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"Je suis prête à continuer le combat pour la Côte d'Ivoire" dit une fille de Laurent et Simone Gbagbo


Rédigé le Vendredi 6 Mai 2011 à 16:12 | Lu 1762 commentaire(s)


Interview de Marie-Antoinette Singleton, fille de Laurent et Simone Gbagbo, installée aux Etats-Unis.
'une des cinq filles de Laurent et Simone Gbagbo, Marie-Antoinette Singleton, installée depuis douze ans aux Etats-Unis, a écrit le 6 avril une lettre au président Nicolas Sarkozy, restée sans réponse. Elle s'y élevait contre les mauvais traitements infligés à ses parents lors de leur arrestation, le 11 avril, et contre leurs conditions actuelles de détention. Pour SlateAfrique, Marie-Antoinette Singleton, belle-fille de Laurent Gbagbo, née avec sa soeur jumelle Marthe et sa soeur aînée Patricia d'un premier mariage de Simone Ehivet, réagit à l'investiture, le 5 mai, du président Alassane Ouattara par le Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire -ce même Conseil constitutionnel qui avait investi son père, Laurent Gbagbo, après le second tour de la présidentielle du 28 novembre. Elle a été assistée, dans cette interview, par l'avocat camerounais Michel Noulowe, membre du collectif constitué pour la défense de Laurent Gbagbo, aux côtés de Roland Dumas, Jacques Vergès, Gilbert Collard, Marcel Ceccaldi et Habiba Touré.





Quelles sont les conditions de détention de vos parents aujourd’hui?

Le Président se trouve en ce moment à Korogho et la Première dame à Odienné. Mon frère Michel est à Bouna [communes du Nord de la Côte d'Ivoire, ndlr]. A ce jour, je n’ai pas pu leur parler. Les informations qui me parviennent sont celles de la presse. Sur une photo prise lors de la visite rendue au Président par Desmond Tutu et Kofi Annan, j’ai vu qu’il portait les même vêtements, une chemise bleue et un pantalon noir, deux semaines après son transfert à Korogho. Je me demande d’où viennent ces vêtements. La tenue de ma mère a été déchirée à l’hôtel du Golf, et on lui a prêté un boubou [vêtement typique du Nord de la Côte d’Ivoire, ndlr] d’après ce que j’ai pu voir sur les photos. La famille n’a pas été contactée, nous n’avons pas pu donner de vêtement ni même de dessous. D’autre part, mes parents suivent un régime alimentaire particulier à cause de l’âge… Mon frère, lui, porte des loupes et je l’ai vu sur des photos sans ses lunettes. Sans elles, il est pratiquement aveugle. Comment est-il traité? Voilà deux jours que j’appelle au Golf pour parler à Jeannot Ahoussou [le ministre de la Justice du gouvernement d’Alassane Ouattara, ndlr], mais je n’ai pas réussi à le joindre. Je vais continuer. Je ne dis pas qu’il m’évite, peut-être était-il occupé. Je continue d’essayer.

Michel Noulowe - Le Président et toutes les autres personnes arrêtées sont soumis à un régime d’isolement. Ils ne reçoivent pas de visites, n’ont de contact avec personne, ni les proches, ni les avocats. C’est contraire à toutes les règles élémentaires et à la Charte des Nations unies sur les droits de l’homme.

Que demandez-vous pour vos parents?

Que les règles élementaires soient respectées. Nous ne demandons pas un traitement de faveur particulier. C’est difficilement concevable que des personnes puissent être arrêtées sans qu’elles en sachent les raisons. Une situation qui se passe au XXIe siècle et sous la supervision des Nations unies en Côte d’Ivoire.

Le médecin personnel de votre père est-il toujours à ses côtés?

Oui, il est toujours là, d’après ce que nous avons pu voir sur les photos. J’espère qu’on ne lui a pas refusé ses médicaments.

Pourquoi vos parents ont-ils été séparés?

Je n’en sais rien. Je suppose qu’ils essaient de les briser.

Avez-vous le droit de voyager et, si oui, souhaitez-vous vous rendre en Côte d’Ivoire?

J’ai le droit de voyager, mais j’aimerais pouvoir avoir un interlocuteur en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de police, les rebelles font la loi dans les rues. Ce serait utile que j’y aille, si les conditions de sécurité sont réunies.

