Jusqu’en 2007, la justice française privilégiait l’hypothèse d’un suicide de ce magistrat de 40 ans, dont le corps calciné avait été retrouvé dans un ravin à 80 km de la ville de Djibouti. Et cette thèse de l’immolation par le feu arrangeait bien les deux États, la France et la République de Djibouti. Mais en juin 2007, le procureur de la République de Paris a enfin reconnu par communiqué qu’il s’agissait d’un « acte criminel ». Et en juillet 2017, de nouvelles expertises judiciaires sont venu accréditer la thèse du meurtre. Le rapport d’un collège d’experts a noté que « les fractures du crâne et de l’avant-bras gauche ne sont pas d’origine thermique et sont compatibles avec des coups portés par un tiers ». En clair, le juge a été tué, puis son corps a été déplacé jusque dans ce ravin où on y a mis le feu.
« J’ai réussi à faire reconnaître l’assassinat, je veux désormais en connaître le mobile, ses auteurs et ses commanditaires », lâche alors Élisabeth Borrel. Des pistes, il y en a au moins deux. À Djibouti, Bernard Borrel était coopérant au ministère djiboutien de la Justice. Il est possible qu’il ait eu connaissance de certaines complicités dans l’attentat terroriste du Café de Paris, qui avait fait un mort – un enfant français de 9 ans – le 27 septembre 1990 dans la capitale djiboutienne. Il se peut aussi qu’il se soit intéressé à un trafic d’uranium enrichi de qualité militaire à destination d’un pays du Moyen-Orient, car on a retrouvé dans ses papiers une note manuscrite sur laquelle étaient listés des noms de produits entrant dans la production de cet uranium. Autre indice, quelques heures avant sa mort, le juge avait retiré en liquide la somme de 50 000 francs français [7600 euros], qu’il avait laissée ensuite à son domicile. Faisait-il l’objet d’un chantage ? Ou voulait-il acheter un échantillon de ce produit ultra-sensible ? Le mystère demeure.
« C’est une question franco-française », déclare le président djiboutien
En janvier 2000, l’affaire a pris un tour très politique quand un ex-officier de sécurité djiboutien, Mohamed Saleh Alhoumekani, s’est enfui en Belgique et a accusé Ismaïl Omar Guelleh (IOG), qui était en octobre 1995 le chef de cabinet du président Hassan Gouled Aptidon, d’avoir échangé avec plusieurs sécurocrates du régime dans les jardins du palais présidentiel djiboutien le jour même où le corps de Bernard Borrel a été découvert. Selon ce transfuge du pouvoir djiboutien, l’un des interlocuteurs d’IOG aurait déclaré : « Le juge fouineur est mort et il n’y a plus de traces. »
IOG qui, entretemps, en mai 1999, était devenu président de la République, a alors apporté un démenti catégorique. « C’est de la pure affabulation », a précisé l’un de ses proches. Et depuis ce témoignage à charge, le Président djiboutien nie toute implication de son pays et de lui-même dans la disparition du magistrat français. « C’est une question franco-française. Les Djiboutiens n’ont strictement rien à voir là-dedans. C’est eux [les juges français] qui disent qu’il [Bernard Borrel] a été assassiné. Qu’ils le prouvent ! Ils le prouvent, ils recherchent les auteurs, ils les arrêtent et puis c’est tout », a-t-il encore déclaré en février 2019 sur France 24.
Une affaire qui embarrasse Djibouti comme la France
Ce qui est sûr, c’est que, depuis trente ans, cette affaire criminelle embarrasse au plus haut point les autorités de Djibouti et de Paris. Ce n’est pas étonnant quand on sait que Djibouti est un partenaire stratégique de Paris et que plusieurs milliers de soldats français y stationnent. C’est aujourd’hui, avec Libreville, la dernière base militaire française en Afrique. Côté djiboutien, dès 2005, le pouvoir demande à la France de ne plus prendre en charge les frais de justice des proches du juge défunt. Sinon, « cela voudrait dire que le gouvernement français approuve et appuie leur action déstabilisante », précise l’ambassadeur de France à Djibouti dans le télégramme diplomatique qu’il envoie au Quai d’Orsay pour rendre compte de la requête de l’État djiboutien.
« C’est une question franco-française », déclare le président djiboutien
En janvier 2000, l’affaire a pris un tour très politique quand un ex-officier de sécurité djiboutien, Mohamed Saleh Alhoumekani, s’est enfui en Belgique et a accusé Ismaïl Omar Guelleh (IOG), qui était en octobre 1995 le chef de cabinet du président Hassan Gouled Aptidon, d’avoir échangé avec plusieurs sécurocrates du régime dans les jardins du palais présidentiel djiboutien le jour même où le corps de Bernard Borrel a été découvert. Selon ce transfuge du pouvoir djiboutien, l’un des interlocuteurs d’IOG aurait déclaré : « Le juge fouineur est mort et il n’y a plus de traces. »
IOG qui, entretemps, en mai 1999, était devenu président de la République, a alors apporté un démenti catégorique. « C’est de la pure affabulation », a précisé l’un de ses proches. Et depuis ce témoignage à charge, le Président djiboutien nie toute implication de son pays et de lui-même dans la disparition du magistrat français. « C’est une question franco-française. Les Djiboutiens n’ont strictement rien à voir là-dedans. C’est eux [les juges français] qui disent qu’il [Bernard Borrel] a été assassiné. Qu’ils le prouvent ! Ils le prouvent, ils recherchent les auteurs, ils les arrêtent et puis c’est tout », a-t-il encore déclaré en février 2019 sur France 24.
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Ce qui est sûr, c’est que, depuis trente ans, cette affaire criminelle embarrasse au plus haut point les autorités de Djibouti et de Paris. Ce n’est pas étonnant quand on sait que Djibouti est un partenaire stratégique de Paris et que plusieurs milliers de soldats français y stationnent. C’est aujourd’hui, avec Libreville, la dernière base militaire française en Afrique. Côté djiboutien, dès 2005, le pouvoir demande à la France de ne plus prendre en charge les frais de justice des proches du juge défunt. Sinon, « cela voudrait dire que le gouvernement français approuve et appuie leur action déstabilisante », précise l’ambassadeur de France à Djibouti dans le télégramme diplomatique qu’il envoie au Quai d’Orsay pour rendre compte de la requête de l’État djiboutien.
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