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Nicolas Sarkozy en Inde pour quatre jours

Près de trois ans après sa première visite en janvier 2008, le chef de l'Etat français qui préside le G20, retourne en Inde le samedi 4 décembre 2010. Contrairement à la précédente visite d’Etat d'une quarantaine d'heures menée au « pas de charge », infructueuse en termes de développement des relations économiques et commerciales bilatérales, cette fois, Nicolas Sarkozy va prendre son temps. Il passera quatre jours dans ce pays. Pas moins de sept ministres et une cinquantaine de dirigeants d'entreprises l'accompagneront lors de ce déplacement à forte connotation économique.



Nicolas Sarkozy effectue une visite à la mesure de la taille et du poids de l’Inde. C’est une visite de travail de quatre jours : atterrissage à Bangalore, capitale de la technologie indienne, décollage à Bombay, capitale de la finance indienne, et escale politique incontournable à New Delhi. Cette fois, le président français va ménager la susceptibilité de ses hôtes. Ce n’est plus seulement une sorte de « voyageur de commerce » de très haut niveau qui va prospecter un marché porteur, c’est le président du G20 qui rend visite à un partenaire de tout premier plan. Et, c’est peut-être une rupture.

« La présidence du G20 : une valeur ajoutée »


Le chercheur de l’Institut d’études politiques, et spécialiste de l’Asie du Sud, Christophe Jaffrelot explique à cet égard que « les présidents français ont coutume de se rendre dans des pays comme l’Inde pour parapher des contrats. Et cette fois-ci il y aura peut-être des contrats, mais il y aura j’espère surtout un échange qui permettra à ces deux pays de travailler ensemble, de regarder le monde ensemble et de voir ce qu’ils peuvent y faire ensemble. Alors vous me direz, du côté indien on ne pense pas que la France soit un partenaire de rang équivalent à l’Inde. Là, ce qui fait que la France a tout de même une valeur ajoutée, c’est la présidence du G20 qui fait que Nicolas Sarkozy va quand même être aux manettes d’une instance internationale qui est importante et où l’Inde a envie de se faire entendre. Donc, c’est une réunion qui devrait, au-delà des contrats qui vont être signés sans doute, se traduire par un tour d’horizon des enjeux et des problèmes du monde contemporain pour que ces deux pays voient de quelle manière ils peuvent y agir de concert ».

Un Indien s’est glissé parmi les membres de la délégation présidentielle. Ramesh Mulye est un ancien ambassadeur, aujourd’hui, conseiller pour la France de la Confédération des industries indiennes, l’équivalent du Medef, le syndicat des patrons français. Et selon Ramesh Mulye les relations bilatérales sont excellentes et la situation est donc propice pour passer à l’étape suivante. Il explique que, « de la même manière qu’il y avait beaucoup de clichés sur l’Inde en France, il y avait quelques clichés en Inde sur la France aussi ! Il y a quelques temps encore, quand on parlait de la France en Inde, on pensait le Lido, la tour Eiffel et les parfums. On ne savait pas que la France était capable de technologies de pointe. Maintenant, les Indiens se sont rendu compte que, souvent, les technologies de pointe françaises sont plus performantes que les américaines. Mais c’est seulement maintenant qu’on le sait en Inde ! Donc il faut faire des efforts et, ce que j’observe depuis des années, ce sont maintenant des signes assez positifs. Les relations sont très solides aujourd’hui. Notre défi aujourd’hui, c’est de faire en sorte que ça se traduise dans les champs économique et commercial aussi ».

L’heure de l’Inde est arrivée

L’idée désormais dominante à l’égard de l’Inde, c’est qu’elle offre aujourd’hui les mêmes opportunités que celles offertes par la Chine voici quelques années. Avec ses énormes besoins d’équipements et d’infrastructures, avec le développement d’une énorme classe moyenne avide de consommation, l’heure de l’Inde est arrivée. Et, selon Patrick Manon, directeur pour l’Inde d’Ubifrance, l’agence française pour le développement international des entreprises, l’Inde pourrait bien devenir la nouvelle frontière à prospecter pour les entreprises hexagonales.

« Très clairement au cours de ces dernières années un certain nombre d’entreprises se sont orientées vers le marché chinois qui offre toujours des possibilités importantes. Maintenant le marché indien se révèle également extrêmement porteur. Le marché indien est un marché qui connaît actuellement le développement d’une classe moyenne significative de 250 à 300 millions de personnes. Donc c’est une frange de la population indienne qui a maintenant les moyens de consommer et dont le pouvoir d’achat va s’accroître d’année en année. Par ailleurs toute l’industrie indienne est orientée essentiellement vers son industrie nationale pour pouvoir fournir ses consommateurs. L’Inde connaît également des besoins en infrastructures énormes puisqu’elle prévoit d’investir 1 000 milliards de dollars dans les années 2012 à 2017. Donc tout cela crée des opportunités que, certes a connu le marché chinois, mais que connaît maintenant le marché indien ».

Surmonter les préjugés

D’une part, il y a donc cette obsession française de conquérir des parts de marché, d’exporter son savoir-faire, de créer de l’emploi, de combler les déficits ; et d’autre part, il y a ces pays, « géants » et « dragons » émergents, qui ne veulent plus être pris pour des « clients » mais qui veulent être considérés comme des « partenaires ». Il faut donc que les deux sensibilités trouvent un terrain d’entente. Et cette nouvelle visite de Nicolas Sarkozy en Inde pourrait être l’occasion de surmonter les préjugés. Dans cet environnement extrêmement concurrentiel, le chercheur Christophe Jaffrelot estime que New Delhi ne peut plus se satisfaire d’apparaître simplement comme un pays où l’on ne se rend « que pour faire du business ».

« Il faut s’y résigner, il faut s’y résoudre : le calendrier des chancelleries des grands pays et le calendrier des contrats n’est pas le même. Il faut admettre que ces pays ne veulent plus être en quelque sorte en première page de nos journaux seulement à l’occasion de visite assortie de signatures. Ces pays veulent être considérés comme des partenaires de plein droit, parlant politique, parlant relations internationales et si on ne le comprend pas, on va au devant de graves déconvenues parce qu’on ne veut pas les considérer comme de véritables interlocuteurs. Ce qui a été d’ailleurs une des maladresses du dernier G20 au Canada, qui avait été organisé à la suite du G8 où la France avait considéré qu’entre nous, le G8 fonctionne bien, mais dès qu’il y a le G20, alors ça devient très compliqué. Oui, cela va être très compliqué. Et cela va être de plus en plus compliqué parce que ces pays ont maintenant leurs propres ambitions, et puis au-delà, le G20 c’est : l’Indonésie, le Mexique, l’Afrique du Sud… il y a comme ça huit autres pays avec lesquels il faut apprendre à compter et avec lesquels il faut commencer à parler du monde parce qu’ils veulent être partie prenante de la gouvernance mondiale ».



Charles Thialice SENGHOR

Samedi 4 Décembre 2010 - 11:22


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