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Nomination de Idy : Macky Sall a-t-il mis fin à la polémique sur le 3e mandat et choisi son dauphin en 2024 ?

Macky Sall serait-il en quête d’un blanc-seing après 2024 ? Va-t-il briguer un troisième mandat ou finalement opter pour le dauphinat ? Beaucoup d’interrogations qui taraudent l’esprit des citoyens et analystes politiques, à la suite de la mise en place de ce nouveau gouvernement. Le leader de l’Alliance pour la République (APR) tente ainsi de brouiller les pistes et de s’offrir plusieurs options en perspective de février 2024. Le chef de l’Etat serait en train de tirer les leçons des présidentielles ensanglantées en Guinée Conakry et en Côte d’ivoire pour tirer la bonne carte. Mais dans ces torsions et contorsions politiques, il a sacrifié des caciques de l’APR, des cadres (Aminata Touré, Amadou Ba, Mouhamadou Makhtar Cissé, Aly Ngouille Ndiaye) qui ont été très déterminants dans son accession à la magistrature suprême.



Le deal est acté dimanche soir. La nomination du  chef de file de l’opposition sénégalaise Idrissa Seck à la tête du Conseil économique social et environnemental est la concrétisation d’une entente politique entre lui et le chef de l’Etat Macky Sall, tous les deux des produits de Wade. En plus de cette nomination, le président Sall a sacrifié des cadres de son parti l’Alliance pour la République (APR), comme Aminata Touré, Amadou Ba, Mahamadou Makhtar Cissé, soupçonnés d’avoir des ambitions présidentielles pour 2024. Avec nomination surprise et ces limogeages de ses proches, Macky Sall a-t-il mis fin à la polémique sur le 3e mandat et choisi son dauphin en 2024 ? Ou bien il prépare une impunité post 2024 pour lui et sa famille, au vue des scandales financiers qui jalonnent sa gouvernance depuis 2012 ? Si Idy est choisi comme dauphin et accède au pouvoir en 2024, aura-t-il le courage de poursuive les proches de Macky Sall impliqués dans les scandales financiers ? Autant de questions qui nécessitent des éclairages.

La nomination de Idy peut être une fausse piste pour 2024

Selon le journaliste et analyste politique Bacary Domingo Mané, la polémique sur l’éventuel troisième mandat de Macky Sall est loin d’être finie et la nomination de Idrissa Seck ne signifie pas qu'il va en faire forcément un dauphin. « Quant à la première question que Macky a mis fin à la polémique du 3e mandat et a réglé la question du dauphinat, je réponds tout simplement au contraint de mon point de vue avec la mise en place du gouvernement et la nomination de Idy au Conseil économique social et environnemental (Cese) c'est encore des calculs politiciens de Macky en direction de 2024 », a dit M. Mané.

Pour lui, le fait de choisir Idy à la tête du Cese ne signifie pas qu'il va en faire forcément un dauphin. Tout dépendra ce qui adviendra d'ici 2024. En tous cas beaucoup de choses peuvent changer, mais ça peut être une fausse piste. La carte Idy-Macky c'est juste pour amuser la galerie en sachant que Macky peut-il raccrocher à l'idée de faire un 3e mandat.

M. Mané a pris comme exemple le cas de la Guinée et de la Côte d'Ivoire où le 3e mandat est passé dès le premier tour. Donc, Macky Sall peut nourrir les mêmes ambitions en 2024 et surtout avec l'enjeu du pétrole. Parce que, selon lui les gens oublient les enjeux du pétrole dans leur analyse, la clientèle politique qu'il a autour de lui, le népotisme, les parents et les amis il fait les servir. « Et c'est une aubaine pour le pétrole sorte de l'eau et ça va nourrir forcément des ambitions. Je pense que quelque part pour rien au monde que ces gens-là qui sont au pouvoir depuis 2012 lâcheront l'affaire puisque 2024 ça veut dire déjà les premiers barils de pétrole vont commencer à sortir et ça peut nourrir des ambitions de rester au pourvoir et profiter vraiment de cette aubaine que Allah nous a offert ».   
 
Macky Sall et sa famille ne sortiront pas de l'auberge

Croire que Idrissa Seck, une fois au pouvoir va protéger Macky Sall et sa famille est une illusion pour Mané. Parce que la jurisprudence a démontré le contraire. « Regardez ce qui s'est passé en Mauritanie, le président sortant a choisi un dauphin, et ce dernier n'a pas hésité à le poursuivre. Parce que la nature du futur présidentiel qui est comme cela. Le fauteuil présidentiel c'est une réalité singulière. On ne se partage pas cette réalité. Une fois que celui qui est proposé s'y installe, évidemment la logique du pouvoir voudrait qu'il gère le pays vraiment avec une certaine liberté même si cette liberté est plus ou moi canalisée avec la constitution ».

« Si Macky Sall et sa famille ont des choses à se rapprocher Idy n'hésitera pas utiliser la justice pour s'en débarrasser. Parce qu’une fois de plus Idy a besoin de donner des gages aux peuples qui l'a choisi comme ça était le cas entre Macky et le président Wade. Qui n'a pas hésité à poursuivre le fils de Wade, qui a construit et fabriqué Macky Sall. Pour te dire que lui même s'il pense qu'en réussissant le deal avec Idy c'est ce qu'il va le mettre à l'abri il se trompe lourdement », a expliqué notre interlocuteur.
 
Son collègue Momar Diongue ne croit pas non plus que ce compromis est fait pour dans l’objectif de faire de Idrissa Seck, candidat de la mouvance présidentielle de 2024. L’explication est que l’opposant a fini par reconnaitre la réalité de faire une lecture de sa vie politique.

« Il a fini de faire le deuil de son ambition présidentielle. Il ne fait plus d’illusion. Il a déjà eu trois tentatives infructueuses à une élection présidentielle. Il a fait la lecture de ses résultats obtenus lors de la dernière élection présidentielle. Si c’était un autre candidat qui aurait rallié autour de sa candidature, autant de formations, il serait, sans doute, allé beaucoup plus loin que les 20% de Idrissa Seck. Il sait que le ressort est cassé entre lui et le peuple sénégalais. Le courant de sympathie entre lui et le peuple ne marche plus. Je crois qu’il en a tiré la conclusion qu’il ne peut plus avoir une ambition présidentielle et qu’il ne sert à rien d’être dans le camp de l’opposition pour se préparer en 2024 », a-t-il déclaré dans L’Obs du jour.

Pour M. Diongue, Idrissa Seck fait exactement la même chose que Moustapha Niasse et feu Ousmane Tanor Dieng en décidant de réviser ses ambitions à la baisse et de se concentrer d’un compagnonnage avec Macky Sall. En se retrouvant à la tête d’une intuition comme l’ont fait les deux anciens candidats à la présidentielle. De ce rapprochement, a poursuivi l’analyste, Idy cherche à se remettre d’aplomb.

« Idrissa Seck avait envie de retrouver les affaires parce que la traversée du désert a dû, sans doute, être très difficile pour lui. Qu’est-ce qui peut être la raison ? Momar Diongue de répondre : « Il était beaucoup plus valorisant pour lui et plus important pour son avenir politique et son ambition de diriger le pays, qu’il soit chef de l’opposition. En faisant de lui le président du Conseil économique social et environnement (Cese), il lui retire ce costume de chef de l’opposition qui l’aurait peut être mis en pole position pour la prochaine présidentielle », a-t-il conclu.

Salif SAKHANOKHO

Lundi 2 Novembre 2020 - 15:22


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