Une femme sort de sa maison et aperçoit un véhicule qui roule tout doucement dans la nuit lumières éteintes. Elle croit voir une patrouille de l’armée. La femme rentre dans la maison le temps que le véhicule passe. Elle ressort quelques minutes après et voit encore d’autres Toyota arriver également phares éteints. Elle distingue des silhouettes d’hommes en djellabas et turbans, armes au poing. « C’est en ce moment-là que j’ai commencé à avoir peur », raconte-t-elle. « J’ai compris que ce ne sont pas des militaires. Ils ressemblent plutôt à des rebelles. »
Jeudi 16 septembre 2 heures du matin :
Un vigile menacé par le groupe qui a enlevé le couple de ressortissants français, dont le mari travaille pour la SOMAÏR, société du groupe Areva, raconte : « J’étais là en poste devant la porte quand j’ai vu venir vers moi deux jeunes gens qui couraient. Arrivés à mon niveau ils répètent : "On vient de voir des rebelles on veut se cacher ici". "Quels rebelles", leur ai-je dit ? "Cela doit être une patrouille de la police". Ils ont insisté, disant que les rebelles en question étaient là derrière, à côté. On se disait cela quand on les a vus venir vers nous. J’ai couru pour me cacher dans une salle à côté. »
« J’étais dans cette salle quand j’ai vu la poignée bouger et ils sont entrés. Ils m’ont dit : "haut les mains". Ils avaient tous des armes kalachnikov. Ils étaient 7 : 2 Noirs et 5 de teint clair parlant arabe. Ils étaient en djellaba, portant des turbans et de longues barbes. Les deux Noirs m’ont parlé en haoussa. -Où sont les blancs ? Si tu ne nous les montre pas, au nom de Dieu on va te tuer. Je leur ai dit qu’il n’y a pas de Blancs dans cette maison. L’un a dit : "je sais où sont les Blancs on va y aller, mais c’est toi qui va sonner à la porte". Avant d’y aller un autre s’est approché de moi, il m’a parlé dans la langue des touaregs. J’ai dit que je ne comprends pas le tamasheq. Ils m’ont alors amené chez le couple français. Je sonnais, je sonnais… la porte ne s’ouvrait pas. Ils m’ont amené vers la porte du jardin. Ils tentaient de forcer la porte quand j’ai entendu les cris de la femme blanche, leurs autres complices avaient déjà cassé l’autre porte pour les prendre, elle et son mari. Je n’ai pas vu lorsqu’ils ont mis le Blanc dans leur voiture, mais j’ai vu quand ils ont mis sa femme dans la voiture. Elle criait. Ils m’ont dit de me coucher sur place et de ne pas bouger. Ils sont partis ».
Au même moment, dans le quartier « Corbeille » :
Cinq membres de la même famille, dont une femme et son mari, tous Nigériens, sont enlevés par les ravisseurs, semble-t-il par erreur. L'un d'eux témoigne : « Ils nous ont réveillé entre 1 heure et 2 heures du matin avec des coups de crosse de kalachnikov, ils nous parlaient en arabe. Ils nous ont ligoté les mains avec des turbans et nous ont demandé les clés de notre voiture, un 4x4. Ils nous ont tous mis dedans et sont sortis avec nous, c’est à ce moment que nous avons vu leur pick-up dehors. Pendant qu’ils conduisaient, ils récitaient des versets du Coran et prononçaient la formule en arabe "Il n’y a de Dieu qu’Allah". »
Environ 3 heures du matin :
« Ils nous ont amenés à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la ville, poursuit le témoin. Ils se sont arrêtés. L’un des ravisseurs qui semblait être leur chef s’est approché de nous et nous a demandé en arabe si nous étions « fransawi» (des Français). Un autre a traduit en tamasheq. Nous leur avons dit que non, nous sommes des Touaregs, des Nigériens. »
« Longtemps après on a vu arriver plusieurs véhicules phares allumés. On a vite compris que c’étaient des éléments du même groupe qui ont opéré dans une autre partie de la ville. Nous avons pu voir un Blanc, un seul en pyjama presque nu. Ils le maltraitaient ce Blanc, [manifestement parce qu’il tentait de résister] et l'on arrosé avec de l’essence [les témoins ne savent pas ce qu’il est advenu de lui, mais ils disent ne pas avoir vu les ravisseurs tuer qui que ce soit]. Nous n’avons pas pu voir les autres Blancs, les véhicules des ravisseurs étaient loin de nous. »
« Des 4x4 qui viennent d’arriver est sorti un homme qui est venu vers nous (un des ravisseurs). Il parle français, lui. Il a pris nos pièces d’identité, il a regardé. Ils nous ont demandé nos noms. Nous avons tous des noms musulmans. Ils ont alors commencé à se concerter. Certains d’entre eux ont dit "tuez-les". Nous nous sommes mis à ce moment-là à débiter tout ce que nous savons du Coran avant de mourir. Quand ils nous ont entendu réciter le Coran ils ont dit : "laissez-les, c’est des musulmans ne les tuez pas". Ils nous ont alors détachés et nous ont dit d'allez prendre la direction d’Arlit. Nous avons marché jusqu’à la ville ».