Où se trouvent vos sœurs en ce moment?

Je préfère ne pas donner de détails. Elles ont été arrêtées avec mes parents, puis relâchées, de même que leurs enfants. J’aimerais dire au passage que les filles ont été tabassées pendant l’arrestation. Ils n’ont pas touché aux enfants.

Comment avez-vous réagi en voyant les photos de vos parents arrêtés dans l’hebdomadaire Paris-Match?

Cela m’a fait mal pour la Côte d’Ivoire, qu’on subisse un sort tellement injuste et que le monde ne soit pas offusqué. Ces choses ne seraient pas tolérées ailleurs. Pour les journalistes qui couvrent les évènements, c’est un autre dossier, sans plus. Mes parents ont traversé beaucoup de choses, ma mère a été tabassée quand Ouattara a fait arrêter mes parents en 1992. Ce n’est pas nouveau! Eux-mêmes étaient préparés psychologiquement pour ce combat qui n’est pas terminé. Nous avons été tellement traumatisés enfants que je ne suis pas émue. J’adhère à 100% au combat de mes parents et je suis prête à le continuer, pour la libération de la Côte d’Ivoire.

Votre père est accusé par Choi Young-jin, le représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire, d’avoir laissé faire les violences politiques après les élections. Le bilan des exactions s’élève à plus de 1.000 morts. Que répondez-vous à ces accusations?

Un Président a le devoir de défendre son peuple, les institutions, la République. L’armée a fait son travail. Qu’on me dise ce qu’on reproche à mes parents! L’armée a défendu le pays car il était attaqué. A Abobo [quartier d’Abidjan, ndlr], le commandant IB a déclaré que c’était lui qui était derrière le commando invisible, alors qu’on a accusé l’armée de tuer les gens dans ce quartier. Je suis désolée, mais l’armée avait un devoir, et elle l’a fait.

On reproche aussi à votre père d’avoir laissé faire des milices à sa solde, les Jeunes patriotes et la Fédération des étudiants et scolaires de Côte d’Ivoire (Fesci)?

C’est facile de dire ce genre de choses. Choi peut raconter ce qu’il veut, encore faut-il qu’il le prouve. Les enfants de la Côte d’Ivoire se sont levés depuis 2000 pour défendre leur pays. On a vu des révolutions en Europe et aux Etats-Unis. Pourquoi ces combats seraient-ils nobles, et pas le nôtre? Que M. Choi vienne prouver que Laurent Gbagbo est un adepte de la violence! On a vu qui a produit la violence en Côte d’Ivoire… C’est Ouattara! Ils parlent de charniers, d’escadrons de la mort, ils créent ce genre de termes parce que ce sont leurs pratiques! Il y a des enlèvements à Abidjan aujourd’hui, des actes qui se passent en toute violation du mandat de l’ONU. Choi n’est pas impartial, il a un parti-pris. L’ONU a transporté des rebelles pour les amener dans les quartiers. Qu’il réponde à cela d’abord!

Pendant la crise post-électorale, avez-vous conseillé à vos parents d’adopter une stratégie différente?

e porte le combat entièrement. Je suis d’accord avec ce qu’ils font. Il y a eu des élections. La Commission électorale indépendante (CEI) n’a pas été capable de donner les résultats provisoires. C’est une aberration de voir la seule voix du président de la CEI porter, alors qu’elle est constituée de 31 membres. Le délai de proclamation des résultats a été dépassé. C’est scandaleux! Les résultats ont été proclamés au QG de l’un des candidats, l’hôtel du Golf, ce même hôtel où les rebelles ont logé pendant des années aux frais de l’Etat. C’est ridicule! Le président de la CEI y a été amené par des diplomates étrangers, ce qui relève d’une ingérence dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire… Quand le Conseil constitutionnel déclare le président Gbagbo vainqueur, on le refuse. Moi, je respecte les institutions de mon pays. Je l’aurais fait même s’il ne s’agissait pas de mes parents. Si les Ivoiriens ne respectent pas leurs institutions, qui va le faire? Ici aux Etats-Unis, qui a empêché George Bush d’être Président en exercice, alors que sa victoire était contestée face à Al Gore? Qui l’a contestée, alors qu’une partie du peuple s’estimait spoliée de la victoire de Gore?

