Mardi 2 avril, deux agents américains se présentant comme des narcotrafiquants venus d'Amérique du Sud débarquent à l'aéroport de Bissau. Bubo Na Tchuto se déplace en personne pour les accueillir.
Le marché, négocié quelques jours auparavant est simple : réceptionner et conserver une grande quantité de drogue contre une forte somme d'argent. Les pseudo-négociants ont prévu que la transaction se fasse dans les eaux internationales, à bord d'un navire battant pavillon panaméen. Un scénario qui n'a rien d'inhabituel, c'est d'ailleurs probablement pour cette raison que Bubo Na Tchuto n'aurait pris aucune mesure de précaution particulière.
Le lendemain, mercredi 3 avril, le contre-amiral se rend dans la localité côtière de Cacheu, à 120 km au nord de Bissau, où il embarque à bord d’une vedette rapide mise à sa disposition par ses «faux amis» américains.
La vedette démarre en trombe en direction du navire qui mouille au large. C’est une fois à bord de ce bateau que l’officier et ses quatre compagnons sont cueillis par des agents du service américain antidrogue. La suite est connue : Bubo Na Tchuto est conduit sous escorte au Cap-Vert, d'où il décolle pour les Etats-Unis. Voilà trois ans qu'il figurait dans ce pays sur la liste noire des narcotrafiquants.
La fin d'une bien longue carrière
Voilà un homme qui a été de toutes les guerres, depuis la lutte pour l'indépendance dans les années 60. Il a gravi tous les échelons jusqu'à devenir en 2004 chef d'état-major de la marine. Plusieurs services de renseignement, américains, mais aussi français, le soupçonnent déjà de faciliter l'entrée dans son pays et le transfert vers l'Europe de cargaison de cocaïne sud-américaine.
Les choses se gâtent en 2008 pour le contre-amiral qui est accusé d'avoir participé à la tentative de coup d'Etat contre le président Nino Vieira. Bubo Na Tchuto partira en exil en Gambie et ne rentre qu'à la faveur de l'assassinat du président Vieira en 2009. Un retour clandestin : il serait revenu sur une embarcation de fortune, surprenant tout le monde, lorsqu'il cherche refuge dans un des bureaux des Nations unies à Bissau.
En 2010, Washington le met sur la liste noire des trafiquants de drogue. Mais Bubo Na Tchuto a toujours des alliés au sein de l'armée. Il est accusé d'être à la tête d'une nouvelle tentative de coup d'Etat en 2011, cette fois contre le Premier ministre Carlos Gomès Junior. Encore un échec et il est arrêté... Pour très peu de temps, puisqu'en avril 2012, Carlos Gomès Junior est lui même mis à l'écart. L'un des responsables de ce coup de force est le chef d'état-major Antonio Indjai qui libère Bubo Na Tchuto en juin 2012. Un retour en grâce qui aura été de courte durée.
Pour aller plus loin, consultez Afrique drogue , le blog de Christophe Champin
• Cocaïne en Afrique de l'Ouest: nouvelles frontièresn, nouvelles énigmes
• Armée et cocaïne font toujours bon ménage en Guinée-Bissau
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