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Derniers jours de campagne en Côte d’Ivoire: la guerre des mots, la paix des armes

A Abidjan, la fièvre monte, mais sans violences. Certes, dans son homélie de dimanche dernier, l’archevêque d’Abidjan, Mgr Kutwa, s’est inquiété que la campagne suscite «d’énormes passions» et que «des affiches soient déchirées ou barbouillées». Mais, après les grandes journées de manifestation d’octobre 2000, de décembre 2000 et de mars 2004 – où la répression policière a fait plusieurs dizaines de morts, ces derniers jours de campagne semblent bien paisibles.



Derniers jours de campagne en Côte d’Ivoire: la guerre des mots, la paix des armes
Lundi 25 octobre 2010, le président sortant, Laurent Gbagbo, a tenu meeting dans un fief de l’opposition, la commune abidjanaise d’Abobo. Un moment, le convoi présidentiel a croisé une caravane de supporters d’Alassane Ouattara. Sagement, les deux camps ont fait mine de ne pas se voir… Et quoi qu’en dise l’archevêque, beaucoup d’affiches sont intactes.

La bataille des mots

Impossible de ne pas les voir, ces affiches géantes. Elles dominent tous les carrefours de la ville. Chaque candidat décline son thème préféré. Laurent Gbagbo, 65 ans, le visage illuminé d’un grand sourire : « La paix est gagnée. Maintenant le développement ». Henri Konan Bédié, 76 ans, l’œil malicieux : « Notre expérience au service de l’avenir ». Alassane Ouattara, 68 ans, les yeux tout aussi rieurs : « Ado-solutions : changer la Côte d’ivoire en cinq ans » – « Ado » étant l’acronyme d’Alassane Dramane Ouattara.

En fait, c’est surtout dans les mots que la campagne se durcit depuis quelques jours. Laurent Gbagbo affirme qu’il est le seul candidat de la Côte d’Ivoire. « Tous les autres sont des candidats de l’étranger », lance-t-il à chaque meeting. « Et le socialiste français Jack Lang, n’est-il pas venu soutenir le candidat Gbagbo ? », réplique Henri Konan Bédié, qui rappelle volontiers que l’ex-ministre français de la Culture a été vu une nuit dans l’un des bars de la rue Princesse – « l’équivalent de Pigalle à Abidjan », prend-il soin de préciser…

Plus sérieusement, lundi, lors d’un meeting à Divo, l’ex-président ivoirien n’a pas hésité à lâcher : « Tricheur, paresseux, en plus de tous les assassinats qui lui pendent au nez, voilà le chef des refondateurs [Laurent Gbagbo, ndlr] dans toute sa laideur qui veut donner des leçons au monde entier »… Sûr que le président sortant répondra à l’attaque avant la fin de la campagne, vendredi 29 octobre à minuit.

Alassane Ouattara, lui, préfère concentrer le tir sur le bilan économique du Président sortant. Mardi 25 octobre, lors d’un meeting dans la région de Man, à l’ouest du pays, il a eu cette phrase : « Monsieur Gbagbo n’a construit aucune route, aucun pont. Comment voulez-vous qu’il fasse en cinq ans ce qu’il n’a pas su faire en dix ans ? ». A quoi Laurent Gbagbo répond volontiers que ce n’est pas lui qui a plongé la Côte d’Ivoire dans la guerre civile.

Et après le décompte des suffrages ?


Les mots sont tranchants, mais les armes restent dans leurs fourreaux. Sauf imprévu, beaucoup d’Ivoiriens pensent que le calme durera jusqu’à la proclamation des résultats, prévue lundi prochain. Après, c’est une autre affaire. Le 21 octobre, l’opposition a récusé la société informatique chargée de compter les suffrages et de les centraliser à Abidjan : « Trop proche du pouvoir ». Le 24 octobre, le Premier ministre, Guillaume Soro, a proposé une solution : coiffer cette société d’un comité d’experts ivoiriens et internationaux au-dessus de tout soupçon. Mardi, après une visite du représentant spécial de l’Onu à son domicile, Henri Konan Bédié a accepté la formule du bout des lèvres. « Elle n’est acceptable que si elle vient en complément d’un comptage manuel » déclare l’opposant ivoirien qui est L’Invité Afrique de ce mercredi 27 octobre. La méfiance est donc toujours de mise. Il n'est pas certain que l’après-élection soit aussi paisible que cette fin de campagne.

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Par RFI

Mercredi 27 Octobre 2010 - 11:14


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