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Ouganda : Eboulements et inondations – le plus dur est encore à venir, disent les experts

Isaac Wadyegere, 14 ans, du village de Bundesi dans le district de Bududa, s’est réveillé un lundi matin pluvieux et frais et il est allé à l’école comme d’habitude.



Ouganda : Eboulements et inondations – le plus dur est encore à venir, disent les experts
Mais le 1er mars n’a pas été une journée habituelle dans le district de Bududa, dans l’est de l’Ouganda. Lorsqu’il a entendu le bruit des rochers et du sable tomber du mont Elgon sur un sentier et détruire une partie de son école, Wadyegere, comme d’autres écoliers, a fui pour rentrer à la maison.

Mais au lieu de trouver le refuge qu’il espérait, Wadyegere était attendu par la catastrophe.

Sa maison et sa famille ont été détruites.

"Mon père, ma mère, ma belle-mère, et cinq frères et sœurs sont tous morts lorsque notre maison a été couverte par les éboulements", raconte le garçon.

Rendu orphelin, Wadyegere reste maintenant dans un camp installé par la Croix-Rouge de l’Ouganda pour les survivants des glissements de terrain qui ont enterré trois autres villages: les villages de Nametsi, Namakansa et de Kubewo dans le district de Bududa.

Jusque-là, 92 corps ont été retirés des décombres par l'armée et les secouristes et plus de 300 personnes sont toujours portées disparues. Plus de 300.000 personnes seront déplacées par la pire catastrophe dans la région selon Joel Aguma, le commandant de police pour l'est de l’Ouganda. "Nous n'avons jamais prévu cela et voilà là où nous en sommes; avec tant de personnes à prendre en charge, l'ampleur de cette catastrophe est sûrement au-delà de nos capacités, mais nous faisons tout notre possible", a indiqué Aguma pendant que les opérations de secours se poursuivaient.

Le gouvernement a maintenant déclaré la scène des glissements de terrain de Bududa de fosse commune.

Le secrétaire d'Etat pour la Préparation aux Catastrophes, Musa Ecweru, affirme que le gouvernement a interrompu la recherche de survivants dès que la dysenterie est apparue et que les secouristes l'ont contractée. "Nous avons constaté que cela prendra plus de temps pour faire sortir tous les corps et le risque devenait de plus en plus grand pour les secouristes", explique Ecweru.

Les experts annoncent que le plus dur est encore à venir. Un rapport sur les perspectives météorologiques publié récemment par le Centre de prédiction et d'Adaptation climatiques (ICPAC), basé à Nairobi, de l'Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD) indique que la région devrait avoir un niveau de précipitation plus élevé que la normale.

Cette déclaration a été communiquée au cours du Forum sur les perspectives climatiques pour la plus grande Corne de l'Afrique organisé en février à Nairobi, au Kenya. Des scientifiques nationaux, régionaux et internationaux spécialistes du climat ont examiné l'état du système climatique mondial et ses implications sur les précipitations saisonnières dans toute la région.

Les experts ont dit que les systèmes régionaux qui comprennent les températures de surface dans l'océan Indien, qui sont actuellement supérieures à la moyenne, et dans l'océan Atlantique, auront une plus grande influence sur la performance des précipitations sur l'Ouganda.

Le professeur Laban Ogalo, directeur de l'ICPAC conseille aux pays de la région de se préparer en conséquence puisque les précipitations changeantes peuvent être à la fois une bénédiction et une malédiction.

Les experts en météorologie de l'Ouganda annoncent beaucoup plus de glissements de terrain et d’inondations dans les parties orientale, centrale et occidentale du pays puisque les fortes pluies continuent dans la plupart des régions du pays. Le fleuve Malaba, dans le district de Busia, dans l’est de l'Ouganda, près du district de Bududa, est déjà sorti de son lit.