A vos yeux, Alassane Ouattara représente-t-il l’illégalité?

A supposer qu’il soit prouvé qu’il est le vainqueur, il y a un processus à suivre, à respecter… Il faut avoir été investi. Comment tolérer que ce Monsieur puisse agir comme Président? Le monde veut nous enseigner la démocratie, mais le monde ne peut pas en appliquer les règles en Afrique… C’est scandaleux! Chaque jour, on piétine la Constitution en Côte d’Ivoire. On va de violation en violation. On nous dit que le Conseil constitutionnel applique une décision contraignante de l’Union africaine (UA), pour laquelle il doit se dédire, cinq mois plus tard, en investissant quelqu’un d’autre…

Me M. Noulowe - Le Conseil constitutionnel a pris une décision pour proclamer la victoire d’Alassane Ouattara. C’est une démarche singulière, dans la mesure où c’est un conflit armé qui a abouti à cette décision. C’est le même Conseil constitutionnel, présenté comme un groupe d’affidés de Laurent Gbagbo, le même Conseil constitutionnel qui était vilipendé ces derniers mois qui est porté aux nues aujourd’hui. Le fait que le Conseil constitutionnel n’ait pas été dissous et qu’il se soit contredit lui-même, à quelques mois d’intervalle, pose un certain nombre de questions qui restent sans réponses. C’est également un aveu: en tout état de cause, c’est bien le Conseil consitutionnel qui était seul habilité à proclamer le résultat des élections. Tantôt la CEI, tantôt le représentant des Nations unies pouvaient s’arroger cette prérogative. On revient à la case départ, au terme de cinq mois de conflit. Quel besoin Alassane Ouattara a-t-il du Conseil consitutionnel? On est allé plus vite que la musique. On a mis la charrue avant les bœufs. Et comme on dit chez vous, la réalité dépasse la fiction.

Etes-vous soutenue par votre communauté aux Etats-Unis?

Absolument! Des Ivoiriens, des Africains et des Américains n’arrêtent pas de nous appeler et demandent à contribuer au combat. Nous coordonnons les efforts, nous reçevons des emails, des coups de fil. Tout le monde estime qu’il ne s’agit plus de la Côte d’Ivoire mais d’un antécédent majeur pour l’Afrique.

Redoutez-vous une procédure contre vos parents devant la Cour pénale internationale (CPI)?

Non, je ne la redoute pas. Je ne sais pas ce que la CPI pourrait leur reprocher. J’attends de voir. Je ne suis pas inquiète.

Croyez-vous à la politique de réconciliation annoncée par Alassane Ouattara?

Leurs paroles sont contradictoires. Ils parlent de réconciliation alors qu’on se bat encore à Yopougon! Les gens ne sont pas libres de se déplacer, les rebelles occupent les maisons, les gens ont tout perdu. Il ne s’agit pas de mon opinion, mais des faits.

Etes-vous en contact avec Charles Blé Goudé?

Non, je ne cherche pas à rentrer en contact avec ces personnes, elles ont des raisons évidentes de se cacher pour protéger leur vie et ne pas jouer les martyrs. Je les félicite pour le travail qu’ils ont fait. Il faut continuer là où nous sommes. Je m’organise depuis les Etats-Unis. On n’a pas besoin de Blé Goudé, il en a fait suffisamment, mais s’il revient, gloire à Dieu.

Est-il vrai que nombre de fidèles de vos parents se trouvent au Ghana, où ils s’organiseraient pour poursuivre leur combat?

Je l’ai entendu dire mais je n’ai pas de contacts particuliers avec eux.

Quelle est votre situation personnelle en ce moment? Travaillez-vous?

J’ai étudié l’administration publique aux Etats-Unis, je suis mariée à un Américain et mère de quatre enfants. Jusqu’en février, je travaillais comme conseiller à l’ambassade de Côte d’Ivoire. J’ai cessé d’y aller, physiquement, pour protester contre le traitement subi par l’ancien ambassadeur [Charles Yao Koffi, nommé par Laurent Gbagbo, a été de facto remplacé par Daouda Diabaté, nommé par Alassane Ouattara et reconnu par Washington le 11 février, ndlr]. C’est une forfaiture que je ne partage pas. Mais je me considère toujours comme employée de l’ambassade.




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