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Les Bissau-guinéens sous le choc après la mort du président Bacaï Sanha

Le président bissau-guinéen Malam Bacaï Sanha est mort lundi 9 janvier 2012 à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris à l'âge de 64 ans. Le chef de l'Etat avait été admis dans cet hôpital militaire, juste avant Noël. On le savait malade depuis longtemps sans jamais connaître la nature exacte du mal dont il souffrait. Malam Bacaï Sanha avait été hospitalisé à de nombreuses reprises depuis son élection en juillet 2009 à la suite de l'assassinat de son prédécesseur, le président Joao Bernardo Vieira. Visiblement, malgré l'état de santé très fragile de leur président, les Bissau-guinéens semblent avoir été pris de court par l'annonce de son décès.



Les Bissau-guinéens sous le choc après la mort du président Bacaï Sanha
C’est à fois la consternation et l’inquiétude dès l’annonce officielle de la nouvelle. En début d’après-midi des radios locales ont aussitôt interrompu leurs programmes pour diffuser des musiques révolutionnaires entrecoupées de communiqués annonçant le décès du président Malam Bacaï Sanha.

Une foule de militants de son parti et de proches en pleurs a envahi la résidence privée du défunt. Le gouvernement s’est aussitôt réuni en conseil des ministres extraordinaire. Des mesures ont été annoncées concernant le transfèrement de la dépouille du président et le transport des membres de sa famille de Paris vers Bissau.

Le communiqué ne donne cependant aucune précision sur la date. Toutefois, il annonce qu’un deuil national de sept jours à compter de ce lundi à minuit est observé. Pendant tout ce temps, les drapeaux seront mis en berne, les salles de spectacle et autres lieux de divertissement seront fermés.

Le président Sanha tire sa révérence quelques jours seulement après que le gouvernement ait annoncé avoir déjoué un coup d’Etat militaire à l’issue duquel plusieurs officiers et soldats ont été arrêtés.

La traque continue pour arrêter d’autres suspects encore en fuite. Cela constitue un motif d’inquiétude car la plupart des commanditaires et leurs complices ne sont pas encore tous identifiés. Malgré tout, l’armée reste consignée dans les casernes, mais pour combien de temps encore ?

En cas de décès du président, la Constitution bissau-guinéenne prévoit que le président du Parlement prenne le pouvoir par interim pour organiser, dans les 60 jours, une élection présidentielle. Cette année, des législatives doivent également avoir lieu dans le pays, mais les listes électorales ne sont pas encore prêtes. Dans ces conditions, des élections pourront-elles se tenir dans deux mois ?

Soares Sambu, premier vice-président de l'Assemblée nationale bissau-guinéenne pense que cela est possible, s'il y a une volonté politique, que les hommes politiques bissau-guinéens acceptent de poursuivre la voie du dialogue entamée par le président défunt.

Soares Sambu, Premier vice-président de l'Assemblée nationale bissau-guinéenne: "Le président Malam Bacaï Sanha était un homme de dialogue. J'espère que ses successeurs poursuivront dans cette voie pour assurer la paix au pays".

Portrait

Comme ses prédécesseurs élus à Bissau depuis 20 ans, Malam Bacaï Sania n'aura pu terminer son mandat. Les autres ont été assassinés par les militaires ou renversés. Malam Bacaï Sania a failli l'être aussi, avec un nouveau coup d'Etat déjoué à Bissau il y a deux semaines à peine Mais le président était déjà à l'hôpital à Paris, et il est mort hier dans son lit. A 64 ans, il souffrait depuis des années d'une maladie dont il n'a jamais dévoilé la nature.

Elu en 2009, à sa troisième tentative, Malam Bacaï Sania était un vieux routier de la politique à Bissau. Compagnon d'Amilcar Cabral, le père de l'indépendance, il avait fait toutes ses classes au PAIGC, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert, et participé à la lutte contre la colonisation portugaise comme instituteur dans les zones libérées.

Une fois l'indépendance acquise en 1974, et après un passage par l'Allemagne de l'Est d'où il revient diplômé en Sciences politiques, Malam Bacaï Sania devient ensuite gouverneur, puis président de l'Assemblée nationale, puis chef de l'Etat par intérim en 1999 à la demande de la junte responsable d'un énième coup d'Etat.

Propulsé à nouveau à la tête de ce pays très instable il y a trois ans après une élection cette fois, il s'était donné comme priorité de réformer les forces armées et de lutter contre le trafic de drogue qui mine le pays, sans grand succès.
Source: RFI


Mardi 10 Janvier 2012 - 08:10


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