Dakar, centre de prise en charge des addictions, la seule unité de ce genre en Afrique de l’Ouest. La musique d’Elton John résonne dans le haut-parleur d’un poste radio suspendu. Ici, le nombre de dossiers de demande de cure de désintoxication a été multiplié par deux ces derniers mois pour atteindre jusqu’à une quarantaine de demandes par mois.
À l’ombre d’un acacia, un petit groupe est affairé à coudre ou confectionner des batiks. Tous sont d’anciens consommateurs d’héroïne comme Samba, ex-commerçant. « Voilà cinq ans que je suis là, dit-il, pour prendre de la méthadone, me soigner, apprendre la couture. » Samba a quatre enfants et une épouse. La méthadone lui a permis de décrocher de 15 ans d’addiction à l’héroïne. À ses côtés, Mohamed Diop, qui dirige l’activité, est passé par un parcours similaire : « Comme je n'avais pas de solution, j’ai dit : "Si on me donne quelque chose qui remplace la came, vraiment, je vais laisser la came". Je suis venu ici et on m’a donné la méthadone. C’est un miracle ! C’est depuis ce jour-là que je me suis vraiment accroché ».
sont rattachés », peut-on lire dans le rapport. Le Sénégal, mais aussi le Niger, le Ghana ou encore la Côte d'Ivoire sont concernés au premier plan, le territoire ivoirien étant même « un bastion de la 'Ndrangheta en Afrique de l'Ouest », notent les auteurs du document.
Mais ce trafic a aussi aiguisé les appétits des mafias balkaniques, qui ont accru leur présence dans la région, parfois au détriment de la 'Ndrangheta, parfois en « complément », souligne un autre rapport du GI-TOC. Clans monténégrins, serbes et autres groupes albanais « ont contribué à faire de l’Afrique de l’Ouest un pivot central de transbordement de cocaïne à destination de l’UE et la région ne cesse de gagner en importance dans le commerce mondial de la cocaïne », souligne ainsi Lucia Bird, directrice de l’Observatoire.
Des flux qui « débordent » localement
Les flux sont tels que l'on assiste à des phénomènes de « débordement », souligne Laurent Laniel, de l'Agence européenne sur les drogues. Les intermédiaires locaux payés en « nature », en quantité de drogues, « n'ayant pas de contacts ailleurs, finissent par écouler leur [marchandise] sur place ».
Mais la région n'est pas seulement la victime d'un effet de bord du trafic mondial de drogue. Elle est aussi une cible. « Si vous regardez la courbe de la croissance démographique en Afrique, poursuit Laurent Laniel au micro d'Aurore Lartigue, de la rédaction numérique de RFI, tôt ou tard, même si vous n'avez qu'une toute petite proportion de cette population qui consomme [de la drogue], cela peu vite faire beaucoup d'argent. »
Ce ciblage est particulièrement vrai dans le cas du kush, surnommée « la drogue du zombie », une drogue synthétique contenant soit des nitazènes, des opioïdes plus, sinon aussi puissants que le fentanyl, soit des cannabinoïdes synthétiques. Ces substances sont ensuite pulvérisées sur des feuilles de guimauve, que les consommateurs fument. Dans les deux cas, il s’agit de produits extrêmement addictifs, mais accessibles à bas prix. Elle est apparue au mitan des années 2010 en Sierra Leone, avant de se diffuser rapidement dans les pays voisins (Libéria, Guinée, Gambie, Guinée-Bissau, Sénégal).
