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Moussa Mara à Kidal: retour sur une visite mouvementée

Cinq jours après les combats à l'arme lourde entre l'armée malienne et les groupes armés autour du gouvernorat de Kidal à l’occasion de la visite du Premier ministre, la situation reste figée. Mais cette visite fait débat. Fallait-il aller à Kidal ? Le Premier ministre a-t-il pris des risques pour sa sécurité ? Ce déplacement très politique avait-il été suffisamment préparé en amont ?



Un hélicoptère de l'armée française escorte un véhicule transporte le Premier ministre malien Moussa Mara, le 17 mai à Kidal. AFP PHOTO / Fabien Offner
Un hélicoptère de l'armée française escorte un véhicule transporte le Premier ministre malien Moussa Mara, le 17 mai à Kidal. AFP PHOTO / Fabien Offner

Vendredi 16 mai à Kidal. Des femmes et des jeunes favorables au MNLA manifestent sur la piste d'atterrissage. Les avions des Nations unies annoncés pour préparer la visite le lendemain du Premier ministre rebroussent chemin direction Gao. À leur bord, plusieurs ministres maliens, dont celui de la Défense Boubeye Maïga. Dans la soirée, la situation est analysée avec attention à Gao : les conditions ne sont manifestement pas réunies pour une visite du Premier ministre le lendemain.

À Bamako, dans les chancelleries, les états-majors, mais aussi au sein du gouvernement, on tente en vain de convaincre Moussa Mara de reporter ce déplacement. Peine perdue. Moussa Mara souhaite coûte que coûte venir à Kidal en tant que chef de l'administration malienne.

La Minusma furieuse

Samedi, à 12h30, lorsque l'hélicoptère transportant Moussa Mara se pose au camp de la Minusma, Kidal est déjà sous le feu. Sûr de lui, le Premier ministre annonce qu'il souhaite aller au camp des Famas, le camp 1, puis au gouvernorat. « On a vu à leur tête que les officiers de la Minusma étaient furieux de cette initiative », explique un témoin. Un hélicoptère Tigre et des avions de combat français survolent la ville. Après une heure passée auprès des soldats maliens, Moussa Mara annonce le départ pour le gouvernorat. La Minusma refuse de sécuriser le transfert. « Ce n'est pas notre mandat », affirme un cadre onusien.

Ministres, préfets et sous-préfets – certains seront tués en fin d'après-midi – se retrouvent dans la résidence du gouverneur. « Les balles sifflaient, mais aucune n'a touchée notre bâtiment », raconte un participant. À 16h45, le convoi repart au camp Minusma. Une tempête de sable empêche le décollage des hélicoptères. Certains ministres maliens, furieux, accusent la Minusma de se venger.

Très lucide, selon des témoins, Moussa Mara décide d'aller dormir au gouvernorat. L'assaut lancé par les groupes armés l'en empêche. Il passe alors la nuit avec ses ministres à la belle étoile au camp 1. Au petit matin, un officier de la Minusma aide la délégation à monter dans l'hélicoptère des Nations unies. Un ministre se retourne et, le doigt pointé vers le casque bleu, s'emporte : « Vous, ne me touchez pas ».

Un déplacement « mal préparé politiquement »

« Le Premier ministre est légitime dans son rôle, mais il a sous-estimé la réalité du terrain », affirme aujourd’hui un diplomate africain en poste à Bamako. Un sentiment partagé du côté des services du haut représentant spécial à la Réconciliation. « C'était à nous d'y aller en amont pour préparer sa venue », explique un fonctionnaire malien.

Lundi dernier, lors d’une réunion au sommet entre le président Ibrahim Boubacar Keïta et des représentants de la communauté internationale, le constat est le même. « On ne badine pas avec la sécurité. Ce déplacement n'a pas été correctement préparé politiquement », commente un diplomate qui déplore les morts et s'inquiète d'une reprise des violences avec l'arrivée des renforts maliens. En attendant, Moussa Mara est revenu de Kidal en héros, auréolé d'une réputation de Premier ministre inébranlable.

Source : Rfi.fr
 


Ibrahima Mansaly

Mercredi 21 Mai 2014 - 10:36


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