.

Le présentateur-vedette et non moins directeur de la Rfm, Mamoudou Ibra Kane a raison de dire que les meurtres atroces constatés ces derniers temps au Sénégal ne peuvent plus être rangés dans la rubrique des chiens écrasés, allusion aux faits divers dans le jargon journalistique. C’est un véritable problème de société que ces homicides volontaires posent tant ils connaissent une recrudescence voire un développement funeste. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette comptabilité macabre ?

La député Me Ndèye Fatou Touré lie le fléau aux coupures répétées d’électricité. Certes, les délestages en sont un élément explicatif, en ce sens qu’ils renforcent l’obscurité et l’insécurité qui sont le lit des activités criminelles mais les facteurs sont multiples. Voyons !

Au moment où les meurtres se multiplient, les forces de sécurité semblent plus intéressées à convoquer des journalistes pour des vétilles. Elles leur exigent des informateurs sur les vacances du chef de l’Etat et des et des démentis sur des querelles de filles de ministres d’Etat. Ou bien encore, nos vaillants préposés à la sécurité investissent depuis plusieurs jours les abords des locaux du groupe Walfadjri dont la radio et la télé ont été abusivement fermées pour un contentieux non encore totalement vidé. Cette débauche d’énergie aurait valablement pu servir à traquer les nombreux délinquants et autres criminels. Qu’attendent-ils pour déplacer la peur dans le camp des bandits ? Beau slogan jadis brandi. Mais c’est peut-être leur demander. Et puis, les forces de l’ordre clament toujours qu’elles n’ont pas suffisamment de moyens. La même antienne qu’avance la Sénélec pour s’exonérer de ses charges. La sécurité et l’énergie sont des priorités absolues dans un pays qui ambitionne l’épanouissement pour ses citoyens.

La question de la pauvreté est également un maillon de la chaîne des causes de l’expansion des tueries. De plus en plus de gens commettent des meurtres pour vivre, surtout dans les villes. Combien de bandes armées s’attaquent à de paisibles citoyens en signe de gagne-pain. Récemment, un gang qui tentait de cambrioler une pharmacie a tué un jeune homme. Les coupeurs de route sont légion en rase campagne au grand dam des voyageurs. Les repères sont perdus.

La décrépitude des valeurs morales, qui a atteint l’abîme sous nos tropiques, y est pour grand’chose. Car banaliser le meurtre à ce point ne peut relever que d’une absence d’éducation et de citoyenneté manifeste. A quoi bon éliminer illégalement une âme qu’on n’a pas créée et pour des motifs souvent dérisoires ? C’est un symptôme de la profonde crise éthique qui ronge notre corps social. Il nous faut donc réinscrire la valeur de la vie au coeur des programmes de nos écoles et universités afin que nos compatriotes l’appréhendent et agissent ainsi mieux.

Parallèlement à cette sensibilisation, il faut une politique de répression rigoureuse pour dissuader les candidats à ces actes macabres. Une législation permissive favorise, ou à tout le moins, n’incite pas à s’éloigner du meurtre. Une justice saine, diligente et équilibrée en est l’antidote.

Les raisons sont nombreuses et les actions à mener le sont autant notamment dans l’information, la communication, l’emploi, etc. Par voie de conséquence, le fléau demande un traitement global et radical si nous ne voulons pas vivre dans une sorte de jungle où c’est la loi du plus fort qui encouragerait chacun à se doter d’armes pour ne pas être éliminé à la moindre occasion. Les signes annonciateurs de ce chaos se profilent à l’horizon. Il faut les repousser et à temps. L’heure est grave.


Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com

Abdoulaye Sylla

Mardi 1 Septembre 2009 - 12:18


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