Aujourd'hui encore, les « cuisines » qui pullulent dans la banlieue de Freetown fournissent l'essentiel du trafic ouest-africain, sur la base « d'ingrédients » venus de Chine, de Royaume-Uni ou des Pays-Bas. Mais c'est sans doute dans son pays de naissance que le kush fait le plus de ravages : « J’ai complètement perdu ma famille depuis que j’ai commencé à fumer en 2018, confiait ainsi Ramadan, un consommateur de la capitale à notre envoyée spéciale Liza Fabbian, en juin dernier. Je m’en souviens bien, c'est pendant les élections que la drogue a commencé à se répandre. On était les premiers à devenir accros. »
À l’ombre d’un acacia, un petit groupe est affairé à coudre ou confectionner des batiks. Tous sont d’anciens consommateurs d’héroïne comme Samba, ex-commerçant. « Voilà cinq ans que je suis là, dit-il, pour prendre de la méthadone, me soigner, apprendre la couture. » Samba a quatre enfants et une épouse. La méthadone lui a permis de décrocher de 15 ans d’addiction à l’héroïne. À ses côtés, Mohamed Diop, qui dirige l’activité, est passé par un parcours similaire : « Comme je n'avais pas de solution, j’ai dit : "Si on me donne quelque chose qui remplace la came, vraiment, je vais laisser la came". Je suis venu ici et on m’a donné la méthadone. C’est un miracle ! C’est depuis ce jour-là que je me suis vraiment accroché ».
sont rattachés », peut-on lire dans le rapport. Le Sénégal, mais aussi le Niger, le Ghana ou encore la Côte d'Ivoire sont concernés au premier plan, le territoire ivoirien étant même « un bastion de la 'Ndrangheta en Afrique de l'Ouest », notent les auteurs du document.
Mais ce trafic a aussi aiguisé les appétits des mafias balkaniques, qui ont accru leur présence dans la région, parfois au détriment de la 'Ndrangheta, parfois en « complément », souligne un autre rapport du GI-TOC. Clans monténégrins, serbes et autres groupes albanais « ont contribué à faire de l’Afrique de l’Ouest un pivot central de transbordement de cocaïne à destination de l’UE et la région ne cesse de gagner en importance dans le commerce mondial de la cocaïne », souligne ainsi Lucia Bird, directrice de l’Observatoire.
Des flux qui « débordent » localement
Les flux sont tels que l'on assiste à des phénomènes de « débordement », souligne Laurent Laniel, de l'Agence européenne sur les drogues. Les intermédiaires locaux payés en « nature », en quantité de drogues, « n'ayant pas de contacts ailleurs, finissent par écouler leur [marchandise] sur place ».
Mais la région n'est pas seulement la victime d'un effet de bord du trafic mondial de drogue. Elle est aussi une cible. « Si vous regardez la courbe de la croissance démographique en Afrique, poursuit Laurent Laniel au micro d'Aurore Lartigue, de la rédaction numérique de RFI, tôt ou tard, même si vous n'avez qu'une toute petite proportion de cette population qui consomme [de la drogue], cela peu vite faire beaucoup d'argent. »
Ce ciblage est particulièrement vrai dans le cas du kush, surnommée « la drogue du zombie », une drogue synthétique contenant soit des nitazènes, des opioïdes plus, sinon aussi puissants que le fentanyl, soit des cannabinoïdes synthétiques. Ces substances sont ensuite pulvérisées sur des feuilles de guimauve, que les consommateurs fument. Dans les deux cas, il s’agit de produits extrêmement addictifs, mais accessibles à bas prix. Elle est apparue au mitan des années 2010 en Sierra Leone, avant de se diffuser rapidement dans les pays voisins (Libéria, Guinée, Gambie, Guinée-Bissau, Sénégal).
Aujourd'hui encore, les « cuisines » qui pullulent dans la banlieue de Freetown fournissent l'essentiel du trafic ouest-africain, sur la base « d'ingrédients » venus de Chine, de Royaume-Uni ou des Pays-Bas. Mais c'est sans doute dans son pays de naissance que le kush fait le plus de ravages : « J’ai complètement perdu ma famille depuis que j’ai commencé à fumer en 2018, confiait ainsi Ramadan, un consommateur de la capitale à notre envoyée spéciale Liza Fabbian, en juin dernier. Je m’en souviens bien, c'est pendant les élections que la drogue a commencé à se répandre. On était les premiers à devenir accros. »
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