À l’origine, Noël n’était pas une vitrine. C’était une naissance. Une naissance fragile, discrète, presque silencieuse. Celle du Christ, dans la modestie d’une crèche, loin des palais, loin du bruit, loin du pouvoir. Une naissance qui disait déjà l’essentiel : l’humilité avant la domination, la compassion avant la force, l’amour avant la conquête.
Longtemps, Noël fut d’abord cela : une fête religieuse chrétienne, vécue dans le recueillement, la prière, la messe de minuit, les chants liturgiques. Mais au fil du temps, les turpitudes de l’histoire, les vicissitudes de la vie moderne et les métamorphoses du monde ont déplacé le centre de gravité de Noël. La fête spirituelle est devenue fête des enfants. Et peut-être fallait-il cela. Car l’enfance, dans sa pureté, dans son émerveillement intact, reste ce qu’il y a de plus proche du sacré.
Aujourd’hui, Noël se raconte à hauteur d’enfant : les yeux qui brillent, l’attente fébrile, la magie des lumières, le temps suspendu. Une fête où l’innocence reprend ses droits dans un monde qui en manque cruellement
Noël, une fête aux mille visages
Noël n’est plus seulement religieux. Il est devenu festif, culturel, universel. Il se décline en sapins décorés, en tables partagées, en chants, en cadeaux, en retrouvailles parfois improbables. Il se célèbre dans les églises, mais aussi dans les maisons, les rues, les places publiques, les écoles, les foyers modestes comme les grandes métropoles.
Mais cette universalité n’efface pas les spécificités. Bien au contraire. Chaque communauté, chaque territoire, chaque histoire façonne sa manière de célébrer Noël. Dans certaines régions d’Europe, la tradition reste fortement liée à la messe de minuit et aux repas ritualisés. En Afrique, Noël prend souvent la forme de grandes retrouvailles familiales, de tables ouvertes, de musique, de partage élargi, où l’on célèbre autant la fête que le lien social. Dans les Antilles, Noël s’accompagne de veillées chantées, de traditions culinaires et de chants populaires transmis de génération en génération.
À Marseille, cette pluralité s’exprime avec une intensité particulière. Ville-monde, carrefour de cultures, de croyances et de migrations, Marseille célèbre Noël à son image : multiple, populaire, métissée. On y retrouve les crèches provençales, les santons, les treize desserts, la messe de Noël dans les églises, mais aussi des tables où se croisent cuisines méditerranéennes, africaines, orientales ou comoriennes. Dans certains quartiers, Noël se vit dans l’intimité des familles.
Dans d’autres, il s’étend aux voisins, aux associations, aux écoles, aux centres sociaux. Même ceux qui ne célèbrent pas Noël religieusement participent souvent à son atmosphère, par les décorations, les marchés, les gestes de solidarité.
Ainsi, Noël a dépassé ses frontières d’origine pour devenir un langage commun. Un moment où croyants et non-croyants, riches et pauvres, Nord et Sud, Orient et Occident se rejoignent autour d’un même besoin : ralentir, se rassembler, faire humanité ensemble.
Une magie partagée par tous les peuples
Ce qui frappe, c’est que Noël est célébré bien au-delà de la foi chrétienne. Dans des pays où le christianisme est minoritaire, Noël est pourtant présent. Il est attendu, respecté, parfois même revendiqué. Comme si le monde entier avait compris que cette fête portait quelque chose qui dépasse la religion : une promesse. Promesse de paix. Promesse d’harmonie. Promesse de solidarité agissante. Promesse de compassion. Promesse d’ingéniosité humaine aussi, lorsque les moyens manquent mais que l’imagination prend le relais. Noël devient alors un symbole. Celui d’un monde capable, au moins une fois par an, de se rappeler qu’il peut être meilleur.
Un monde qui vacille, un monde qui s’épuise
Car il faut le dire avec lucidité : notre monde est fatigué. Fragmenté. Violent. Égoïste. Un monde de conflits persistants, de tensions identitaires, de solitudes criantes, d’injustices banalisées. Un monde où l’autre devient menace, où la différence inquiète, où l’indifférence gagne du terrain. Les valeurs semblent s’effriter sous le poids de l’urgence, de la rentabilité, de la peur. On court, on accumule, on s’oppose — souvent sans plus savoir pourquoi.
Et si, dans ce chaos, Noël n’était pas une parenthèse naïve… mais un rappel vital ?
Et si le sursaut passait par Noël ?
Et si le monde acceptait de revenir aux fondements de Noël ? Non pas aux décorations, mais à l’intention. Non pas à la consommation, mais à la communion. Non pas au paraître, mais au sens.
Noël nous enseigne que la lumière peut naître dans l’obscurité. Que la fragilité peut être une force. Que le partage n’appauvrit pas. Que la paix commence souvent par un geste simple.
Peut-être que le sursaut dont le monde a besoin ne viendra pas des sommets politiques, ni des grandes déclarations, mais de cette magie silencieuse que Noël réactive chaque année : la capacité de chacun à faire un pas vers l’autre.
Noël, comme boussole humaine
Noël n’est pas une solution miracle. Mais il est une boussole. Un rappel annuel que l’humanité sait encore se rassembler autour de valeurs communes. Dans un monde qui doute, Noël invite à croire encore. Dans un monde qui divise, Noël invite à relier. Dans un monde qui s’endurcit, Noël invite à adoucir.
Et si, finalement, la plus belle modernité était de préserver cette magie-là ? Pas seulement le 25 décembre. Mais chaque jour où nous choisissons la paix plutôt que la peur, la solidarité plutôt que l’isolement, l’humanité plutôt que l’indifférence. Car Noël, au fond, n’est pas une date. C’est une manière d’être au monde.