« Lorsque nous les avons quittés, nous avons entendu derrière nous un bruit, une explosion. En regardant derrière, nous avons aperçu une grosse flamme, c’était l’un de leur 4x4 qu’ils ont brûlé. Il était probablement en panne et ils ne voulaient pas le laisser sur place.»
Jeudi à l’aube :
Les cinq Nigériens rentrent vers Arlit. Arrivés sur la route d’Agadez, ils parviennent à joindre des proches. Les sept otages, eux, disparaissent avec leurs ravisseurs dans le désert.
Plusieurs équipes de ravisseurs :
A la lumière des témoignages que nous avons recueillis l’opération d’enlèvement des 7 expatriés à Arlit a mobilisé trois équipes qui devaient opérer simultanément à des endroits différents de la ville. A la fin de l’opération les différentes équipes se retrouvent à un lieu bien indiqué au sud-ouest de la ville.
La première équipe, celle qui dans le quartier est a enlevé la famille des 5 personnes touareg, s’est manifestement trompée de maison. En effet, il y avait un Européen qui habitait la porte à côté. Seul un mur sépare les deux maisons.
La deuxième équipe a opéré dans les quartiers ouest d’Arlit où se trouvent les employés et autres cadres de la SOMAÏR, l’une des sociétés minières du groupe Areva. C’est cette équipe qui a enlevé le couple français.
La probable troisième équipe a opéré dans le même quartier ouest pour enlever les 5 employés de la SATOM, filiale du groupe de BTP Vinci.
Comme on l’a vu dans le premier témoignage, les ravisseurs sont entrés par l’est de la ville, du côté où se trouvent les montagnes. La porte de sortie choisie par ce groupe, c’est le sud-ouest. Ce n’est pas un hasard, puisque c’est de ce côté que le Sahara s’ouvre vers les frontières maliennes et algériennes.
Jeudi 16 septembre 2 heures du matin :
Un vigile menacé par le groupe qui a enlevé le couple de ressortissants français, dont le mari travaille pour la SOMAÏR, société du groupe Areva, raconte : « J’étais là en poste devant la porte quand j’ai vu venir vers moi deux jeunes gens qui couraient. Arrivés à mon niveau ils répètent : "On vient de voir des rebelles on veut se cacher ici". "Quels rebelles", leur ai-je dit ? "Cela doit être une patrouille de la police". Ils ont insisté, disant que les rebelles en question étaient là derrière, à côté. On se disait cela quand on les a vus venir vers nous. J’ai couru pour me cacher dans une salle à côté. »
« J’étais dans cette salle quand j’ai vu la poignée bouger et ils sont entrés. Ils m’ont dit : "haut les mains". Ils avaient tous des armes kalachnikov. Ils étaient 7 : 2 Noirs et 5 de teint clair parlant arabe. Ils étaient en djellaba, portant des turbans et de longues barbes. Les deux Noirs m’ont parlé en haoussa. -Où sont les blancs ? Si tu ne nous les montre pas, au nom de Dieu on va te tuer. Je leur ai dit qu’il n’y a pas de Blancs dans cette maison. L’un a dit : "je sais où sont les Blancs on va y aller, mais c’est toi qui va sonner à la porte". Avant d’y aller un autre s’est approché de moi, il m’a parlé dans la langue des touaregs. J’ai dit que je ne comprends pas le tamasheq. Ils m’ont alors amené chez le couple français. Je sonnais, je sonnais… la porte ne s’ouvrait pas. Ils m’ont amené vers la porte du jardin. Ils tentaient de forcer la porte quand j’ai entendu les cris de la femme blanche, leurs autres complices avaient déjà cassé l’autre porte pour les prendre, elle et son mari. Je n’ai pas vu lorsqu’ils ont mis le Blanc dans leur voiture, mais j’ai vu quand ils ont mis sa femme dans la voiture. Elle criait. Ils m’ont dit de me coucher sur place et de ne pas bouger. Ils sont partis ».
