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L'avenir du Sénégal est en suspens - #GardonsLesYeuxSurLeSénégal, la démocratie la plus ancienne d'Afrique de l’Ouest ! Par Nyasha Mcbride Mpani



L'avenir du Sénégal est en suspens - #GardonsLesYeuxSurLeSénégal, la démocratie la plus ancienne d'Afrique de l’Ouest ! Par Nyasha Mcbride Mpani
Alors que le monde est encore aux prises avec les complexités résultant des luttes de pouvoir au Soudan, avec deux seigneurs de guerre se disputant le contrôle, la situation au Sénégal s'ajoute aux problèmes croissants sur le continent africain. Depuis février 2021, Ousmane Sonko, le chef de l'opposition sénégalaise, fait face à des accusations de viol et de menaces de mort. Cependant, ce qui a commencé comme une affaire juridique semble s'être transformé en un procès politiquement chargé. Les événements qui se déroulent révèlent un schéma profondément troublant de répression et d'injustice au Sénégal.
 
Le verdict du procès rendu le 1er juin n'a fait qu'approfondir le sentiment d'injustice ressenti par les citoyens. Au lieu d'être condamné pour le viol présumé et les menaces de mort, Sonko a été reconnu coupable de corruption de jeunesse, une accusation que beaucoup considèrent comme absurde. Selon Bamba Cissé, l'un des avocats de Sonko, la peine de deux ans de prison infligée à Sonko lui a été retirée ses droits civils. De plus, Sonko ne peut pas exercer son droit d'appel, car il a été jugé par contumace, a déclaré Cissé. L'annonce de la condamnation a déclenché des manifestations spontanées et violentes dans plusieurs villes, entraînant la mort de 15 personnes, selon le gouvernement.
 
L'usage excessif de la force par les autorités, une réponse musclée aux voix dissidentes, non seulement exacerbe les tensions, mais mine également les principes de la démocratie et des droits de l'homme.
 
La situation devient encore plus alarmante lorsque l'on considère la situation des leaders de la société civile, tels qu'Aliou Sané de Y'en a Marre ("Ça suffit") et le vice-coordinateur de F24, une coalition de partis politiques et d'organisations de la société civile, qui ont été emprisonnés et inculpés pour participation à une manifestation ou un rassemblement non déclaré et trouble à l'ordre public. Ces individus, ainsi que de nombreux autres détenus, y compris des mineurs, sont devenus des victimes d'un régime déterminé à réduire au silence toute opposition et à maintenir son emprise sur le pouvoir. L'espace civique est désormais en danger au Sénégal, et c'est très inquiétant.
 
De plus, la récente décision du gouvernement de suspendre des applications telles que Twitter, Facebook, WhatsApp et Instagram ne fait qu'étouffer la liberté d'expression et réprimer la dissidence. De telles actions ne visent rien d'autre qu'à contrôler le récit et limiter la diffusion d'informations qui contredisent la ligne officielle du gouvernement. Ces restrictions sont préoccupantes et ont suscité de nombreuses condamnations de la part d'organisations de défense des droits. Dans une déclaration, Samira Daoud, directrice régionale d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, a dénoncé les restrictions. "Ces restrictions du droit à la liberté d'expression et d'information constituent des mesures arbitraires contraires au droit international et ne peuvent être justifiées par des impératifs de sécurité", a déclaré Daoud.
 
Le Sénégal se trouve à un carrefour critique. Dans cette situation alarmante, il est crucial de mettre en évidence les sentiments du peuple sénégalais lui-même. Selon les données de l'enquête Afrobaromètre (2022), il est évident que les citoyens du Sénégal aspirent à la démocratie, avec des chiffres écrasants rejetant la domination d'un seul homme et le règne d'un seul parti. Un étonnant 89% et 87% des Sénégalais, respectivement, rejettent ces formes autocratiques de gouvernance.
 
Les données révèlent en outre que la préférence pour la démocratie par rapport à toute autre alternative est remarquablement élevée, avec 84% des Sénégalais exprimant leur désir d'un système démocratique. Ces statistiques démontrent que le peuple sénégalais croit fermement aux valeurs et aux principes de la démocratie comme le meilleur chemin à suivre pour leur nation.
 
Fait intéressant, alors que le président en exercice laisse entendre qu'il cherchera un troisième mandat, les données de l'enquête Afrobaromètre indiquent clairement qu'une large majorité (79%) de Sénégalais soutient l'idée de limiter la présidence à un maximum de deux mandats. Ce rejet retentissant du "troisièmisme" met en évidence le désir généralisé de normes démocratiques et de respect des limites constitutionnelles des mandats. Leurs points de vue confirment également la position de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (CADEG), qui s'oppose aux amendements ou révisions des constitutions ou de la législation d'une manière qui porte atteinte aux principes du changement démocratique de gouvernement.
 
La réalité décourageante se reflète dans les sentiments exprimés dans l'enquête Afrobaromètre. Au moins 53% des Sénégalais estiment que le pays est "une démocratie avec de graves problèmes" ou pas du tout une démocratie, tandis que 51% expriment leur insatisfaction à l'égard du fonctionnement de la démocratie dans le pays. La vague de manifestations en cours au Sénégal souligne et renforce les chiffres présentés par l'Afrobaromètre. Ces chiffres décrivent vivement une nation en désaccord avec l'état de sa démocratie et l'érosion des droits et libertés fondamentaux.
 
Le Sénégal se trouve à un carrefour critique, où les aspirations de son peuple pour une démocratie dynamique sont piétinées. Les données de l'Afrobaromètre reflètent les sentiments des citoyens sénégalais, qui aspirent à un avenir démocratique et rejettent les tendances autoritaires manifestées par ceux au pouvoir. L'avenir du Sénégal est en suspens. #GardonsLesYeuxSurLeSénégal!

 Nyasha Mcbride Mpani est le responsable du projet pour l'Afrique australe au sein de l'Alliance pour les données au service de la gouvernance (basée à l'Institut pour la justice et la réconciliation à Cape Town, Afrique du Sud). Les opinions exprimées sont les siennes.
 


Mardi 6 Juin 2023 - 20:14


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