Marie Barboza MENDY – Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise
mendymarie.b@gmail.com
📞 78 291 83 25
Longtemps, Noël fut d’abord cela : une fête religieuse chrétienne, vécue dans le recueillement, la prière, la messe de minuit, les chants liturgiques. Mais au fil du temps, les turpitudes de l’histoire, les vicissitudes de la vie moderne et les métamorphoses du monde ont déplacé le centre de gravité de Noël. La fête spirituelle est devenue fête des enfants. Et peut-être fallait-il cela. Car l’enfance, dans sa pureté, dans son émerveillement intact, reste ce qu’il y a de plus proche du sacré.
Aujourd’hui, Noël se raconte à hauteur d’enfant : les yeux qui brillent, l’attente fébrile, la magie des lumières, le temps suspendu. Une fête où l’innocence reprend ses droits dans un monde qui en manque cruellement
Noël, une fête aux mille visages
Noël n’est plus seulement religieux. Il est devenu festif, culturel, universel. Il se décline en sapins décorés, en tables partagées, en chants, en cadeaux, en retrouvailles parfois improbables. Il se célèbre dans les églises, mais aussi dans les maisons, les rues, les places publiques, les écoles, les foyers modestes comme les grandes métropoles.
Mais cette universalité n’efface pas les spécificités. Bien au contraire. Chaque communauté, chaque territoire, chaque histoire façonne sa manière de célébrer Noël. Dans certaines régions d’Europe, la tradition reste fortement liée à la messe de minuit et aux repas ritualisés. En Afrique, Noël prend souvent la forme de grandes retrouvailles familiales, de tables ouvertes, de musique, de partage élargi, où l’on célèbre autant la fête que le lien social. Dans les Antilles, Noël s’accompagne de veillées chantées, de traditions culinaires et de chants populaires transmis de génération en génération.
À Marseille, cette pluralité s’exprime avec une intensité particulière. Ville-monde, carrefour de cultures, de croyances et de migrations, Marseille célèbre Noël à son image : multiple, populaire, métissée. On y retrouve les crèches provençales, les santons, les treize desserts, la messe de Noël dans les églises, mais aussi des tables où se croisent cuisines méditerranéennes, africaines, orientales ou comoriennes. Dans certains quartiers, Noël se vit dans l’intimité des familles.
Dans d’autres, il s’étend aux voisins, aux associations, aux écoles, aux centres sociaux. Même ceux qui ne célèbrent pas Noël religieusement participent souvent à son atmosphère, par les décorations, les marchés, les gestes de solidarité.
Ainsi, Noël a dépassé ses frontières d’origine pour devenir un langage commun. Un moment où croyants et non-croyants, riches et pauvres, Nord et Sud, Orient et Occident se rejoignent autour d’un même besoin : ralentir, se rassembler, faire humanité ensemble.
Une magie partagée par tous les peuples
Ce qui frappe, c’est que Noël est célébré bien au-delà de la foi chrétienne. Dans des pays où le christianisme est minoritaire, Noël est pourtant présent. Il est attendu, respecté, parfois même revendiqué. Comme si le monde entier avait compris que cette fête portait quelque chose qui dépasse la religion : une promesse. Promesse de paix. Promesse d’harmonie. Promesse de solidarité agissante. Promesse de compassion. Promesse d’ingéniosité humaine aussi, lorsque les moyens manquent mais que l’imagination prend le relais. Noël devient alors un symbole. Celui d’un monde capable, au moins une fois par an, de se rappeler qu’il peut être meilleur.
Un monde qui vacille, un monde qui s’épuise
Car il faut le dire avec lucidité : notre monde est fatigué. Fragmenté. Violent. Égoïste. Un monde de conflits persistants, de tensions identitaires, de solitudes criantes, d’injustices banalisées. Un monde où l’autre devient menace, où la différence inquiète, où l’indifférence gagne du terrain. Les valeurs semblent s’effriter sous le poids de l’urgence, de la rentabilité, de la peur. On court, on accumule, on s’oppose — souvent sans plus savoir pourquoi.
Et si, dans ce chaos, Noël n’était pas une parenthèse naïve… mais un rappel vital ?
Et si le sursaut passait par Noël ?
Et si le monde acceptait de revenir aux fondements de Noël ? Non pas aux décorations, mais à l’intention. Non pas à la consommation, mais à la communion. Non pas au paraître, mais au sens.
Noël nous enseigne que la lumière peut naître dans l’obscurité. Que la fragilité peut être une force. Que le partage n’appauvrit pas. Que la paix commence souvent par un geste simple.
Peut-être que le sursaut dont le monde a besoin ne viendra pas des sommets politiques, ni des grandes déclarations, mais de cette magie silencieuse que Noël réactive chaque année : la capacité de chacun à faire un pas vers l’autre.
Noël, comme boussole humaine
Noël n’est pas une solution miracle. Mais il est une boussole. Un rappel annuel que l’humanité sait encore se rassembler autour de valeurs communes. Dans un monde qui doute, Noël invite à croire encore. Dans un monde qui divise, Noël invite à relier. Dans un monde qui s’endurcit, Noël invite à adoucir.
Et si, finalement, la plus belle modernité était de préserver cette magie-là ? Pas seulement le 25 décembre. Mais chaque jour où nous choisissons la paix plutôt que la peur, la solidarité plutôt que l’isolement, l’humanité plutôt que l’indifférence. Car Noël, au fond, n’est pas une date. C’est une manière d’être au monde.
Marie Barboza MENDY – Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise
mendymarie.b@gmail.com
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