Au même moment, dans le quartier « Corbeille » :
Cinq membres de la même famille, dont une femme et son mari, tous Nigériens, sont enlevés par les ravisseurs, semble-t-il par erreur. L'un d'eux témoigne : « Ils nous ont réveillé entre 1 heure et 2 heures du matin avec des coups de crosse de kalachnikov, ils nous parlaient en arabe. Ils nous ont ligoté les mains avec des turbans et nous ont demandé les clés de notre voiture, un 4x4. Ils nous ont tous mis dedans et sont sortis avec nous, c’est à ce moment que nous avons vu leur pick-up dehors. Pendant qu’ils conduisaient, ils récitaient des versets du Coran et prononçaient la formule en arabe "Il n’y a de Dieu qu’Allah". »
Environ 3 heures du matin :
« Ils nous ont amenés à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la ville, poursuit le témoin. Ils se sont arrêtés. L’un des ravisseurs qui semblait être leur chef s’est approché de nous et nous a demandé en arabe si nous étions « fransawi» (des Français). Un autre a traduit en tamasheq. Nous leur avons dit que non, nous sommes des Touaregs, des Nigériens. »
« Longtemps après on a vu arriver plusieurs véhicules phares allumés. On a vite compris que c’étaient des éléments du même groupe qui ont opéré dans une autre partie de la ville. Nous avons pu voir un Blanc, un seul en pyjama presque nu. Ils le maltraitaient ce Blanc, [manifestement parce qu’il tentait de résister] et l'on arrosé avec de l’essence [les témoins ne savent pas ce qu’il est advenu de lui, mais ils disent ne pas avoir vu les ravisseurs tuer qui que ce soit]. Nous n’avons pas pu voir les autres Blancs, les véhicules des ravisseurs étaient loin de nous. »
« Des 4x4 qui viennent d’arriver est sorti un homme qui est venu vers nous (un des ravisseurs). Il parle français, lui. Il a pris nos pièces d’identité, il a regardé. Ils nous ont demandé nos noms. Nous avons tous des noms musulmans. Ils ont alors commencé à se concerter. Certains d’entre eux ont dit "tuez-les". Nous nous sommes mis à ce moment-là à débiter tout ce que nous savons du Coran avant de mourir. Quand ils nous ont entendu réciter le Coran ils ont dit : "laissez-les, c’est des musulmans ne les tuez pas". Ils nous ont alors détachés et nous ont dit d'allez prendre la direction d’Arlit. Nous avons marché jusqu’à la ville ».
« Lorsque nous les avons quittés, nous avons entendu derrière nous un bruit, une explosion. En regardant derrière, nous avons aperçu une grosse flamme, c’était l’un de leur 4x4 qu’ils ont brûlé. Il était probablement en panne et ils ne voulaient pas le laisser sur place.»
Jeudi à l’aube :
Les cinq Nigériens rentrent vers Arlit. Arrivés sur la route d’Agadez, ils parviennent à joindre des proches. Les sept otages, eux, disparaissent avec leurs ravisseurs dans le désert.
Plusieurs équipes de ravisseurs :
A la lumière des témoignages que nous avons recueillis l’opération d’enlèvement des 7 expatriés à Arlit a mobilisé trois équipes qui devaient opérer simultanément à des endroits différents de la ville. A la fin de l’opération les différentes équipes se retrouvent à un lieu bien indiqué au sud-ouest de la ville.
La première équipe, celle qui dans le quartier est a enlevé la famille des 5 personnes touareg, s’est manifestement trompée de maison. En effet, il y avait un Européen qui habitait la porte à côté. Seul un mur sépare les deux maisons.
La deuxième équipe a opéré dans les quartiers ouest d’Arlit où se trouvent les employés et autres cadres de la SOMAÏR, l’une des sociétés minières du groupe Areva. C’est cette équipe qui a enlevé le couple français.
La probable troisième équipe a opéré dans le même quartier ouest pour enlever les 5 employés de la SATOM, filiale du groupe de BTP Vinci.
Comme on l’a vu dans le premier témoignage, les ravisseurs sont entrés par l’est de la ville, du côté où se trouvent les montagnes. La porte de sortie choisie par ce groupe, c’est le sud-ouest. Ce n’est pas un hasard, puisque c’est de ce côté que le Sahara s’ouvre vers les frontières maliennes et algériennes.
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