Bildard Baguma, secrétaire général adjoint de la Croix-Rouge de l'Ouganda, affirme qu’il est de plus en plus probable que le fleuve soit inondé si les pluies se poursuivent. Baguma indique que dans les zones touchées les gens seront évacués de leurs villages vers des terres plus élevées où des camps provisoires doivent être installés.

Le gouvernement ougandais a demandé aux habitants des zones à basse altitude et inondables de déménager avant que la tragédie ne frappe. Le ministère de la Préparation aux Catastrophes a déjà commencé à enregistrer les personnes dans les zones à haut risque pour être transférées. Plus de 300.000 personnes affectées dans la région du mont Elgon et des plaines voisines de Butaleja, Budaka et Tororo devraient être transférées.

Deus Bamanya, météorologue principal au département de la métrologie, explique que les conditions météorologiques extrêmes dans le sud de l'Europe ont affaibli les systèmes de fortes pressions dans le nord de l'Afrique, qui à leur tour ont poussé la zone des pluies vers l'Ouganda. Les fortes pluies qui pourraient provoquer des inondations devraient se poursuivre jusqu'en juin.

Le Premier ministre, Apollo Nsibambi, a annoncé au parlement que le gouvernement est en train de solliciter des fonds auprès des donateurs pour effectuer l'exercice de réinstallation avant que d’autres précipitations n’entraînent davantage de dégâts.

Pendant que le pays continue de pleurer les morts du district de Bududa, les glissements de terrain ont déplacé des centaines de personnes dans l'ouest de l’Ouganda. De fortes pluies ont entraîné des glissements de terrain le 4 mars. Des responsables du ministère pour la Préparation aux Catastrophes se sont rendus d’urgence à Kabale, qui se situe à la frontière avec le Rwanda et la République démocratique du Congo, pour évaluer l'ampleur des dégâts.

Les autorités du district affirment que les glissements de terrain ont touché les sous-comtés de Rubaya et Butanda, détruisant des maisons et bloquant la seule voie d'accès. Les secouristes ont passé une journée entière à dégager la route avant qu'ils ne puissent accéder à la zone.

Trois personnes sont mortes, a-t-on confirmé, lorsque les courants d’eau rapides les ont fait tomber du pont de Kigarama dans le district de Kabale. Les militaires ont rejoint les autorités du district de Kabale dans la vérification des rapports selon lesquels certaines personnes sont toujours coincées sous les murs de boue de leurs maisons effondrées.

Mark Choono, le coordinateur des urgences du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en Ouganda, annonce que l'apparition de maladies hydriques est aussi probable.

"Nous nous concentrons sur la fourniture d'eau potable, qui constitue le plus grand problème dans les zones touchées par les glissements de terrain et les inondations. Nous avons commencé à offrir des produits chimiques de purification d’eau aux personnes touchées", informe Choono.

A Bududa, 60 personnes ont déjà contracté le cholera.

Mais, pendant que la dévastation se poursuit, certains experts affirment que la destruction de la végétation naturelle sur les montagnes par les colonies, qui ont nettoyé les zones pour la production de cultures, a rendu le sol flasque, entraînant des glissements de terrain.

Dr Festus Bagoora, un expert en intempéries et en formations des terres au département de géographie de l'Université de Makerere, indique que l'activité humaine passée a contribué à la catastrophe.

"Une combinaison de facteurs est à l'origine de cela, bien sûr, les rochers ont été affaiblis à cause des intempéries mais les gens ont enlevé toute la végétation naturelle sur les montagnes pour faire de l’agriculture et avec les fortes pluies, les glissements de terrain sont tenus de se produire", explique Bagoora.

Il a confié à IPS que lui et d'autres experts ont soumis une étude à l’Autorité nationale de gestion de l’environnement indiquant les régions où les glissements de terrain sont plus susceptibles de se produire, mais qu’aucune mesure n'a été prise.

Il affirme qu'ils avaient recommandé le transfert des populations vivant dans les zones qu'ils considèrent être plus sujettes aux inondations et aux glissements de terrain. (FIN/2010)

IPS

Lundi 15 Mars 2010 - 11:45


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