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Explosions à Brazzaville: l’hypothèse d’un «incendie volontaire» retenue

L’enquête préliminaire sur les explosions de Mpila, un dépôt de munitions d’une caserne de Brazzaville, vient d’être bouclée. Il y a trois mois, cette tragédie du 4 mars 2012 a causé la mort de près de 300 personnes. Après avoir examiné les conclusions de la commission d’enquête mise en place par le président Sassou Nguesso, le procureur de la République a écarté la thèse du court-circuit qui serait à l’origine de l’incendie. Vingt-six personnes ont été inculpées et détenues. Leurs avocats ainsi que l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) dénoncent la procédure et réclament un procès juste et équitable.



Des habitants déménagent leurs affaires après une série d'explosions qui a détruit des maisons et des bâtiments à Mpila, un quartier de Brazzaville, le 4 mars 2012. REUTERS/Jonny Hogg
Des habitants déménagent leurs affaires après une série d'explosions qui a détruit des maisons et des bâtiments à Mpila, un quartier de Brazzaville, le 4 mars 2012. REUTERS/Jonny Hogg
La première version officielle évoquait un court-circuit au moment même où certains parlaient d’un incendie provoqué accidentellement par de nouvelles recrues militaires. Aujourd’hui, la thèse d’un court-circuit qui serait à l’origine des explosions est désormais remise en question. C’est le procureur de la République qui a affirmé qu’elle est manifestement battue en brèche.

Joint par RFI, le ministre congolais de la Justice, Aimé-Emmanuel Yoka, précise néanmoins que les investigations sont toujours en cours et qu’il ne faut exclure aucune hypothèse.
Aimé-Emmanuel Yoka, ministre congolais de la Justice: "Je ne peux pas vous dire avec précision quel type d’infraction est imputé à tel inculpé".

Il semblerait que ce soit la thèse du colonel Philippe Obara, chef de la commission d’enquête et patron de la DGST, la Direction générale de la surveillance du territoire, qui ait été retenue : l’hypothèse d’un complot. C'est pour cette raison d’ailleurs et pour les besoins de l’enquête que plusieurs officiers supérieurs, directement concernés par le dossier, ont été interpellés.

Parmi eux, figurent le colonel Marcel Ntsourou, secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité ; le colonel Germain Ikonga, directeur de l’équipement militaire ; le colonel Jean Claude Mopita, directeur central des armements et munitions ; le colonel Ingani, responsable de l’armement à la présidence de la République ou encore le colonel Sahous, commandant du bataillon des chars.

La crainte d’un procès qui ne soit ni juste ni équitable

Les 23 militaires et les 3 civils sont incarcérés à la prison de Brazzaville. Ils sont inculpés pour 8 chefs d'accusation dont atteinte à la sûreté de l'Etat, incendie volontaire, blessures involontaires ou encore contrefaçon de billets mais aussi séquestration arbitraire.

Les autorités n'ont pas encore transmis une liste exacte des personnes arrêtées ni leurs chefs d'inculpation respectifs. Les avocats des détenus affirment avoir difficilement accès à leurs clients. Une situation qui inquiète l'Observatoire congolais des droits de l'homme.

Joint par RFI, Roch Euloge Nzobo, président de l’Observatoire congolais des droits de l’homme, craint que le procès ne soit ni juste ni équitable.

Roch Euloge Nzobo, président de l’Observatoire congolais des droits de l’homme: "Nous sommes préoccupés par la manière dont l’enquête est en train de se dérouler".

Les « gros poissons » inculpés

L'un des « gros poissons » inculpé dans cette affaire, comme le dit le ministre de la Justice, Aimé-Emmanuel Yoka, c'est Marcel Ntsourou, 56 ans, secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité, organisme dirigé par le chef de l'Etat Denis Sassou Nguesso. Ntsourou, colonel qui n'a jamais accédé au grade de général, est présenté comme le « cerveau » des services secrets. Inculpé pour atteinte à la sûreté de l'Etat, détention illégale d'armes de guerre ou, plus étonnant, contrefaçon de billets de banque, ce personnage influent, intelligent et discret, avait ses entrées au palais présidentiel. D'après son avocat, il serait accusé « d'avoir volontairement incendié le dépôt de munitions ».

Egalement inculpés, des gradés, tous gestionnaires de l'armement :
- Le colonel Sahous, connu au pays depuis la guerre civile en 1997 lorsqu'il était proche de Denis Sassou Nguesso. Commandant du camp des blindés de Mpila, il occupait un poste stratégique.

- Les colonels Germain Ikonga, directeur de l'équipement militaire, Ingani, responsable de l'armement à la présidence de la République et Mopita, directeur central des armements et munitions. Ils sont également poursuivis dans cette affaire.

Parmi les 3 civils inculpés, un couple de Brazzaville, entrepreneurs dans le BTP, chargés il y a quelques années de construire les nouveaux entrepôts de stockage des munitions, chantier qui n'a jamais commencé.
Leur avocat est formel : ils vont plaider « non coupables ».
Source: RFI



Mardi 5 Juin 2012 - 11:36


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